Le terrible accident impliquant le pilote de Formule 1 Jules Bianchi a été le plus important sujet d’actualité de l’univers du sport automobile durant la dernière semaine, et avec raison.

La monoplace du jeune pilote français a percuté de plein fouet un engin de dépannage lors du Grand Prix du Japon. Une scène des plus difficiles à regarder, il va sans dire. Comme c’est le cas pour la plupart des accidents se produisant dans notre sport, j’ai la conviction qu’il est préférable d’attendre les résultats de l’enquête avant de se prononcer avec certitude ou de jeter le blâme à gauche et à droite.

Toute la semaine, j’ai entendu et lu des critiques formulées à l’endroit des dirigeants de la FIA et envers le commissaire de l’épreuve. Sans avoir toutes les données à notre disposition, il est difficile de poser un jugement définitif.  

Nonobstant des décisions qui découleront de l’incident, je m’attends à ce que certains changements soient apportés. Il faudra réévaluer la façon de sortir les véhicules endommagés des circuits, tout comme l’utilisation des drapeaux servant à récupérer ces voitures de manière à ce que côté sécurité, le tout soit fait de façon optimale.

Sincèrement, je crois que la Formule 1, tout comme le NASCAR, met tout en œuvre afin d’améliorer la sécurité. Chaque fois qu’une faiblesse est identifiée, on fait rapidement les modifications qui s’imposent. Dans le cas de Bianchi, il faudra répondre à plusieurs interrogations : le moteur se serait-il emballé en raison (notamment) des nouvelles technologies? J’ai trouvé la force de l’impact anormalement élevée. Essayait-il de rattraper le peloton, espérant que le drapeau jaune lui permettrait de se rapprocher alors que certaines voitures faisaient leur entrée dans les puits? A-t-il pensé, ayant vu un drapeau vert agité par le contrôleur de la tour la plus près de la voiture endommagée d’Adrian Sutil, qu’il pouvait maintenir la cadence à la sortie du virage? L’enquête se chargera de faire la lumière là-dessus.

Étant donné qu’un véritable déluge se déversait sur Suzuka, plusieurs ont avancé après les faits que les dirigeants auraient eu intérêt à devancer de quelques heures l’épreuve, voire même de procéder à son annulation. Je ne pense que de telles avenues étaient envisageables. Après tout, un Grand Prix de F1 est un événement d’envergure mondial, télédiffusé en direct. C’est extrêmement complexe de modifier l’heure de présentation pour cette simple et bonne raison. NASCAR se montre tout aussi intransigeant à cet égard pour les mêmes raisons.

Lorsqu'on observe sur les radars météo qu’une pluie diluvienne approche le secteur, il arrive de temps à autre que le départ soit devancé de 5 à 10 minutes, mais jamais plus que cela. Ils voient venir les intempéries, mais de déplacer l’épreuve d’une heure, c’est hors de question. Ce n’est pas comme une course locale qui jouit d’une plus grande flexibilité.

Et comme Lewis Hamilton l’a mentionné, certaines voitures, dont la sienne, avaient de l’adhérence à la piste malgré le fait qu’elle était mouillée. Il ne faut pas se leurrer cependant, les pilotes des écuries Marussia, Sauber et autres équipes de fond de grille ne sont pas aussi bien outillées pour résister à cela. Leur voiture colle beaucoup moins à la piste qu’une Mercedes, donc tout est relatif. Par expérience, je sais pertinemment qu’en IndyCar et en NASCAR, celui qui roule en 20e ou 25e position a pas mal plus chaud, et travaille passablement plus fort que les pilotes se trouvant au peloton! Simplement dit, la voiture est plus imprévisible. Si par malheur la monoplace aboutit sur le gazon, une surface hyper glissante, celle-ci accélère pratiquement. Il n’y a aucun ralentissement possible, peu importe les qualités de pilotage de l’athlète.

Au final, on ne peut pas annuler la tenue des courses en raison de la pluie. Ce qui est survenu est extrêmement malheureux, mais ça demeure du sport automobile. Il existe des solutions plus logiques de retirer les voitures et d’utiliser des grues en réduisant le danger encouru. Au cours des prochaines semaines, la FIA aura le mandat de mettre en application ces solutions.

Quelle course excitante à Kansas!

Sur une note plus légère, la course de samedi en Chase a une de fois plus été des plus fertiles en rebondissements. Je vous avoue que j’avais carrément le menton au sol d’assister au déroulement de la course au Kansas Speedway, remportée par Joey Logano.

La grande vedette, Joey Logano

Grâce à l’incroyable rapidité de sa voiture Penske, Logano est en bonne posture pour continuer d’étonner durant ce championnat. Il allie constance et performance de formidable manière depuis quelque temps.

En dépit de la grande puissance des voitures Hendrick, il est fascinant de constater que les quatre pilotes de l’équipe font face à l’élimination. Des cinq voitures qui risquent de ne pas passer à l’avant-dernière manche, on retrouve Jeff Gordon, Kasey Kahne, Dale Earnhardt Jr et Jimmie Johnson. Qui l’eut cru? Le cinquième membre de ce groupe est Brad Keselowski. Bien franchement, il y a quelques semaines à peine, plusieurs observateurs voyaient ces cinq pilotes comme les plus sérieux prétendants au titre… Comme quoi le nouveau système implanté en Coupe Sprint offre des épreuves rocambolesques au possible!

Du nombre, Johnson, présentement en dernière place, est probablement celui qui a le moins de chances de renverser la vapeur. Malgré son expérience et son talent, Jimmie éprouve énormément de difficultés à apprivoiser les techniques de pilotage qui permettraient à cette voiture Hendrick de rapporter des dividendes. Les ennuis récents de Kahne m’inquiètent beaucoup lui aussi.

À l’opposé, j’aime les chances de Keselowski de remonter la pente, lui qui a connu des ennuis de pneumatiques lors de la dernière course. Il ne faudrait pas commettre l’erreur de compter Earnhardt pour battu non plus. Force est d’admettre cependant que le temps presse.

* Propos recueillis par Maxime Desroches