Si on avait déjà une bonne idée de la remarquable domination de Jimmie Johnson sur les circuits d’un mile et demi, l’épreuve disputée samedi dernier à Kansas City nous en a fourni une autre preuve tangible. Le coureur de l’équipe Hendrick Motorsports est tout simplement fabuleux sur cette distance depuis le début du calendrier, ayant enlevé les honneurs trois des quatre courses jusqu’à présent. Et puisque c’est le circuit typique en NASCAR, cette domination devient d’autant plus significative.

Parti de la 19^e position sur la grille de départ lors du Spongebob Squarepants 400, le vétéran pilote de 39 ans a épaté la galerie de nouveau par la rapidité de sa voiture, mais surtout, en misant sur des choix tactiques éclairés.

Ce qui est fascinant avec Johnson, c’est sa propension à revenir de l’arrière pour coiffer tout le monde à l’arrivée. Même s’il s’est retrouvé en toute fin de peloton à un certain moment, il n’a jamais paniqué et a fait confiance à la stratégie élaborée avec son chef d’équipe Chaud Knaus, celle de poursuivre sur de vieux pneus, un choix qui s’est avéré judicieux, surtout qu’il allait à l’encontre de ses rivaux.

Johnson rappelait en entrevue d’après-course que lors de ses championnats précédents en Sprint, c’est souvent au plan tactique que le tout s’est joué. C’est rendu de plus en plus complexe de se distinguer des autres à ce chapitre, mais il le réussit néanmoins!

Autre confirmation lors de l’épreuve de la fin de semaine dernière : Chevrolet possède bel et bien une importante longueur d’avance sur ses compétiteurs Ford et Toyota. La puissance du moteur, lorsqu’elle est combinée à l’intelligence des équipes figurant au sommet – Hendrick et Stewart-Haas Racing – fait une différence notable dans les performances. Cette combinaison risque d’être difficile, voire même impossible à contrer lors des 15 épreuves restantes à l’agenda en Coupe Sprint.

La différence majeure dans le niveau de compétitivité réside dans le fait que Totoya et Ford comptent sur une seule équipe de pointe, versus plusieurs équipes moyennes. Elles partent nécessairement désavantagées par rapport à Chevrolet, qui en plus des équipes déjà mentionnées, fournit aussi Richard-Childress Racing.

La révélation du début d’année

Après la tenue des 11 premières  épreuves sur un total de 26, un groupe de pilotes plus ou moins distinct commence à se distancer des autres au classement général. Parmi le top-10 des aux points, on retrouve en neuvième position celui qui constitue à mon avis la révélation de cette saison en Sprint, soit le vétéran Martin Truex Jr. Bien qu’il n’ait pas encore de victoire à sa fiche, on est à des années lumières de la saison ordinaire qu’il avait connue l’an dernier.

À 35 ans, c’est tout un virage à 180 degrés qu’il a entrepris pour se hisser parmi les prétendants semaine après semaine! Il reste néanmoins que Truex Jr doit prouver sa capacité à suivre le tempo en fin de course. Plus le moindre doute subsiste qu’il est en mesure de mener certaines portions de courses, mais peut-il garder la pédale au plancher et tenir tête aux Johnson et Kevin Harvick dans le dernier droit? Cette question demeure en suspens à la lumière de ce qu’il a accompli durant les premiers mois.

Je dois cependant m’incliner devant sa régularité, qui est plutôt remarquable pour un pilote qu’on ne voyait pas parmi l’élite. Ses deux présences dans le top-5 et ses 10 présences parmi les 10 premiers sont tout à son honneur. L’avantage pour Truex Jr est que si les pilotes de tête, les Johnson, Harvick, Joey Logano et Brad Keselowski, continuent d’accumuler les victoires, ça lui laisse une porte entrouverte pour participer à la Chase seulement en vertu de ses points.

Busch sera à Charlotte

Après qu’il ait laissé sous-entendre récemment que son retour était imminent, Kyle Busch a confirmé en début de semaine qu’il courra lors de l’All-Star Race de Charlotte, lui qui revient d’une longue convalescence après s’être infligé une fracture à la jambe droite et une deuxième au pied gauche en février.

Je suis persuadé que de voir Erik Jones faire tourner des têtes par son pilotage à Kansas a dû être l’élément de motivation supplémentaire pour voir Busch réintégrer l’action. Dans une décision qui n’a pas fait l’unanimité, il a obtenu une dérogation des dirigeants de NASCAR afin d’être admissible à la Chase même s’il a raté les 11 premières courses, alors que le règlement stipule que le maximum d’épreuves manquées est de deux.

Le verdict qu’a rendu le NASCAR dans ce dossier s’explique par le fait que les dirigeants ont admis leurs torts pour les circonstances de la blessure subie par Busch sur le circuit Daytona International Speedway. Selon le rapport publié, les mesures de sécurité mises en place étaient inadéquates, et une barrière de sécurité aurait prévenu, du moins en partie, cet incident. Le défi reste entier pour Busch, qui doit terminer parmi le top-30 aux points ou remporter une course afin d’entrer en Chase. L’adaptation aux nouveaux règlements en ce qui a trait à l’aérodynamisme sera intéressante à suivre. Mais je ne suis pas trop inquiet pour lui… Chose certaine, qu’on l’apprécie ou non, pour la qualité du spectacle offert, les amateurs de NASCAR auraient tout intérêt à voir Kyle Busch réussir!

* Propos recueillis par Maxime Desroches