Mes mains tremblent encore et rendent plus difficile mon travail sur le clavier de l’ordinateur. Je viens tout juste de vivre une des expériences les plus incroyables de ma vie. Pour moi, qui viens tout juste d’avoir 40 ans, je peux dire que ce vol avec les pilotes des Snowbirds canadiens dépasse tous les cadeaux.



Je me suis levé tôt pour prendre un avion en direction de Val-d’Or en ce vendredi matin 27 août 2010. C’est que j’avais un rendez-vous important. Le capitaine Claude Rivard, qui pilote un avion des Snowbirds depuis 3 ans, m’attend à l’aéroport de Val-d’Or avec la ferme intention de me faire vivre un moment chargé d’émotion.

Les Snowbirds effectuaient un de leurs rares passages au Québec pour commémorer le 75e anniversaire de la ville abitibienne. Ils étaient une des principales attractions du festival aérien organisé pour célébrer l’événement.

L’escadron des Snowbirds est composé de militaires actifs des Forces canadiennes. Depuis 40 ans, ils donnent des spectacles à sensation forte au public nord-américain. Ils agissent comme de véritables ambassadeurs canadiens.

Après une heure de formation au sol pendant laquelle on m’apprends les procédures à suivre en cas d’atterrissage forcé ou d’éjection en vol, j’ai finalement pu m’installer dans le siège à la gauche du capitaine Rivard. Avec le casque à visière enfoncé jusqu’aux oreilles et le masque à oxygène sur le devant du visage, je me sens comme Tom Cruise dans le film Top Gun.

Les Snowbirds décollent en groupe. Les 9 avions sont déjà pas mal trop collés à mon goût. Mais ce n’est rien en comparaison à ce que je vois en vol. Les ailes de l’avion numéro 3, celle du capitaine Rivard, semblent tellement proches des autres avions que j’ai l’impression de pouvoir les toucher du bout des bras. À ma gauche, je vois clairement les yeux du pilote qui relève sa visière pour me saluer.



Après seulement quelques minutes de vol, nous voilà déjà en train de survoler Rouyn-Noranda. Pour saluer les gens, le major Chris Hope demande à ses pilotes d’exécuter quelques figures au dessus de la ville tout en lâchant de longs panaches de fumée. L’ensemble doit être spectaculaire pour ceux qui sont au sol. Mais pour moi, tout en haut, c’est surtout irréel. Je prends le maximum de photos. Le captiane Rivard, d’un calme olympien, prend le temps de décrire ce qu’il fait alors que nous avons presque la tête en bas. Une seule seconde d’inattention de sa part et je crois qu’il entraine tout l’escadron avec lui. Mais il n’en est rien. Tout cela semble de la routine pour lui.



Nous voici maintenant en train de survoler Amos. Là encore, les Snowbirds prennent le temps de saluer les gens qui lèvent les yeux au ciel en exécutant de beaux virages en formation. Puis, le capitaine Rivard commence à faire des tonneaux complets. Le sol est au dessus de ma tête. Nous volons à l’envers! Misère, moi qui ai le cœur sensible dans le moindre petit manège. Après quelques figures du genre, je lui fais signe que je commence à moins bien me sentir. Il comprend mon désarroi et arrête en m’expliquant de ne pas m’en faire puisqu’il ne s’agit que d’un vol d’exercice. Jamais ils n’ont d’invités pour les spectacles. C’est trop difficile pour quiconque n’a pas une licence de pilote de chasse.

Nous atterrissons finalement sur la piste de Val-d’Or après un peu plus d’une heure de vol. Je suis complètement détrempé et vidé. J’ai l’impression de terminer un marathon de 42 kilomètres de course à pied. J’aurai besoin de longues minutes (heures) pour me remettre complètement.



Les mots me manquent pour décrire ce vol. Le capitaine Rivard me remet une lourde pièce métallique frappée aux couleurs des Snowbirds. Il me dit que ceux qui la possède sont rares. Il en a une similaire. Je dois la garder en tout temps car si, par hasard, je croise un pilote des snowbirds lors des prochaines années, je dois lui payer une bière si je n’ai pas mon médaillon avec moi.

Mais vous savez quoi! Ils sont tous tellement sympathiques et remplissent si bien leur rôle d’emblème canadien depuis 40 ans que je leur en paierai une de toute façon.

Juste pour les écouter parler et me permettre encore de réaliser que j’ai volé avec les Snowbirds.