SEPANG (AFP) - La guerre en Irak et ses conséquences sans doute désastreuses ont supplanté la peur de l'épidémie de pneumonie jeudi dans le paddock de Sepang, près de Kuala Lumpur, où devrait avoir lieu cette fin de semaine le Grand Prix de Malaisie, deuxième épreuve du Championnat du monde de Formule 1.

Le déclenchement des hostilités à Bagdad était le sujet majeur de discussion dans les équipes, parmi les pilotes et dans une salle de presse que quelques journalistes seulement avaient désertée, pour "raison sanitaire" la Malaisie étant proche des pays concernés par l'infection.

A Sepang, certains évaluaient ainsi les possibilités d'annulation de la course de dimanche. "Cela semble déplacé de faire une course dans un pays musulman au moment même où un autre pays musulman est attaqué. De la prière du vendredi soir dépendra peut-être la décision d'annuler le Grand Prix", déclarait un des membres de l'équipe Jordan.

D'autres allaient même plus loin parlant d'ores et déjà de l'impossibilité d'organiser le prochain Grand Prix au Brésil (6 avril), les avions cargo transportant le matériel de la F1 de Kuala Lumpur à Sao Paulo pouvant être réquisitionnés. Comme si une véritable psychose s'installait sur le "F1 Circus".

"Désolant"

Pour les pilotes en revanche, Jacques Villeneuve (BAR-Honda) et Rubens Barrichello (Ferrari), notamment, il apparaissait important de courir cette fin de semaine. "Nous avons appris jeudi matin que quelque chose de mauvais avait commencé, indiquait le Brésilien. Nous devons faire la course et donner un peu de distraction aux gens afin qu'ils oublient cette guerre".

"Je me sens en sécurité ici et très à l'aise. C'est désolant quand quelqu'un part en guerre, mais cela ne change pas notre but qui est de courir ici. J'aime piloter, c'est ma profession, ma vie. Et, je le ferai. Mais s'il y avait une autre décision, je l'accepterai aussi", déclarait pour sa part Ralf Schumacher (Williams-BMW). Ajoutant aussitôt en souriant: "finalement, le seul véritable danger ici, c'est plus la pneumonie que la guerre".

S'il est un pilote que les évènements dramatiques touchent toujours particulièrement, c'est bien Michael Schumacher (Ferrari), quintuple champion du monde. Il n'avait pas caché son trouble au lendemain des évènements du 11 septembre 2001 à New York. Et jeudi, Michael Schumacher disait son sentiment sur une guerre qu'il aurait voulu voir éviter.

"Seul Mosley"

"Nous n'avons pas des oeillères. Nous savons ce qui se passe autour de nous et j'aurais préféré que l'on discute des possibilités d'éviter la guerre plutôt que de s'intéresser seulement de savoir quand elle allait être déclarée. Maintenant, ce conflit était tellement annoncé que cela ne surprend pas", analysait le champion allemand.

Ce dernier sait toutefois que, quelque soit son sentiment, son envie, il n'a pas son mot à dire à l'heure du choix. S'il faut courir ou pas au moment même où une guerre s'est engagée.

"La Formule1 est une grosse structure, expliquait Michael Schumacher. Une décision personnelle est donc impossible. Nous avons eu les mêmes discussions à Monza (après le 11 septembre 2001). Nous n'avons pas, nous pilotes, le pouvoir de décision même si parfois cela n'est pas facile pour nous. Nous ne sommes qu'un pion du jeu. Seul Mosley peut décider au nom de tous. Malheureusement, il n'est pas là".

Finalement il n'y avait que Juan Pablo Montoya (Williams-BMW) qui paraissait quelque peu détaché des choses de la guerre. "Vous savez quand vous habitez la Colombie, cela ne vous change pas trop, disait-il. Chaque jour, à la télévision, dans les journaux, il n'est question que d'attentats, de bombes, de morts."