MONTRÉAL - Dans un monde idéal, Alexandre Tagliani se présentera aux départs des 500 milles d'Indianapolis, le 29 mai, avec l'ambition de rafler la couronne du champion et la traditionnelle bouteille de lait remise au vainqueur de la prestigieuse course automobile.

Après avoir été sacré recrue de l'année à sa présence sur le mythique circuit ovale en 2009 et avoir décroché la position de tête en 2011, une victoire viendrait effectivement couronner la persévérance d'un pilote compétitif. Même à 42 ans, Tagliani n'a rien perdu de sa passion pour son sport.

« Après ça, tu tires ta révérence », a lancé Tagliani en riant de bon coeur, vendredi, lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne.

« Tout ce qui peut arriver à Indianapolis, je l'ai vécu. J'y suis même parti dernier (en 2009). »

Mais il sait mieux que quiconque que tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait dans un univers où l'argent fait souvent foi de tout.

Invité par l'équipe A.J. Foyt à prendre part à la 100e édition des 500 milles d'Indianapolis, Tagliani avoue qu'il apprécie cette opportunité de participer pour une huitième fois consécutive à cette course. Il sera au volant d'une monoplace qui affichera le no 35 pour commémorer les 35 participations consécutives de A.J. Foyt aux 500 milles d'Indianapolis entre 1958 et 1992.

Et contrairement à l'an dernier, quand le pilote de Lachenaie avait été embauché uniquement pour l'épreuve sur l'ovale, il disputera également le Grand Prix d'Indianapolis, le 14 mai.

« L'an passé, ils (l'équipe A.J. Foyt) ont été satisfaits de ce que j'ai fait en course. La voiture était compétitive et nous avons flirté avec le top-5. Mais les ravitaillements ont été laborieux et nous perdions plusieurs places à chaque fois. Et comme il faut s'arrêter huit ou neuf fois pendant la course, nous avons finalement terminé 17e. Mais j'ai fait le travail. »

Il croit d'ailleurs que si A.J. Foyt avait le budget pour faire rouler trois voitures pendant toute cette saison, il lui aurait fait signe.

Tagliani est surtout impatient d'entamer les qualifications pour les 500 milles, à compter du 16 mai.

« Les qualifications, c'est une expérience en soi. Quand tu l'as vécu une fois, ce n'est jamais monotone. Ça te tient sur le qui-vive tout le mois. Je n'ai jamais vécu rien de plus grand. C'est immense comme complexe. »

La réalité du sport automobile étant ce qu'elle est aujourd'hui, Tagliani a dû déployer une panoplie d'initiatives pour continuer à pratiquer son sport malgré les difficultés de trouver des appuis financiers. Mais il ne regrette rien.

« J'ai su depuis le début de ma carrière que ce ne serait pas facile. Ma mère m'a dit un jour, 'Tu essaies d'aller faire un repas gastronomique avec du baloney et du riz blanc. Tu veux aller jouer dans un sport de riche en pauvre.' »

Mais ses efforts lui ont permis de développer son esprit entrepreneurial et son sens du marketing, ce qui a mené à la création de l'équipe Tagliani Autosport (série NASCAR Canadien Tire) avec notamment l'appui de Pfizer Canada, distributeur de l'auto-injecteur EpiPen. Tagliani, qui souffre lui-même de graves allergies aux arachides et aux noix, a aussi mis sur pied un programme de sensibilisation aux allergies alimentaires.

Des projets plein la tête

Tagliani déplore par ailleurs qu'on ne parvienne pas au Canada, un pays qui possède pourtant une riche tradition en sport automobile, à mettre sur pied des programmes de commandite pour développer le sport, comme à l'époque de l'implication de Player's dans les années 1990 et début 2000.

« Il faudrait aller en NASCAR. Je vais essayer de créer un programme, un Team Canada pour le NASCAR. On va commencer avec le Camping World, puis le circuit Xfinity, l'antichambre de la Coupe Sprint. »

Et si les projets ne manquent pas, celui qu'on surnomme « Tag » entend poursuivre sa carrière de pilote encore au moins 10 ans, citant l'exemple de Scott Pruett qui, à 56 ans, court toujours en sports prototypes.

« Ce gars-là m'inspire. Il se garde en forme et continue de courir de façon compétitive. Aujourd'hui, il vient de signer un contrat avec Lexus pour disputer le championnat GT3. »

Tagliani estime d'ailleurs que ce qui entretient sa passion, c'est le fait de courir dans différentes catégories.

« Je suis comme un enfant dans un magasin de jouets. J'ai le meilleur des deux mondes en passant d'une série à une autre. Si mes allergies limitent mon choix de menu au restaurant, je prends de tout en course automobile. »

En plus des deux courses en IndyCar ce mois-ci, Tagliani étudie une offre de l'écurie Foyt pour courir à Toronto, la seule épreuve canadienne inscrite au championnat. Il est également inscrit à quelques épreuves du championnat d'endurance Blancpain GT en Europe et il dispute de nouveau la série canadienne de NASCAR.