AUCKLAND - Jari-Matti Latvala (Ford Focus), 25 ans, a remporté le rallye de Nouvelle-Zélande, dimanche à Auckland, mais Sébastien Ogier (Citroën C4), 26 ans, 2e à deux secondes du Finlandais, a montré lui aussi, tout le week-end, que la relève du Mondial est enfin prête à gagner.

Ogier, admirable depuis le départ pour sa première participation en Nouvelle-Zélande, avait encore six secondes d'avance sur Latvala au départ de la 21e et dernière épreuve spéciale (Whaanga Coast 2), longue de 30 km. Il a tout perdu, ou presque, à cause d'un tête-à-queue à trois virages de la fin, sur une piste rendue très glissante par la pluie de la nuit.

Deux heures après l'arrivée, le champion du monde Junior 2008, auteur de six temps scratch au total, réussissait à positiver : "Personne ne m'a pris la victoire, j'ai fait une dernière erreur à la fin mais dans des conditions d'attaque comme celle-là, ça peut arriver. On a essayé de faire le maximum du maximum. Aujourd'hui, tout le monde était un peu au delà des limites, et même 'Seb' a fait des erreurs, ce qui n'est pas commun pour lui".

Sébastien Loeb aussi aurait pu gagner, suite à sa remontée fantastique de la 7e place vendredi à la 2e samedi soir et la première dimanche matin, après un tête-a-queue d'Ogier dans l'ES18 (Te Hutewai 1, 11 km). Puis le sextuple champion du monde est parti à la faute dans l'ES19 (Whaanga Coast 1) et Ogier est repassé en tête, devant Latvala.

Enfin, dans l'ES21, la toute dernière, alors qu'il tentait le tout pour le tout pour revenir une dernière fois sur Ogier et Latvala, Loeb a encore fauté et compris qu'il ne remporterait pas pour la 3e fois, après 2005 et 2008, le rallye le plus fou du calendrier mondial. Il se consolera avec la 3e place, à 15 secondes de Latvala.

Ford dépasse Lancia

Sans avoir signé un seul temps scratch, Latvala a donc remporté sa 3e victoire en WRC, après la Suède en 2008 et la Sardaigne en 2009. Habitué aux sorties de routes spectaculaires depuis deux ans, le Finlandais a été, contre toute attente, le seul pilote du quatuor de tête à ne pas craquer dans les quatre dernières spéciales.

Le Finlandais aux lunettes jaunes a aussi permis à Ford - et au patron de M-Sport, Malcolm Wilson, qui lui a maintenu sa confiance contre vents et marées - de glaner sa 75e victoire en WRC, record absolu. Le constructeur américain dépasse Lancia, 74 victoires entre 1974 et 1992, dans le grand livre du Mondial WRC.

Un autre pilote aurait mérité une récompense pour l'ensemble de son oeuvre : Petter Solberg, le champion du monde 2003, en tête vendredi soir et encore 3e au départ de cette ES21 complètement dingue, a lui aussi tout tenté pour gagner son premier rallye depuis 2005, au bout de 400 km de spéciales menées à un train d'enfer.

Une violente sortie de route a mis un terme à son rêve de retour au sommet, sa C4 privée fracassée contre un pylône électrique, en contrebas de la piste. Pour Solberg, comme pour Ogier et Loeb, c'est comme si les esprits maoris avaient encore soufflé sur Whaanga Coast, spéciale mythique d'un rallye qui a, encore une fois, mis les pilotes à l'envers.

En 2008, toute l'équipe Ford, en vue d'un doublé, avait implosé en l'espace de quelques kilomètres, laissant une victoire inespérée à Loeb. Cette année c'est l'inverse et l'heureux élu est Latvala, qui a souvent payé cher pour apprendre. Comme dit Ogier, "c'est ça le rallye".