« Je dormais » - Jacques Villeneuve
Course samedi, 20 août 2011. 20:38 dimanche, 15 déc. 2024. 00:35
MONTRÉAL - Tous les éléments étaient en place pour que Jacques Villeneuve savoure sa première victoire sur le circuit nommé en l'honneur de son père, mais son aventure s'est transformée en désastre à la suite d'une bévue. Son équipe Penske ayant accepté de nous laisser écouter les conversations radiophoniques, voici un retour sur ce dénouement décevant pour le Québécois.
À l'image du temps, tout fonctionnait à merveille pour Villeneuve en première moitié. Bien installé en tête, le pilote de 40 ans a malheureusement gaffé sur une relance au 44e des 74 tours et il s'est retrouvé dans le gazon dans la première partie du virage Senna. Le manque d'adhérence l'a empêché de tourner le volant convenablement à son retour en piste et il a heurté Marcos Ambrose de plein fouet en perdant de nombreux rangs.
Fidèle à sa réputation, Villeneuve n'a pas caché la vérité au terme de la course, malgré la déception qui envahissait ses sentiments.
« Je n'étais tout simplement pas prêt sur la relance, je dormais », a-t-il admis avec regret. « Je lui ai laissé l'intérieur au lieu d'être agressif et de lui tourner dessus comme d'habitude. J'ai donc abouti dans le gris et j'ai perdu le contrôle de la voiture. »
« C'est frustrant parce que c'était vraiment une voiture incroyable. Elle était imbattable », a-t-il enchaîné en réalisant que cette conclusion n'aide en rien ses projets de s'établir en NASCAR.
En dépit de ce dénouement, Villeneuve et son entourage chez Penske avaient tout mis en œuvre pour l'emporter. Embrayons en marche arrière pour vous faire découvrir les conversations tenues lors de la cinquième épreuve de la série Nationwide de Montréal.
14h28 : Jacques arrive près sa voiture qui est alignée à proximité de l'entrée en piste. En vertu de son premier rang en qualifications, Villeneuve et son équipe Penske sont installés au bout de cette ligne. Jacques semble très détendu et il se dirige vers le journaliste Dominic Fugère, qui est une bonne connaissance, pour échanger quelques mots.
Plusieurs photographes et caméramans se regroupent autour de lui. Il discute de sa boîte de vitesse et le problème vécu en qualifications est résolu.
29 : on entend les hymnes nationaux.
30 : les réseaux RDS et ESPN, les diffuseurs de l'événement, restent autour de lui pendant qu'il discute avec son chef d'équipe Todd Gordon.
33 : Jacques cherche du regard les F-16 qui, par tradition, annoncent le départ imminent. Ils passent peu de temps après et il enfile son casque avant d'entrer dans son véhicule numéro 22.
33 : on vérifie le son de la communication radio.
37 : un mécanicien Penske s'entraîne à visser et dévisser les boulons pour les pneus sur un poteau en métal; aucun détail n'est négligé.
39 : enfin! on part les moteurs des voitures au grand plaisir des spectateurs.
40 : on explique à Jacques de vérifier les indicateurs de température à l'intérieur de la voiture.
41 : on lui précise ensuite qu'on lui donnera un décompte en secondes quand il approchera de sa ligne des puits lors des arrêts.
42 : voilà! les voitures s'élancent pour les tours de chauffe. La foule applaudit et les spectateurs ont hâte que ça commence.
49 : on annonce à Jacques que le drapeau vert sera déployé.
50 : « Quand tu vois le drapeau, fonce! », peut-on entendre dans les écouteurs.
51 : c'est le départ! Tout le monde retient en souffle en raison du très délicat virage Senna. Après ce fameux enchaînement, on lui dit : tout est correct! Tous les employés de Penske étaient debout pour assister à ce passage stressant.
56 : on annonce à Jacques qu'il est plus rapide que les suivants. « Je vais faire attention aux freins », répond Jacques qui semble en plein contrôle.
