MELBOURNE, Australie (AFP) - Une phrase du Britannique Eddie Irvine, ancien équipier de Michael Schumacher chez Ferrari, revient sans cesse à chaque fois que la concurrence s'attaque à la Scuderia au départ d'un nouveau Championnat du monde de Formule 1.

"Seul Michelin peut battre Ferrari, Michael Schumacher", répète Irvine depuis le retour du manufacturier français de pneus en F1 en 2001. Cela a failli être le cas l'an passé. Cela pourrait se produire cette saison au moment où la F2004 semble plus compétitive que jamais.

Là où plusieurs chevaux moteur, une aérodynamique coûteuse peut
faire gagner quelques dixièmes de seconde, une gomme performante peut provoquer un bond de plus d'une seconde, voire une seconde et demie, par rapport à la concurrence. De quoi effacer une partie de l'avantage de la F2004, du brio du sextuple champion du monde.

Bridgestone tout entier dévoué à Ferrari d'un côté, Michelin fournisseur de six des dix équipes du plateau, Williams-BMW, McLaren-Mercedes, Renault, Toyota, Jaguar et maintenant BAR-Honda, de l'autre, la guerre est plus que jamais déclarée entre les deux manufacturiers.

"Attendons..."

Les Japonais bénéficient de l'entière coopération de la Scuderia, du formidable talent de metteur au point de Michael Schumacher. "Un surdoué, capable de décortiquer virage après virage tout ce qui s'est passé avec une précision aussi grande que nos enregistreurs", s'émerveille Hirode Hamashima, le responsable du service compétition de Bridgestone.

Michelin, par contre, doit multiplier les efforts. Mais disposent avec trois écuries de pointe d'une somme de données incroyable.

Chacun a ses points forts. Le pneu nippon apprécie la petite pluie, la fraîcheur. Le Michelin adore la chaleur, les revêtements à haute température. Cà, c'était hier. Car cet hiver, chacun a redoublé d'efforts, travaillé à améliorer les points faibles, renforcer les atouts.

"Il est toujours difficile de savoir exactement où chacun en est avant la confrontation sur le terrain, estime Pierre Dupasquier, directeur de la compétition de Michelin. Néanmoins, nos partenaires ont pu atteindre leurs objectifs en terme de performance. Et pas mal de nos nouvelles spécifications ont donné des résultats intéressants".

"En résumé nous sommes confiants même si dans la course au titre, cela va être une autre affaire, poursuit Dupasquier. Il y a sept ou huit pilotes Michelin capables de viser les podiums ou la victoire à chaque course, chacun prenant des points aux autres. Sur la saison, cela peut bénéficier à nos rivaux qui ne sont que deux (Barrichello et Michael Schumacher) à pouvoir se battre pour un succès en Grand Prix. Alors, attendons..."

"Relations plus étroites"

Vendredi midi, après la première séance d'essais libres, Pierre Dupasquier, comme au sein des adversaires de la Scuderia, était groggy face à l'insolente domination du pilote allemand, des Ferrari. Si l'écart restait encore important l'après-midi, le moral était quelque peu remonté, et un peu plus encore après les qualifications du samedi.

"Notre objectif cette saison est de fournir à nos partenaires des pneus capables de gagner le titre mondial. Mais il serait irréaliste de dire que nous gagnerons même si nos produits sont capables de le faire", annonce Pascal Vasselon, responsable du programme F1 de Michelin.

Chez Bridgestone en revanche, le ton est plus catégorique. "Mon objectif est clairement de conserver les deux titres mondiaux pilotes et constructeurs", clame en effet Hirode Hamashima. Depuis 2000, les Japonais, Ferrari et Michael Schumacher ont effectivement tout raflé.

Pour le pilote allemand, comme pour Rubens Barrichello, Bridgestone a tout mis en oeuvre pour les aider à s'imposer une nouvelle fois. "Ils ont progressé et nos relations sont encore plus étroites qu'avant", annonçait un Michael Schumacher plus confiant que jamais à Melbourne.