OBIHIRO (AFP) - Une saison extraordinaire, une accumulation de victoires, des records et un deuxième titre mondial consécutif à l'issue du rallye du Japon, dimanche à Obihiro, ont définitvement installé Sébastien Loeb (Citroën Xsara) au rang de champion d'exception.

Le Français a reconquis son titre 15 jours après avoir démontré des qualités humaines tout aussi exceptionnelles en refusant victoire et sacre après la mort en course de Michael Park, le copilote britannique de l'Estonien Markko Martin, en Grande-Bretagne. Le retrait de Marcus Gronholm, autre pilote Peugeot et principal rival de Loeb, en signe de deuil, lui offrait pourtant le titre.

Loeb a acquis une nouvelle dimension. Un statut que refuse pourtant l'intéressé, même si en juin dernier, l'Alsacien a pu mieux mesurer son aura auprès du public et des médias. Quand, débarquant de Turquie où il venait de s'imposer pour la cinquième fois de l'année, la quatrième d'affilée, il recevait un accueil de "rock star" sur le circuit manceau pour l'obligatoire séance de qualification des 24 Heures.

Au cours de l'épreuve mancelle, Henri Pescarolo se voyait contraint de barricader le stand pour faire face à l'afflux de la presse, de curieux. Une première au Mans.

Une surprise pour Loeb, en qui Carlos Sainz, recordman du nombre de victoires en rallye (26), voyait dès le début de l'année dernière, celui "qui était parti pour dominer la discipline, battre tous les records".

Le pilote Citroën s'étonne d'être devenu un "homme public", un champion que l'on s'arrache, que les plateaux de télévisions courtisent... sans grand succès.

"Un type vrai"

"Sébastien estime que sa place n'est pas dans les émissions de télévision +people+, témoigne un membre de l'équipe Citroën. Nous sommes obligés parfois de le forcer à accepter certaines sollicitations".

Il a fait son chemin, le gamin turbulent, champion de gymnastique, qui, au volant de sa mobylette, faisait tourner en bourrique la maréchaussée, multipliait les figures dans les champs au volant d'une Peugeot, une vieille 206, la nuit tombée, plongeant ses parents dans la plus vive inquiétude.

En moins de cinq ans, en trois saisons complètes seulement en WRC, Sébastien Loeb a acquis une formidable dimension... sans changer de comportement le moins du monde.

Fidèle, simple, disponible, les groupes de supporteurs, les fans ne s'y trompent pas qui harcèlent souvent le pilote. Loeb, sourire aux lèvres, accepte toujours sans rechigner les dédicaces, les photos, glissant même un mot gentil ou un geste amical quand il s'agit d'un enfant.

Le champion du monde est comme çà. Et rien ne le changera. Pas plus la gloire que l'argent, les victoires et les titres.

"Ce que j'apprécie le plus chez lui, c'est sa simplicité. C'est un type vrai, franc, qui ne se la joue pas", juge d'ailleurs Marcus Gronholm, son rival de Peugeot, "touché" par le geste chevaleresque de Loeb à Cardiff.

"Il a su rester lui-même, sans se prendre la tête. Je le respecte beaucoup pour ça", renchérit l'autre adversaire, Petter Solberg (Subaru Impreza).

Avec Citroën

Fidèle, Loeb attendait la décision de son équipe. Parce que Citroën tardait à se déterminer pour 2007, sur un éventuel retour en rallye après le retrait de cette fin de saison.

"Si Seb est champion du monde, c'est grâce à Citroën. Mon rêve le plus intime était qu'il devienne champion avec Citroën. C'est fait. Croyez-moi il ne va pas changer. Il va peut-être gagner un deuxième titre avec Citroën", indiquait papa Loeb l'an dernier au soir du premier sacre en Corse. Un père aujourd'hui disparu.

Loeb va certainement répondre au souhait de son père. Malgré le forcing de Malcolm Wilson, le patron de Ford. Une petite phrase dimanche à Obihiro laisse en effet penser que le champion du monde a déjà sa petite idée sur le futur de Citroën. Et donc du sien.

"Ce deuxième titre me fait plaisir pour l'équipe. Pour elle, ce sera terminé à la fin de saison. Pas pour longtemps je l'espère. Mais ce ne sera pas une saison officielle Citroën en 2006..."