58 : Penske possède de superbes installations avec un téléviseur haute définition et de nombreux ordinateurs pour suivre le déroulement à la seconde. Les équipiers de Jacques sont rivés devant l'écran de télévision et ceux des ordinateurs qui donnent des statistiques en temps réel. Durant la pause à ESPN, ils peuvent continuer de suivre l'action.
15h00 : soucieux du déroulement, Jacques demande si quelqu'un est rapide derrière lui, mais tout fonctionne bien.
01 : « On va faire notre premier arrêt aux puits au prochain tour », indique-t-on à JV. Tout le monde enfile ses gants et son casque.
03 : Jacques arrive et on lui rappelle de surveiller sa vitesse dans la ligne des puits.
03 : « Va directement au panneau de l'équipe, mais ne le touche pas. » À son arrivée, on frotte le devant de la voiture, on ajoute du carburant et trois équipiers la poussent pour la relancer.
06 : Jacques baisse jusqu'en 17e position, mais plusieurs voitures devant lui ne sont pas encore passées par les puits.
09 : ça peut paraître surprenant, mais on ne parle pas beaucoup autour des installations. On sent le professionnalisme.
14 : quand il a remonté jusqu'en cinquième position, on lui précise que personne devant n'est arrêté aux puits.
16 : le premier drapeau jaune survient et ça implique Maryève Dufault.
17 : Jacques demande le temps des pilotes rapides.
18 : « Je pense que nous sommes corrects. Il y a seulement trois ou quatre pilotes rapides comme toi », répond son collègue.
19 : « Qui est le meneur? », questionne le pilote. « C'est Speed et je présume qu'il va rentrer aux puits à son prochain passage », obtient-il comme réponse.
23 : « Combien de tours complétés? », enchaîne Jacques. « Seize. »
25 : tout roule à merveille à ce moment et ses coéquipiers s'amusent et rient.
29 : « Le drapeau vert sera sorti au prochain tour, n'oublie pas les conseils pour tes relances. »
31 : « C'est bien Jacques, tout est correct », peut-on entendre à la sortie du virage Senna.
43 : quelques minutes plus tard, on le félicite pour sa vitesse. « Bon rythme! »
45 : on souligne à Jacques que son prochain arrêt sera effectué dans cinq tours.
53 : Jacques s'amène au 31e tour. « Surveille ta vitesse et c'est possible que tu doives attendre avant de repartir. Tu attendras que je te dise Go, Go, Go. »
55 : rapidement sorti des puits, on peut examiner ses quatre pneus qui ont été enlevés et ils semblent en bon étant dans les circonstances. Les mécaniciens prennent des mesures et écrivent des chiffres sur les pneus.
16h05 : « Combien de tours complétés? », questionne Jacques. « 37, nous sommes à la mi-course. Tu es cinq secondes plus rapide que le suivant, Marcos Ambrose. »
11 : un drapeau jaune survient avec 34 tours à faire. « Est-ce que je reste en piste? » « Oui. »
13 : « Jacques, on surveille les écrans radars. Peut-être que la pluie commencera à tomber dans une heure ou un peu plus. On va suivre ça de près et te tenir informé. »
20 : le chef d'équipe demande à ses employés de commencer à préparer les pneus de pluie et les autres équipements nécessaires.
23 : « Le drapeau vert s'en vient », et on lui rappelle aussi les bases de la relance.
25 : catastrophe, Jacques rate sa relance. Ambrose parvient à prendre l'intérieur et Jacques se retrouve dans le gazon. En tentant de revenir en piste, son volant ne tourne pas autant que prévu et il fonce directement dans Ambrose. Son capot est légèrement plié avec 30 tours à faire et sa voiture est amochée en avant à gauche.
27 : malgré tout, les réactions sont rares chez Penske. C'est comme si l'expérience prenait le dessus avec les chocs encaissés dans le passé.
« Est-ce qu'il y a de la fumée ou autre chose? »
« Non, je peux conduire, mais le volant semble plus difficile », répond Jacques immédiatement.
Quelques secondes plus tard, Ambrose semble se venger et heurte Villeneuve au virage 5 ce qui complique ses tentatives de remontée.
