MONTRÉAL - Ce fut une journée forte en émotions pour Patrick Carpentier, samedi au circuit Gilles-Villeneuve. Notre journaliste Martin Leclerc a eu la chance de la vivre en compagnie de celui qui disputait la dernière course de sa carrière.

Même si sa course s'est terminée par un accrochage causé par l'Américain Steve Wallace, Carpentier a eu droit à des adieux chaleureux de la part des milliers de spectateurs, tout ça sous les yeux de sa bien-aimée. Un moment unique que le pilote a accepté de partager avec RDS.

Pour la troisième année d'affilée, Carpentier a été incapable de terminer le NAPA Pièces d'auto 200 de Montréal. Il fallait voir son air piteux samedi, quelques instants après que sa voiture no 99 eut rendu l'âme, pour comprendre l'ampleur de la tragédie.

« Oui, c'est décevant, si tu m'avais vu dans l'auto, a reconnu Carpentier, je pense que j'aurais arraché le volant. Mais ça fait partie de la course, et de toute façon, c'est très rare que tu finis une carrière en gagnant. »

La télé l'a présenté après son abandon, allant s'asseoir dans les gradins tel un simple spectateur. Il semblait songeur, contemplant son bolide immobilisé et réalisant par le fait même qu'il s'agissait de la chute du rideau sur sa carrière qui avait débuté en 1992.

« C'est décevant (comme fin), mais on a eu plein de victoires, plein de podiums - entre 27 et 30 -, des victoires en formule Indy, en formule atlantique, et bien sûr ma position de tête en Coupe Sprint. Je m'estime chanceux, j'ai fait partie d'équipes de tête presque toute ma carrière, donc c'était une chance incroyable. »

La douleur était d'autant plus vive samedi sur le circuit Gilles-Villeneuve que le vétéran pilote avait réussi à identifier le coupable de sa déconfiture : Steve Wallace.

Tandis qu'il était troisième au 65e tour, Wallace s'est amené trop rapidement dans l'épingle et l'a heurté à l'arrière, entraînant un tête-à-queue. Il a abandonné quelques tours plus tard, en raison d'un problème mécanique découlant de cet incident.

« Ce n'est pas lorsque j'ai immobilisé la voiture que je savais que c'était terminé. C'est lorsque j'ai été frappé dans l'épingle, a expliqué Carpentier, hors de lui. Je savais que c'était la fin, parce que ces gars-là ne sont pas des deux de pique. »

Carpentier termine donc sa carrière en stock-car à Montréal avec une position de tête (en 2007) et deux deuxièmes rangs (2007 et 2008). Le pilote de Joliette aura donc été contraint à l'abandon les trois années suivantes.

« On était optimistes »

Avant le week-end, Carpentier avait précisé qu'il comptait adopter une stratégie « d'embuscade » et demeurer à proximité du peloton de tête jusqu'à cinq tours du fil d'arrivée - une stratégie qui a failli fonctionner n'eût été de son abandon à neuf tours de la fin.

Parti de la huitième place, le pilote de 40 ans avait aussi indiqué qu'il avait opté pour un carburateur plus petit afin d'économiser de l'essence et d'effectuer moins d'arrêts aux puits. Ainsi, Carpentier s'est maintenu pendant quelques tours en milieu de peloton, avant d'effectuer une charge pour percer le top 10.

« Quand on voyait qu'une autre voiture était plus rapide, on la laissait passer dans l'espoir d'aller la chercher plus tard. On était pratiquement les seuls à ne pas être inquiets du niveau d'essence dans le réservoir, alors on était optimistes, a confié Carpentier. Mais que veux-tu, c'est ça la course automobile. »

Par ailleurs, invité à commenter les propos de Jacques Villeneuve émis la veille à l'effet que lorsqu'il « se tournera les pouces au cours des prochains mois, l'envie de retourner derrière un volant lui reprendra bien vite », Carpentier a rapidement fermé la porte.

« (La course automobile), c'est vraiment le 'fun', a-t-il admis. Mais depuis deux ans, je courais sur des pneus usagés, je faisais du 'start and park' et je n'y voyais plus aucun intérêt. Bref, je savais que c'était terminé. »