Je reviens de la course de la série Canadian Tire courue sur l’ovale d’un tiers de mille d’Antigonish en Nouvelle-Écosse, avec son bol relevé du genre Bristol. Scott Steckly a dominé la course devant Marc-Antoine Camirand (parti 13e et remonté jusqu’à la deuxièmeplace au final) et Jean-Francois Dumoulin, parti 15e et cinquième à l’arrivée.

On parlait beaucoup en début de saison de ces deux spécialistes sur circuits routiers qui auraient besoin d’une saison d’apprentissage sur pistes ovales avant d’y faire leur marque. Avec deux courses à faire dans la série NASCAR Canadian Tire, le bilan pour ces deux pilotes est plus que positif : le pilotage sur ovales ne tient plus de secrets pour les deux pilotes, et il leur reste à accumuler de l’expérience en mise au point des suspensions et sur les relances pour rejoindre les vieux loups comme Scott Steckly, JD Kennington ou Andrew Ranger. Ce manque d’expérience leur coûte cher surtout lors des essais et qualifications, mais leur perspicacité en course et une excellente gestion par le chef d’équipe leur permet maintenant d’extraire le maximum de leurs machines à chaque sortie.

La course sur ovale demeure un sport d’équipe intense au possible, où chacun doit accomplir son boulot à la perfection et en un temps minimum, qu’il s’agisse de changer un ressort lors des essais ou de s’occuper des pneus lors d’un arrêt en course. Les deux pilotes se sont parfaitement intégrés à leur équipe respective de six à dix spécialistes à chaque course.   

Tout au long de cette saison, nous avons pu observer que le pilotage rapide est un don que certains, comme Marc-Antoine et Jean-Francois, ont en surplus, quelle que soit la nature de la piste. Les différences entre courir sur circuit routier ou ovale se situent surtout à un niveau plus cérébral : stratégie de course et quand arrêter pour pneu, carburant et réglages, gestion des pneus et freins, exactitude de la terminologie utilisée entre le pilote, l’observateur (Spotter) et le chef d’équipe (Crew Chief), optimisation des réglages lors des arrêts pour toutes les situations de course (long relai, relai plus court, relance, efficacité sur pneus froids, anticipation de l’évolution de l’adhérence de la piste et de la tenue de route de la voiture lors du prochain relai, doubler sans accroc un pilote qui résiste, résister à un pilote un peu plus rapide, perdre le moins de temps possible en doublant les plus lents, en plus de ménager ses pneus et ses freins pour être plus rapide en fin de course. Ces facteurs sont amplifiés sur piste ovale en raison du nombre élevé de voitures sur un circuit beaucoup plus court qu’un circuit routier typique.

Il devient rapidement très clair que l’élément essentiel d’une telle transformation est une équipe qui sait communiquer efficacement, surtout le chef d’équipe et l’observateur, et une habilité de la part du pilote à apprendre un nouveau langage technique et à bien communiquer ce qu’il ressent du comportement de la voiture.

La commande est énorme, et on a vu dès le début de la saison que les pilotes et leurs équipes respectives - White Motorsports et le chef d’équipe Robin McCluskey, et King Autosport et le chef d’équipe Éric Laperle - ont su créer la potion magique et continuent à s’améliorer à chaque sortie. Tous les membres connaissent leurs responsabilités et savent travailler rapidement et sans faute dans l’atelier comme lors des essais et de chaque course.

L’évolution chez Marc-Antoine et Jean-Francois est telle que les deux admettent s’amuser au maximum sur pistes ovales. Comme le dit Camirand, « Je ne croyais jamais au début de la saison m’entendre dire que j’ai hâte à la prochaine course sur piste ovale... » Et à JF Dumoulin d’ajouter que « l’intensité de tous les instants, la proximité prolongée des concurrents et le besoin de comprendre ce qui se passe autour de moi et dans toute la course me plaisent au maximum. Je suis maintenant un inconditionnel de l’ovale. »

D’autres pilotes du top niveau chez nous ont déjà réussi la transformation, comme L-P Dumoulin, Andrew Ranger et Alex Tagliani. Gageons que d’autres suivront lorsqu’ils auront leur chance de faire la transition avec, on l’espère, les budgets nécessaires et de bonnes équipes.