28 : Une autre tuile tombe. « Je pense que je devrais revenir aux puits », finit par expliquer Jacques.
« OK, rentre à ton prochain passage. Préparez du carburant et quatre pneus », annonce son équipe.
28 : « J'ai des problèmes avec le volant, je ne peux pas le tourner correctement des deux côtés », détaille-t-il pour qu'on prépare les réparations.
29 : le plan de match est ajusté. On commence par frapper son capot pour le redresser. On veut examiner sa direction.
« Est-ce que je dois éteindre le moteur? »
« Oui », et on ouvre son capot.
31 : trois mécanos travaillent très fort pour corriger le tout. Les autres employés sont très attentifs.
32 : « Tu peux démarrer ton moteur. » On referme son capot. On tente de le redresser et on ajoute de grandes bandes noires de ruban d'urgence.
33 : Il peut repartir, mais les dommages sont faits.
34 : personne ne parle chez Penske, le moral est bas. Jacques chute jusqu'en 35e place.
38 : « Tu tournes en 1:43,58, c'est aussi bon que le meneur. »
40 : « Comment va la conduite? » « C'est OK et combien de tours à faire? » « 22. »
41 : « Qui est le meneur? », veut savoir Jacques. « La voiture 12 (Tagliani). »
44 : pendant un autre drapeau jaune, on précise à Jacques qu'il doit revenir aux puits probablement pour le dernier arrêt afin d'ajouter du carburant.
47 : il arrive aux puits et on ajoute d'autres bandes pour que le capot demeure bien fermé.
56 : « Est-ce que nous sommes corrects en carburant jusqu'à la fin? », s'interroge le vétéran pilote. « Oui, mais on va vérifier pour la pluie qui semble approcher. »
17h04 : moment de réjouissance pour la foule, Tagliani prend la tête de l'épreuve!
07 : un autre drapeau jaune survient et ralentit le rythme.
12 : avec 12 tours à faire, on précise à Jacques l'approche à suivre : « Continue de faire ce que tu fais et sois un peu prudent. »
17 : Tagliani perd les commandes à Ambrose tout de suite après la relance et il glisse ensuite en troisième place.
22 : on aperçoit des images de Patrick Carpentier dont la course vient de prendre fin. Il est assis et regarde les voitures tourner probablement pour décompresser et avaler la déception.
23 : Carpentier est applaudi par la foule, un beau moment qui se transforme en ovation près des gradins du virage Senna.
28 : « Combien de tours à faire? », pose Jacques et on lui répond cinq.
30 : « La voiture commence à chauffer un peu, mais on devrait être correct », ajoute-t-il.
37 : la pluie commence à tomber et le drapeau vert est déployé avec trois tours à compléter.
38 : les gens de Penske encouragent Tag à remonter en première place. Il est au deuxième rang.
41 : le dernier tour est annoncé et la mission semble impossible puisqu'Ambrose est rapide.
43 : « Tag a terminé en deuxième position! Ambrose a gagné et nous terminons au 27e rang », annonce-t-on à Jacques.
44 : « Je m'excuse les gars pour ce qui est arrivé! », laisse tomber Villeneuve.
Les voitures reviennent vers les garages. Jacques se précipite à l'extérieur et se dirige rapidement vers sa roulotte pour se changer et encaisser le coup. Après quelques minutes, il sort et répond en toute franchise aux questions des journalistes.
En plus de sa déception de ne pas avoir triomphé à la maison, il sait que le coup encaissé par son bolide est aussi fort que celui encaissé par ses démarches pour obtenir un volant permanent en NASCAR.
«C'est sûr que ce n'est pas positif pour mes projets. La position de tête l'était, mais ce résultat a pas mal tout détruit ce que j'avais fait », admet Jacques.
«Je n'en veux pas à Ambrose, ce n'est pas lui qui m'a envoyé dans le gazon», précise-t-il.
Et la dernière question, faudra se reprendre à Montréal?
