HAMAR - Sébastien Loeb (Citroën C4) a encore remporté dimanche en Norvège une victoire d'anthologie, la 49e de sa carrière, malgré la résistance de Mikko Hirvonen (Ford Focus), 2e à moins de dix secondes, et de Ford qui a placé trois Focus dans le top 4... derrière Loeb.

Neuf secondes et 8/10 d'avance, après 23 spéciales et 375 km chronométrés. Neuf temps scratch pour Loeb, huit pour Hirvonen, parfois à 200 km/h entre deux murs de neige. Ce rallye de Norvège, le deuxième seulement en WRC, a tenu toutes ses promesses, grâce aussi à des conditions météo idéales.

Il faisait très froid (-20°C de moyenne) entre Hamar et Lillehammer, la ville des Jeux de 1994, et pour la première fois depuis longtemps un rallye hivernal a été disputé sur de la vraie glace, avec de vrais clous, entre une quantité de vrais pilotes très bien équipés, au propre comme au figuré.

"C'était un rallye complètement fou, comme en Finlande. Ce serait bien de raconter que ces deux types, Seb et Mikko, sont des extra-terrestres", a dit Olivier Quesnel, le patron de Citroën Sport, encore bluffé par l'intensité de la bagarre.

"C'est incroyable d'arriver à reproduire un tel scénario, avec le même écart à la fin", a ajouté le chef des Rouges. Derrière Loeb et Hirvonen, un peu comme en Finlande, les écarts sont impressionnants : Jari-Matti Latvala, 3e, a échoué à plus d'une minute, Henning Solberg (4e) et Dani Sordo (5e) à plus de trois minutes, Petter Solberg (6e) à plus de six minutes.

"C'était un rallye merveilleux et c'est toujours plus excitant quand on gagne après une bagarre aussi intense", a dit un Loeb radieux à l'arrivée de la dernière spéciale (Budor 2), en descendant du toit de sa C4 encore une fois victorieuse. Depuis la Finlande 2008, Loeb et Daniel Elena, roi des copilotes, n'ont "perdu" qu'un rallye, au Japon... en assurant leur 5e titre mondial.

"À bloc"

Au départ de cette ES23, longue de 19,74 km, Loeb avait encore 7 secondes et 7/10 d'avance sur Hirvonen. Alors il est "parti à bloc", a fait "un freinage d'anthologie au bout d'une longue ligne droite pour une épingle à droite en première", dixit Elena, puis il a jeté un coup d'oeil sur les temps partiels et a "déroulé" jusqu'à la fin.

"C'était très difficile aussi mentalement, car Mikko a fait un super rallye", a reconnu Loeb, à chaud, au terme de ce long duel sur la glace. Ledit Mikko est aujourd'hui le seul être humain capable, comme Marcus Grönholm avant lui, de faire transpirer le caïd alsacien, mais ça ne suffit pas à son bonheur.

"Je suis triste de perdre mais content que ça se termine. À certains endroits, c'était complètement fou, pas raisonnable", a jugé Hirvonen. "Pour battre 'Seb', il faut que chaque virage soit parfait. Je n'y suis pas arrivé samedi mais je suis satisfait de ma vitesse aujourd'hui (dimanche), car j'ai réussi à le pousser jusqu'au bout".

Sur 49 victoires de l'équipage Loeb-Elena en WRC, c'est seulement la deuxième dans un rallye hivernal, après la Suède 2004 dans la vénérable Xsara. Pour la 50e victoire éventuelle, il faudra attendre Chypre, mi-mars, et se préparer à des conditions radicalement différentes : chaleur, poussière, caillasse. Une chose est sûre, ça glissera moins bien.