PARIS (AFP) - Du Hongrois Ferenc Szisz sur le circuit du Mans en 1906 à l'Espagnol Fernando Alonso sur la piste de Magny-Cours en 2005, le Grand Prix de France automobile, qui fête ses 100 ans en juin, est devenu une épreuve historique menacée cependant par les difficultés financières liées à son organisation.

Szisz comme Alonso ont remporté le Grand Prix de France -un nom qui devient synonyme de courses automobiles sur circuit après avoir été emprunté aux épreuves hippiques- au volant d'une Renault. Mais seul le second pilotait une Formule 1, le Championnat du monde de F1 n'étant apparu qu'en 1950.

Outre le circuit de Reims, utilisé à 11 reprises, les F1 ont également roulé à Rouen (5 fois), à Clermont-Ferrand (4), au Mans (1), au Castellet (14), à Dijon (5) et tournent depuis 1991 à Magny-Cours.

A tout seigneur tout honneur: le premier vainqueur en F1 en France est le quintuple champion du monde argentin Juan Manuel Fangio qui s'est imposé à Reims en 1950. Il a encore gagné trois fois le GP de France, où le record de victoires est détenu par l'Allemand Michael Schumacher (7).

Quasiment tous les plus grands noms de la F1 ont leur nom au palmarès. Parmi les principaux absents de la liste: Ayrton Senna et Gilles Villeneuve.

"Meilleur"

Ce dernier a néanmoins livré avec René Arnoux en 1979 l'une des plus mémorables passes d'armes de l'histoire de la F1: durant les cinq derniers tours du circuit de Dijon, le Canadien sur Ferrari et le Français sur Renault se sont doublés et redoublés... pour la deuxième place.

Le mano a mano a été si spectaculaire qu'encore aujourd'hui, la victoire du Français Jean-Pierre Jabouille passe au second plan. "J'ai certes perdu, mais je n'ai pas de regret car je sais que j'ai été battu par le meilleur pilote du monde", assure Arnoux.

Depuis 1950, seule l'édition de 1955 n'a pas eu lieu en raison du terrible accident des 24 Heures du Mans à la suite duquel toute course sur circuit avait été interdite en France. Du coup, le GP de France est "le troisième Grand Prix historique", souligne le président de la Fédération française du sport automobile (FFSA) Jacques Régis. Seuls les Grands Prix de F1 de Grande-Bretagne et d'Italie ont été courus systématiquement chaque année.

Il reste qu'au pays de Prost, Arnoux ou Cevert, de Ligier, Matra ou Renault, l'organisation du Grand Prix de France à Magny-Cours pose chaque année un casse-tête financier.

M. Régis, qui a a repris l'organisation du GP de France en 2004 au nom de la FFSA pour sauver l'épreuve, met en cause le "coût du plateau" payé "aux promoteurs de la F1", c'est-à-dire Bernie Ecclestone.

Poche

Le contrat de la FFSA avec Ecclestone -qui prévoit une augmentation annuelle de 10% du coût du plateau- arrive à expiration en 2011, mais M. Régis est prêt à jeter l'éponge plus tôt si les termes de cet accord ne sont pas revus. Les chiffres ne sont pas publics, mais le plateau 2006 en France est estimé à 14,4 millions de dollars (11,4 M d'euros) et celui de 2011 devrait dépasser les 23 millions de dollars (18,1 M d'euros). Or le budget global de l'organisation de l'épreuve cette année est de 23 millions d'euros, selon M. Régis.

"Pour que l'on continue, il faut que ce soit économiquement acceptable: nous voulons bien ne pas gagner d'argent, mais nous ne voulons pas en mettre de notre poche !", poursuit-il.

Le président envie les promoteurs espagnols qui bénéficient du phénomène Alonso. Alors il rêve de voir un pilote français en F1... où le GP organisé ailleurs.

"Le Mans serait plus facile: rien que le nom attire les Anglais, qui sont 40.000 à venir pour les 24 Heures; Dijon serait bien car idéalement placé entre la Suisse, l'Allemagne et la Belgique; Paris serait encore mieux...", énumère-t-il.

Pour l'instant, le Grand Prix de France n'est pas en danger, assure M. Régis, "mais il faut anticiper et préparer 2010 car sinon, on fait comme l'ancien promoteur, on se retrouve à la rue".

Le fait que Renault poursuive son aventure en F1 lui donne des raisons d'être optimiste, d'autant que "le spectacle est un peu reparti" depuis l'an dernier.