«Oui, va falloir, mais je ne pense pas que je vais avoir une voiture aussi bonne », lâche-t-il avec déception comme mot de la fin.
Un dernier et immense merci à Penske, Dodge et Dominic Fugère pour avoir contribué à cet accès très apprécié de cette facette fascinante de la course automobile.
À l'image du temps, tout fonctionnait à merveille pour Villeneuve en première moitié. Bien installé en tête, le pilote de 40 ans a malheureusement gaffé sur une relance au 44e des 74 tours et il s'est retrouvé dans le gazon dans la première partie du virage Senna. Le manque d'adhérence l'a empêché de tourner le volant convenablement à son retour en piste et il a heurté Marcos Ambrose de plein fouet en perdant de nombreux rangs.
Fidèle à sa réputation, Villeneuve n'a pas caché la vérité au terme de la course, malgré la déception qui envahissait ses sentiments.
« Je n'étais tout simplement pas prêt sur la relance, je dormais », a-t-il admis avec regret. « Je lui ai laissé l'intérieur au lieu d'être agressif et de lui tourner dessus comme d'habitude. J'ai donc abouti dans le gris et j'ai perdu le contrôle de la voiture. »
« C'est frustrant parce que c'était vraiment une voiture incroyable. Elle était imbattable », a-t-il enchaîné en réalisant que cette conclusion n'aide en rien ses projets de s'établir en NASCAR.
En dépit de ce dénouement, Villeneuve et son entourage chez Penske avaient tout mis en œuvre pour l'emporter. Embrayons en marche arrière pour vous faire découvrir les conversations tenues lors de la cinquième épreuve de la série Nationwide de Montréal.
14h28 : Jacques arrive près sa voiture qui est alignée à proximité de l'entrée en piste. En vertu de son premier rang en qualifications, Villeneuve et son équipe Penske sont installés au bout de cette ligne. Jacques semble très détendu et il se dirige vers le journaliste Dominic Fugère, qui est une bonne connaissance, pour échanger quelques mots.
Plusieurs photographes et caméramans se regroupent autour de lui. Il discute de sa boîte de vitesse et le problème vécu en qualifications est résolu.
29 : on entend les hymnes nationaux.
30 : les réseaux RDS et ESPN, les diffuseurs de l'événement, restent autour de lui pendant qu'il discute avec son chef d'équipe Todd Gordon.
33 : Jacques cherche du regard les F-16 qui, par tradition, annoncent le départ imminent. Ils passent peu de temps après et il enfile son casque avant d'entrer dans son véhicule numéro 22.
33 : on vérifie le son de la communication radio.
37 : un mécanicien Penske s'entraîne à visser et dévisser les boulons pour les pneus sur un poteau en métal; aucun détail n'est négligé.
39 : enfin! on part les moteurs des voitures au grand plaisir des spectateurs.
40 : on explique à Jacques de vérifier les indicateurs de température à l'intérieur de la voiture.
41 : on lui précise ensuite qu'on lui donnera un décompte en secondes quand il approchera de sa ligne des puits lors des arrêts.
42 : voilà! les voitures s'élancent pour les tours de chauffe. La foule applaudit et les spectateurs ont hâte que ça commence.
49 : on annonce à Jacques que le drapeau vert sera déployé.
50 : « Quand tu vois le drapeau, fonce! », peut-on entendre dans les écouteurs.
51 : c'est le départ! Tout le monde retient en souffle en raison du très délicat virage Senna. Après ce fameux enchaînement, on lui dit : tout est correct! Tous les employés de Penske étaient debout pour assister à ce passage stressant.
56 : on annonce à Jacques qu'il est plus rapide que les suivants. « Je vais faire attention aux freins », répond Jacques qui semble en plein contrôle.
58 : Penske possède de superbes installations avec un téléviseur haute définition et de nombreux ordinateurs pour suivre le déroulement à la seconde. Les équipiers de Jacques sont rivés devant l'écran de télévision et ceux des ordinateurs qui donnent des statistiques en temps réel. Durant la pause à ESPN, ils peuvent continuer de suivre l'action.
