PARIS (AFP) - Jacques Villeneuve n'a sans doute jamais imaginé qu'il quitterait un jour la Formule 1 par la petite porte, viré comme un malpropre par son écurie BAR-Honda.

La semaine prochaine à Suzuka, pourtant, le Québécois participera certainement à son dernier Grand Prix. Il paraît loin aujourd'hui le temps où Jacques, fils du légendaire Gilles, débarquait en F1 tout auréolé d'une victoire dans les 500 miles d'Indianapolis, d'un titre de champion Indycar, nanti d'un palmarès américain solide, et d'un programme conséquent d'essais au volant d'une Williams-Renault.

Premiers Grands Prix et premiers exploits, d'une "pole" pour ses débuts à Melbourne en 1996, au titre mondial en 1997, en passant par onze victoires, les deux premières années au sein de l'équipe Williams-Renault marquaient la promesse d'une carrière prestigieuse. Michael Schumacher avait un rival. Il s'apppelait Villeneuve. Même si en 1998, après le retrait du motoriste français, Villeneuve devait rentrer quelque peu dans le rang.


Véritable défi

Champion reconnu, personnage hors norme, le Canadien semblait aux portes d'un avenir brillant. Les meilleures écuries lui faisaient les yeux doux. Mais Villeneuve rêvait d'un autre challenge. Un véritable défi. Monter sa propre équipe avec son gérant, ami et mentor, Craig Pollock.

Avec BAR, le pilote pensait pouvoir rapidement bâtir une écurie solide, capable de lutter pour les victoires, le titre. Très vite cependant, les déceptions allaient se succéder.

Problèmes humains, notamment avec Reynard l'associé en charge des châssis, techniques, batailles internes chez le partenaire British American Tobacco (BAT), le duo Villeneuve-Pollock apprenait les vicissitudes, la complexité de la F1.

Pour avoir fixé des objectifs irréalistes, narguer la concurrence, adopter une attitude hautaine, Craig Pollock parvenait à réussir le tour de force de se mettre hors-jeu, de faire l'unanimité contre lui. Ajouté à un partenariat avec Honda qui abordait son retour en F1 avec une vision du passé, tout était réuni pour conduire l'aventure BAR à l'échec.


Retraite à... 32 ans

La destitution de Pollock, l'arrivée de David Richards en lieu et place de l'Ecossais à la tête de l'équipe, ne faisait que précipiter la perte de... Jacques Villeneuve.

Cinq saisons durant, le Québécois se sera battu en vain pour tenter de faire décoller BAR vers les sommets, de goûter de nouveau aux joies du succès. Talent gâché, carrière écourtée. Au soir du bilan, Jacques Villeneuve ne pourra sans doute porter au crédit de ses "années BAR" que l'aspect financier.

Deuxième salaire de la F1, le compte en banque du Canadien aura grossi plus vite qu'un palmarès resté, depuis l'arrivée chez BAR, au point mort.

Les dollars ? Jacques Villeneuve s'en serait bien passé l'an prochain. Sans que cela suffise pour autant à ouvrir des portes sur lui, une à une refermées. Sans doute trop tard.

Le Canadien va certainement devoir se résoudre aujourd'hui à la retraite, une issue que le pilote n'avait pas encore envisagée, certain de disposer encore à 32 ans de belles années devant lui, convaincu aussi que l'heure de s'arrêter n'était pas encore venue.

32 ans ? A cet âge en effet, Michael Schumacher enlevait en 2001 son quatrième titre mondial et filait vers le record de Juan Manuel Fangio...