PARIS - Incapables de se mettre d'accord ou de respecter un accord plafonnant leurs dépenses, les écuries de Formule 1, à commencer par Ferrari et Red Bull, qui ont quitté vendredi la Fota, l'association les représentant, semblent reparties vers une course à l'armement financier.

Le RRA (Ressource Restriction Agreement, accord de limitation des ressources) symbolisait la volonté de la discipline de mettre un terme à sa folie des grandeurs.

Terminées alors les présentations somptueuses de début de saison, avec téléphones portables dernier cri offerts aux heureux invités. Evincés les écrous de roues à 12 000 dollars l'unité, dans le but de gagner d'hypothétiques millièmes de seconde lors des changements de pneus.

La crise de 2009 était passée par là. Honda, Toyota et BMW s'en étaient allés. Seules neuf écuries répondaient encore à l'appel. La F1 avait décrété le rappel à l'ordre. Il fallait d'urgence susciter des vocations, pour éviter le ridicule en piste.

La Fota (Formula One Teams Association, associations des équipes de F1) avait alors été créée, entre autres, pour fédérer les structures restantes et... diminuer les coûts d'une discipline devenue trop dispendieuse. Avec un relatif succès. Entre 2009 et 2011, les budgets auraient ainsi baissé d'environ 35%. Même si d'importantes disparités subsistent.

Mais la F1, aux éternelles polémiques, ne pouvait en rester là. Puisque l'accord RRA devait être appliqué volontairement par les écuries, sans contrôle externe, certaines d'entre elles se sont senties flouées. À commencer par Ferrari, très soupçonneuse quant au cadre financier régissant l'hégémonie de Red Bull.

«C'est faux, complètement faux. Nous avons accepté l'encadrement de nos dépenses. Nous travaillons en respectant ce qui est prévu. Le boulot est fait», avait affirmé Christian Horner, le directeur de cette dernière, à Singapour.


Hallali

Dès le Grand Prix suivant, au Japon, Red Bull faisait pourtant venir en un temps record - et à un coût très élevé - depuis l'Angleterre un nouvel aileron avant pour Sebastian Vettel, qui avait cassé le sien lors des essais libres, l'Allemand étant ensuite sacré à Suzuka.

D'où une sortie courroucée de Stefano Domenicali, le directeur de la Scuderia, le week-end d'après, en Corée du Sud: «Au niveau de la réduction des budgets, nous ne pouvons plus nous permettre de continuer comme cela. S'il n'y a pas de climat de confiance, il est inutile d'aller plus en avant».

Et de remettre une première fois en question l'existence de la Fota: «S'il n'y a pas de confiance au sein de la Fota, alors à quoi sert-elle ? Nous savons pourquoi la Fota a été conçue. Nous avons besoin de comprendre si on a encore besoin d'elle (...) si elle a encore un futur ?»

Cela sentait l'hallali. Les autres écuries s'empressaient de calmer le jeu. «Il n'y aucune preuve du fait que quelqu'un ne respecterait pas le règlement, affirmait en Inde Vijay Mallya, l'un des propriétaires de Force India. Et aucun signe de fissure au sein de la Fota.»

«C'est dans la nature de la F1 que des gens très créatifs essaient de dénicher des failles dans les règlements techniques, sportifs ou financiers. Parfois certains poussent les frontières et des tensions apparaissent. Mais nous allons nous en sortir», estimait Martin Whitmarsh, patron de McLaren et de la Fota, à Abou Dhabi.

Manqué. Vendredi, Ferrari et Red Bull quittaient toutes deux la Fota - dont la liquidation ne devrait tarder -, chacune en insistant sur la nécessité de réduire les coûts en F1. Traduction: le RRA a vécu, vive le retour de l'argent-roi.