15h00 : soucieux du déroulement, Jacques demande si quelqu'un est rapide derrière lui, mais tout fonctionne bien.
01 : « On va faire notre premier arrêt aux puits au prochain tour », indique-t-on à JV. Tout le monde enfile ses gants et son casque.
03 : Jacques arrive et on lui rappelle de surveiller sa vitesse dans la ligne des puits.
03 : « Va directement au panneau de l'équipe, mais ne le touche pas. » À son arrivée, on frotte le devant de la voiture, on ajoute du carburant et trois équipiers la poussent pour la relancer.
06 : Jacques baisse jusqu'en 17e position, mais plusieurs voitures devant lui ne sont pas encore passées par les puits.
09 : ça peut paraître surprenant, mais on ne parle pas beaucoup autour des installations. On sent le professionnalisme.
14 : quand il a remonté jusqu'en cinquième position, on lui précise que personne devant n'est arrêté aux puits.
16 : le premier drapeau jaune survient et ça implique Maryève Dufault.
17 : Jacques demande le temps des pilotes rapides.
18 : « Je pense que nous sommes corrects. Il y a seulement trois ou quatre pilotes rapides comme toi », répond son collègue.
19 : « Qui est le meneur? », questionne le pilote. « C'est Speed et je présume qu'il va rentrer aux puits à son prochain passage », obtient-il comme réponse.
23 : « Combien de tours complétés? », enchaîne Jacques. « Seize. »
25 : tout roule à merveille à ce moment et ses coéquipiers s'amusent et rient.
29 : « Le drapeau vert sera sorti au prochain tour, n'oublie pas les conseils pour tes relances. »
31 : « C'est bien Jacques, tout est correct », peut-on entendre à la sortie du virage Senna.
43 : quelques minutes plus tard, on le félicite pour sa vitesse. « Bon rythme! »
45 : on souligne à Jacques que son prochain arrêt sera effectué dans cinq tours.
53 : Jacques s'amène au 31e tour. « Surveille ta vitesse et c'est possible que tu doives attendre avant de repartir. Tu attendras que je te dise Go, Go, Go. »
55 : rapidement sorti des puits, on peut examiner ses quatre pneus qui ont été enlevés et ils semblent en bon étant dans les circonstances. Les mécaniciens prennent des mesures et écrivent des chiffres sur les pneus.
16h05 : « Combien de tours complétés? », questionne Jacques. « 37, nous sommes à la mi-course. Tu es cinq secondes plus rapide que le suivant, Marcos Ambrose. »
11 : un drapeau jaune survient avec 34 tours à faire. « Est-ce que je reste en piste? » « Oui. »
13 : « Jacques, on surveille les écrans radars. Peut-être que la pluie commencera à tomber dans une heure ou un peu plus. On va suivre ça de près et te tenir informé. »
20 : le chef d'équipe demande à ses employés de commencer à préparer les pneus de pluie et les autres équipements nécessaires.
23 : « Le drapeau vert s'en vient », et on lui rappelle aussi les bases de la relance.
25 : catastrophe, Jacques rate sa relance. Ambrose parvient à prendre l'intérieur et Jacques se retrouve dans le gazon. En tentant de revenir en piste, son volant ne tourne pas autant que prévu et il fonce directement dans Ambrose. Son capot est légèrement plié avec 30 tours à faire et sa voiture est amochée en avant à gauche.
27 : malgré tout, les réactions sont rares chez Penske. C'est comme si l'expérience prenait le dessus avec les chocs encaissés dans le passé.
« Est-ce qu'il y a de la fumée ou autre chose? »
« Non, je peux conduire, mais le volant semble plus difficile », répond Jacques immédiatement.
Quelques secondes plus tard, Ambrose semble se venger et heurte Villeneuve au virage 5 ce qui complique ses tentatives de remontée.
28 : Une autre tuile tombe. « Je pense que je devrais revenir aux puits », finit par expliquer Jacques.
« OK, rentre à ton prochain passage. Préparez du carburant et quatre pneus », annonce son équipe.
