MONTREAL (PC) - Attendez-vous à entendre beaucoup parler de pneus, de gommes, d'asphalte, de Michelin et de Bridgestone d'ici le Grand Prix de dimanche, presque autant sinon plus que de moteurs, de châssis, de pilotage, de Ferrari et de McLaren.

Ces éléments sont toujours cruciaux mais ils le sont plus que jamais depuis que le circuit Gilles-Villeneuve a été revêtu d'asphalte neuf qui laisse les spécialistes dans l'inconnu.

Mark Webber, le pilote Williams-BMW, l'a cependant répété à son tour jeudi: "Cette nouvelle surface sera la même pour tout le monde."

Du bel ouvrage

"La nouvelle surface est un peu moins abrasive, estime le promoteur du Grand Prix Normand Legault, et ça va être un peu plus glissant s'il pleut.

"On recherche le revêtement le plus égal possible, mais je dirais que c'est le côté abrasif qui est le plus important. Il faut atteindre un équilibre entre les deux. Un revêtement abrasif permet une meilleure tenue de route mais fait que les pneus s'usent plus vite." Or les nouveaux règlements obligent à parcourir toute la distance d'un Grand Prix avec les mêmes pneus.

Effectué par la Ville de Montréal qui a déboursé 660 000 $ pour repaver pour la première fois en une dizaine d'années un chemin qui fait partie de son réseau routier ("mais on paye un loyer de 700 000 $ par année", a rappelé Legault), l'asphaltage a eu droit aux éloges de Pierre Dupasquier, le directeur de Michelin Sport, qui chausse la plupart des monoplaces.

"Le nouveau revêtement est beaucoup mieux que ce que je croyais, a-t-il déclaré. Nous souffrirons moins que prévu. Le travail d'asphaltage a été très bien fait."

Selon le spécialiste, on a réussi à limiter le goudron resté sur la piste et qui nuit à l'adhérence. Le circuit montréalais a aussi un avantage pour les gommes, dit-il, les courbes lentes ne les sollicitant pas trop.

Les choses seront toutefois plus compliquées s'il devait pleuvoir, prévoit lui aussi Dupasquier, qui a repris les propos de Jacques Villeneuve en prédisant que le circuit deviendrait "une vraie patinoire".

Villeneuve croit cependant qu'il pourrait tirer avantage de la situation.

"Si la piste est très glissante, ça va nous permettre d'utiliser des pneus très tendres et, en course, ce devrait être à notre avantage. Nous avons une voiture qui n'use pas trop les pneus mais, en contrepartie, il est difficile de les monter en température. Une fois lancé en course, ça va mais c'est plus difficile pour les qualifications."

Webber, lui, refuse encore une fois de s'inquiéter inutilement: "On a eu plusieurs courses dans la pluie cette année et on sait ce qu'on doit faire dans ces conditions."

Bridgestone confiant

Du côté de Bridgestone, qui équipe Ferrari, Jordan et Minardi, le directeur technique Hisao Saganuma a émis le commentaire suivant: "La piste a, de fait, été complètement repavée mais nous ne pensons pas que cela affectera nos prévisions par rapport aux autres années. Dépendant de la température, nous pourrions avoir à faire face à toute une gamme de possibilités, mais nous y sommes bien préparés."

Faut-il rappeler que Michael Schumacher et Ferrari ont gagné les trois derniers Grands Prix disputés sur le circuit Gilles-Villeneuve chaussés de pneus Bridgestone, complétant même un doublé avec Rubens Barrichello l'an dernier.