PARIS - Déjà secouée par la récession économique mondiale, la Formule 1 a fait l'économie d'une crise sportive en infligeant seulement une suspension avec sursis à l'écurie britannique McLaren, qui était jugée par le conseil mondial de l'automobile mercredi pour ses mensonges lors du Grand Prix d'Australie.

McLaren a écopé d'une suspension de trois courses avec sursis à l'issue de l'audition de son directeur Martin Whitmarsh à Paris.

"Martin Whitmarsh a fait très bonne impression, il a été très franc, a commenté le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Max Mosley. Nous voulons tous la même chose, que ce championnat du monde soit une réussite."

L'écurie de F1 était jugée pour avoir menti aux commissaires de course à Melbourne. A l'issue de ce Grand Prix, elle avait fait croire que son pilote Lewis Hamilton n'avait pas reçu la consigne de laisser Jarno Trulli (Toyota) tenter une manoeuvre de dépassement interdite alors que les deux hommes se trouvaient derrière la voiture de sécurité. Trulli avait déjà écopé d'une pénalité de 25 secondes pour son dépassement, offrant à Hamilton la troisième place.

McLaren avait ensuite laissé passer à deux reprises l'occasion de rétablir la vérité et la FIA, après avoir obtenu les preuves du mensonge, avait annulé les résultats de McLaren et de son champion du monde Lewis Hamilton.

Whitmarsh a été entendu dans la matinée par le Conseil mondial de l'automobile. A sa sortie, il a reconnu "avoir commis des erreurs" et a déclaré avoir "présenté (ses) excuses à la FIA".

"Ayant pris en considération la manière ouverte et honnête avec laquelle (Whitmarsh) s'est adressé au Conseil mondial de l'automobile, et le changement de culture qu'il nous a assuré avoir été mis en place au sein de son organisation, le Conseil mondial a décidé de suspendre l'application de la sanction qu'il jugeait appropriée", a annoncé la FIA dans un communiqué.

Le sursis visant l'écurie sera révoqué dans le cas où, au cours des 12 prochains mois, McLaren enfreindrait encore l'article 151-C du Code international sportif.

Interrogé sur le fait de savoir si McLaren l'avait échappé belle, Mosley a répondu: "Je ne pense pas", estimant que l'écurie avait déjà été punie. "Ils ont perdu tous leurs points gagnés en Australie", a-t-il rappelé.

La FIA a également apprécié le ménage effectué en interne par McLaren à la suite de l'affaire. Le directeur sportif Dave Ryan, désigné comme responsable, a été suspendu et a depuis quitté l'équipe tandis que l'ancienne figure emblématique de l'équipe Ron Dennis a démissionné de toutes ses fonctions en F1.

"Il y a eu une décision prise par des gens qui ne sont plus impliqués, a déclaré Mosley. Il aurait donc été injuste de continuer cette affaire."

McLaren aurait pu être disqualifiée du championnat du monde cette saison ou perdre des points au classement. Mais la FIA a choisi de ne pas écarter du jeu une équipe légendaire et de ne pas pénaliser Hamilton. Le Britannique n'était pas à Paris mais il avait déjà présenté ses excuses pour ses mensonges.

Au classement du championnat du monde, McLaren occupe la quatrième place avec 13 points tandis que Hamilton est septième du classement pilotes avec 9 points, à 22 longueurs du meneur Jenson Button.

"Ils ont reçu une tape sur le dos de la main, et c'est tout ce dont ils avaient besoin", a réagi le patron de la F1, Bernie Ecclestone, présent à Paris. "Ils ont déjà été punis (en perdant leurs points en Australie)."

Il y a deux ans, McLaren avait déjà été sanctionné par la FIA. A l'époque, l'équipe avait reçu une amende de 100 millions $ US et avait été privée de ses points au classement des constructeurs après avoir été reconnue coupable d'avoir obtenu des informations secrètes sur l'équipe Ferrari.

Revenant sur cet épisode des relations tendues entre McLaren et la FIA, Mosley a estimé que l'équipe britannique aurait été épargnée si elle avait fait preuve de la même humilité qu'aujourd'hui.

"Beaucoup de monde, y compris McLaren, aurait économisé beaucoup de temps, d'ennuis et d'argent", a-t-il dit.