28 : « J'ai des problèmes avec le volant, je ne peux pas le tourner correctement des deux côtés », détaille-t-il pour qu'on prépare les réparations.
29 : le plan de match est ajusté. On commence par frapper son capot pour le redresser. On veut examiner sa direction.
« Est-ce que je dois éteindre le moteur? »
« Oui », et on ouvre son capot.
31 : trois mécanos travaillent très fort pour corriger le tout. Les autres employés sont très attentifs.
32 : « Tu peux démarrer ton moteur. » On referme son capot. On tente de le redresser et on ajoute de grandes bandes noires de ruban d'urgence.
33 : Il peut repartir, mais les dommages sont faits.
34 : personne ne parle chez Penske, le moral est bas. Jacques chute jusqu'en 35e place.
38 : « Tu tournes en 1:43,58, c'est aussi bon que le meneur. »
40 : « Comment va la conduite? » « C'est OK et combien de tours à faire? » « 22. »
41 : « Qui est le meneur? », veut savoir Jacques. « La voiture 12 (Tagliani). »
44 : pendant un autre drapeau jaune, on précise à Jacques qu'il doit revenir aux puits probablement pour le dernier arrêt afin d'ajouter du carburant.
47 : il arrive aux puits et on ajoute d'autres bandes pour que le capot demeure bien fermé.
56 : « Est-ce que nous sommes corrects en carburant jusqu'à la fin? », s'interroge le vétéran pilote. « Oui, mais on va vérifier pour la pluie qui semble approcher. »
17h04 : moment de réjouissance pour la foule, Tagliani prend la tête de l'épreuve!
07 : un autre drapeau jaune survient et ralentit le rythme.
12 : avec 12 tours à faire, on précise à Jacques l'approche à suivre : « Continue de faire ce que tu fais et sois un peu prudent. »
17 : Tagliani perd les commandes à Ambrose tout de suite après la relance et il glisse ensuite en troisième place.
22 : on aperçoit des images de Patrick Carpentier dont la course vient de prendre fin. Il est assis et regarde les voitures tourner probablement pour décompresser et avaler la déception.
23 : Carpentier est applaudi par la foule, un beau moment qui se transforme en ovation près des gradins du virage Senna.
28 : « Combien de tours à faire? », pose Jacques et on lui répond cinq.
30 : « La voiture commence à chauffer un peu, mais on devrait être correct », ajoute-t-il.
37 : la pluie commence à tomber et le drapeau vert est déployé avec trois tours à compléter.
38 : les gens de Penske encouragent Tag à remonter en première place. Il est au deuxième rang.
41 : le dernier tour est annoncé et la mission semble impossible puisqu'Ambrose est rapide.
43 : « Tag a terminé en deuxième position! Ambrose a gagné et nous terminons au 27e rang », annonce-t-on à Jacques.
44 : « Je m'excuse les gars pour ce qui est arrivé! », laisse tomber Villeneuve.
Les voitures reviennent vers les garages. Jacques se précipite à l'extérieur et se dirige rapidement vers sa roulotte pour se changer et encaisser le coup. Après quelques minutes, il sort et répond en toute franchise aux questions des journalistes.
En plus de sa déception de ne pas avoir triomphé à la maison, il sait que le coup encaissé par son bolide est aussi fort que celui encaissé par ses démarches pour obtenir un volant permanent en NASCAR.
«C'est sûr que ce n'est pas positif pour mes projets. La position de tête l'était, mais ce résultat a pas mal tout détruit ce que j'avais fait », admet Jacques.
«Je n'en veux pas à Ambrose, ce n'est pas lui qui m'a envoyé dans le gazon», précise-t-il.
Et la dernière question, faudra se reprendre à Montréal?
«Oui, va falloir, mais je ne pense pas que je vais avoir une voiture aussi bonne », lâche-t-il avec déception comme mot de la fin.
Un dernier et immense merci à Penske, Dodge et Dominic Fugère pour avoir contribué à cet accès très apprécié de cette facette fascinante de la course automobile.