SEPANG (AFP) - Renault n'a pas eu besoin d'attendre l'issue du Grand Prix de Malaisie, deuxième épreuve du Championnat du monde de Formule 1, dimanche sur le circuit de Sepang, près de Kuala Lumpur, pour connaître un grand bonheur.

Dès le passage de la ligne d'arrivée de l'Allemand Michael Schumacher (Ferrari) marquant la fin des qualifications, samedi après-midi, une explosion de joie s'était produite dans le stand du constructeur français. Les mécaniciens s'embrassaient, sautillant sur place, les ingénieurs se congratulaient.

Non seulement Fernando Alonso venait d'obtenir la "pole", la première de sa toute jeune carrière, d'un pilote espagnol, et devenait le plus jeune pilote de l'histoire de la F1 à décrocher cet honneur. Mais, de plus, l'Italien Jarno Trulli complétait la domination Renault en prenant la deuxième place devant... Michael Schumacher.

La pole et deux voitures en première ligne, voilà longtemps que la firme française n'avait pas connu une telle réussite en tant qu'écurie complète. Dix-neuf ans et Patrick Tambay à Dijon-Prénois au Grand Prix de France 1984 (20 mai) pour une "pole", vingt pour une première ligne "toute Renault" grâce à Alain Prost et Eddie Cheever au Paul Ricard le 17 avril 1983 encore au Grand Prix de France. C'était à l'époque du turbo...

"Quelque chose de spécial"

Quinze jours après des débuts réussis à Melbourne, une cinquième place pour Trulli, une septième pour Alonso, Renault confirmait sa montée en puissance.

"Cela fait deux Grands Prix que l'on est bien, expliquait Flavio Briatore, le directeur de Renault F1. En Australie d'ailleurs, s'il n'y avait pas eu l'intervention de la voiture de sécurité on était 2e et 3e, performants, à ce moment là, on avait fait le tour le plus rapide".

"C'est une voiture vraiment bien réussie, reprenait Briatore. Dès que l'on aura amélioré un peu la puissance, je pense que ce sera encore mieux. Mais là, c'est quelque chose de spécial".

Après les interrogations nées à propos de la justesse du choix des pilotes, de la stratégie quant à l'impasse sur les essais privés au profit de la séance du vendredi matin, Flavio Briatore jubilait.

"Une pole comme celà, çà veut dire que l'on a de très bons pilotes, que l'on a fait le bon choix en optant pour les essais du vendredi matin. Beaucoup pensait que nous étions les "nettoyeurs" de piste du vendredi matin. Et bien, c'est vrai, on a bien nettoyé le circuit", ironisait l'Italien.

"Essais du vendredi matin, pilotes, je savais que je ne m'étais pas trompé. Le plus important est de savoir maintenant que Renault a un capital important", insistait Briatore.

"Pas encore prêts"

Si Alonso se trouvait sur un nuage, ne cachait pas sa joie, "je ne réalise pas d'avoir obtenu une pole dès ma deuxième course de la saison, la dix-neuvième de ma carrière", disait l'Espagnol, la réussite de samedi à Sepang ne saurait cependant tourner les têtes des hommes de Renault. Et surtout pas celle de son directeur. Chacun sachant que des stratégies différentes avaient joué leur rôle face aux Ferrari, aux McLaren-Mercedes.

"Le plus important a été de voir que l'on a deux pilotes supers qui n'ont pas fait d'erreur samedi alors que les autres en ont commis sur un circuit très difficile. Avec une voiture qui, on le reconnait, n'a pas encore la puissance souhaitée. Aussi, les objectifs ne changent pas", reconnaissait l'Italien.

"Nous devons garder les pieds par terre, ne pas se raconter des histoires. Nous ne sommes pas encore prêts. Nous devons nous battre, faire le mieux possible. Mais, ce qui s'est passé samedi est bien pour l'équipe, pour tout le monde", concluait un Briatore heureux...