Courir dans une série pour s’amuser et développer ses capacités et celles de son équipe en se faisant plaisir amuse plusieurs pilotes en plus de les tenir bien occupés et de mettre la main sur beaucoup d’argent. Tant mieux pour eux! Cette vérité s’applique autant à l’amateur qui court les samedis soir à St-Eustache dans une classe pour les petits sedans que pour le pilote de moto amateur ou les pilotes en séries plus nobles comme le Sportsman Québec, la Formula Tour 1600 ou la NASCAR Canadian Tire. J’envie ceux qui peuvent vivre leur passion sans chambarder leurs vies personnelles ou remplir leurs cartes de crédit.

Décider de courir pour le championnat dans votre catégorie vous force à passer à un niveau d’engagement beaucoup plus complexe et dispendieux. Votre infrastructure grandit, avec au moins une machine capable de gagner, une seconde machine compétitive en cas d’accident à la première, le camion et remorque apte à se déplacer sans problème vers toutes les rondes avec tout l’équipement nécessaire.

En stock car comme en Formula Tour 1600 ou en Championnat de tourisme canadien, votre équipe devrait maintenant compter sur un chef d’équipe et des mécanos d’expérience, un ingénieur ou spécialiste en interprétation de données, un spécialiste pour les pneus, une ou deux personnes pour la logistique (commissions, repas, propreté, réservations), un spécialiste des communications pour le public et la presse, en plus de vous mettre à la recherche systématique de budgets.

Dans les faits, les structures de points forcent les pilotes engagés au championnat à aller à toutes les courses, comme dans l’Ouest et les provinces maritimes en Canadian Tire ou en Championnat canadien Superbike, une aventure de 5 000 $ au minimum en moto allant jusqu’à 100 000 $ pour une équipe NASCAR complète. Ne pas aller à toutes les rondes coûte cher en points et enlève presque toute chance de remporter le titre.

Louis-Philippe Dumoulin

En piste, finir les courses prend une importance capitale, plus que la victoire. Selon la position en piste de leurs concurrents, on voit donc des pilotes se satisfaire d’une position donnée plutôt que d’essayer un dépassement plus risqué, surtout contre un pilote qui ne vise que la victoire sans s’intéresser au championnat de saison.

Prenons l’exemple d’Andrew Ranger qui vise le titre en Canadian Tire cette année avec le support de Mopar. Après de mauvais résultats dans les deux premières courses de la saison (21e et 12e), il se retrouvait loin des meneurs et il a été forcé de mettre toute la gomme pour gagner les courses suivantes et reprendre le retard sur les meneurs, JR Fitzpatrick puis Louis-Philippe Dumoulin (photo). Après huit des onze courses de la saison à rouler au maximum, soit depuis la troisième course, Andrew se retrouve maintenant second au championnat avec 311 points, à égalité avec Fitzpatrick et à seulement 16 points du meneur, LP Dumoulin. 

Les trois dernières rondes verront Andrew et JR tout faire pour remporter des victoires, et LP Dumoulin tenter de gérer ses courses, quitte à pousser plus fort en fin de course (comme il l’a fait avec maîtrise en Saskatchewan) afin de prendre une ou deux positions et ainsi protéger son avance. Les stratégies élaborées par le chef d’équipe Mario Gosselin, le propriétaire Martin Roy et le pilote seront belles à voir. Andrew et JR n’auront qu’une chose en tête : la victoire! Et heureusement pour ce trio de tête, Alex Guénette, Alex Labbé et Marc-Antoine Camirand ne seront pas de la partie pour cette fin de saison et ne viendront donc pas mêler les plans des trois meneurs. Aucun de ces trois derniers ne joue pour le titre de la série et les trois ne viseraient alors qu’une victoire, et seraient prêts à jouer un peu plus dur afin d’atteindre leur but.

Selon moi, si on se fie sur la forme de LP Dumoulin, à la vitesse pure d’Andrew et à la fougue de JR Fitzpatrick depuis le début de la saison, le titre ira à LP avec Andrew juste derrière lui – à moins que des malchances ne viennent enrayer la marche impériale de LP vers le titre.

Victoire ou titre de champion – toute une différence!