La saison de Formule Un débute en fin de semaine avec la présentation du Grand Prix de Bahreïn. Une saison qui promet avec une nouvelle réglementation, de nouveaux pilotes, de nouvelles écuries et, surtout, le retour de Montréal au calendrier 2010. Le vétéran Michael Schumacher effectuera également un retour à la compétition avec l’écurie Mercedes après une pause de trois ans. Sur le site internet du septuple champion du monde, il déclarait avoir retrouvé sa forme physique des belles années et être prêt à partir à la conquête d’un autre titre.

Sa forme physique des belles années? Voilà qui sonne une petite cloche en moi. Un pilote automobile doit-il être vraiment en forme? Après tout, il ne fait que tourner le volant de son bolide en plus d’enfoncer les pédales d’accélérateur ou de frein.

Je devais savoir.

Mon collègue Yanick Bouchard et moi nous étions déjà placés dans la peau de Carey Price pour vérifier si un gardien de but devait être en forme pour performer. Nous avions poussé notre expérience jusqu’à nous vêtir en gardiens en plus de participer à une séance d’entraînement éreintante. Au sortir de la glace, complètement vidé, nous avions conclu que bonne forme physique et gardien de but performant ne faisaient qu’un.

Ne reculant devant rien, Yanick et moi avons encore décidé de sortir de notre petit studio douillet pour en apprendre plus sur la conduite automobile. Impossible, bien sûr, de piloter une F1 ou une voiture IndyCar, mais nous pouvions cependant demander de l’aide à un véritable expert.

Alexandre Tagliani pilote depuis l’âge de 15 ans. Il s’est retrouvé derrière les volants de bolides d’une multitude de séries automobiles : kart, Formule Atlantic, CART, Champ Car, Nascar, etc. Il a été choisi recrue par excellence de la 93ème édition du Indy 500, véritable course mythique. En 2010, il courra avec l’équipe qu’il a aidé à mettre sur pied, FAZZT Race Team, en série Indy Car. Tag a gentiment accepté de nous conseiller dans notre projet.

Nous nous sommes donné rendez-vous sur une merveilleuse piste de karting intérieure, celle de SG Karting, à Saint-Germain-De-Grantham, non loin de Drummondville. Je m’y étais déjà rendu avec mon fils pour des petites courses d’une quinzaine de minutes. Rien à voir avec ce que nous allions faire cette journée là. Le directeur de l’établissement, Stéphane de Billy (il est à côté de moi sur la photo), nous a tous accueilli de façon très chaleureuse en mettant à notre disposition la totalité des installations de ce centre ultramoderne. Vous avec pu voir le reportage de cette course inoubliable (pour de bonnes et de moins bonnes raisons) au 4 à 7 du 10 mars 2010.

Dès nos premiers tours de piste, l’écart, que dis-je, le gouffre incommensurable séparant notre conduite et celle de Tag apparaît de façon très évidente, voire gênante. Bon sang qu’il est rapide et précis! Jamais il ne touche aux bordures, se contentant de les frôler à quelques millimètres. De notre côté, Yanick et moi n’en finissons plus de déraper, de déplacer les bordures protectrices et, insulte suprême, de se faire prendre des tours par Tag! À de nombreuses reprises, il s’arrête pour nous expliquer patiemment les bonnes lignes de courses à utiliser et l’importance de respecter les points de cordes pour garder sa vitesse.

Après une trentaine de minutes à piloter, la fatigue a commencé à se faire sentir. Les virages sont serrés et rapides. Bien que sanglés à notre siège, nous devons continuellement nous accrocher à notre volant pour demeurer concentrés. Pas une seconde de répit. Les muscles des bras et du cou travaillent forts. De son côté, Tag continue de nous doubler. Parfois avec une seule main sur le volant et, nous le devinons, un large sourire sous son casque! Il porte un micro et commente notre performance. Le reportage nous a permis de constater qu‘il n‘était pas émerveillé par notre conduite.

Lors d’une pause pour permettre au caméraman de se déplacer, Yanick me fait signe. Il ne se sent pas bien. Il est effectivement plutôt pâle mon ami. Il se sent fatigué et a mal au cœur. C’est avec peine, mais beaucoup de courage, qu’il terminera les 90 minutes de course. Son premier commentaire d’après course : « Ce n’est pas pour moi, je suis vidé! »

C’est aussi le sentiment qui m’habite. Déjà que les manèges pour enfants à La Ronde correspondent à des expériences extrêmes pour moi, j’ai l’impression d’avoir fait un tour d’essoreuse à laitue pendant plus d’une heure. Mes battements cardiaques sont demeurés élevés tout au long de la course. Ma fatigue ressemble à celle ressentie après une course d’une quinzaine de kilomètres. De son côté, Tag semble frais comme une rose.

Yanick et moi pouvons donc vous confirmer qu’il faut effectivement posséder une excellente forme physique pour être pilote automobile. Vous le constaterez en regardant le reportage. Ce n’est pas un hasard si des pilotes comme Jarno Trulli, Jenson Button ou Mark Webber ont tous déjà participé à des marathons ou des triathlons.

Ce que Yanick et moi avons le plus apprécié de notre découverte du karting? Le sentiment de vitesse et les batailles continuelles pour être devant l’autre. Ce sont là deux éléments différents de nos entraînements ou compétitions de courses à pied. À ce chapitre, si je ne peux pas qualifier notre rythme de rapide, je peux à tout le moins dire que Yanick ne possède pas encore le moteur pour me dépasser!