Danica Patrick a été très impressionnante au Daytona 500, mais il faut demeurer terre-à-terre dans son cas. Elle aura fort à faire pour garder la cadence, et ça commence dimanche, sur l’ovale de Phoenix.

C’est sans aucun doute l’Américaine de 30 ans qui a volé la vedette lors de la première épreuve de la saison en Coupe Sprint. Une huitième place, c’est un résultat très satisfaisant, très impressionnant même. Je vous rappelle que c’est Jimmy Johnson qui a gagné l’épreuve, mais pourtant, on avait de bons mots que pour Danica. À vrai dire, elle a connu une semaine quasiment parfaite. Elle disposait d’une excellente voiture pour se tenir à l’avant et elle a suivi son plan de course à la lettre. Elle s’est montrée très patiente dans un tourbillon de pression.

Les mauvaises langues diront qu’elle n’a pu maintenir sa troisième place au dernier tour, mais c’est facile à dire assis dans son salon. En NASCAR, chaque fin de course est difficile. Les pilotes deviennent plus agressifs et l’expérience entre en ligne de compte. Si Danica avait opté pour descendre vers le bas de la piste, pendant que Dale Earnhardt fils montait, elle aurait pu être « poussée » par son rival jusqu’à une possible victoire. Ce n’est pas le scénario qui s’est produit.

Place à la sixième génération

Est-ce que Danica Patrick pourra garder le rythme avec les meilleurs pilotes tout au long de la saison? Non, c’est impossible. Si elle y parvient, on pourra dire qu’elle s’affirme comme un véritable phénomène. Ce qu’elle a déjà accompli, c’est fantastique. Les autres pilotes ont eu l'occasion de la connaître sur un « Super Speedway ». La prochaine fois, elle pourrait peut-être miser sur un petit coup de main des autres pilotes.

Le problème, c’est que la saison se transporte sur des circuits courts. À Daytona, les voitures se suivaient à la queue leu leu. Danica aura un défi complètement différent à Phoenix dimanche. Après un circuit de 2,5 miles (4,17 km), on se battra sur un tracé d’un mile (1,6 km). Oui, déjà, on va séparer les hommes des enfants, ou les femmes des enfants selon le cas!

Le degré de difficulté à Phoenix sera plus élevé. En réalité, tout change complètement! La voiture n’est plus la même. Oublions la voiture utilisée à Daytona, c’est du passé. Les châssis ne sont pas pareils. Il n’y a rien de pareil. C’est là que les changements et le progrès de la sixième génération de voitures deviendront très excitants à observer. Les 150 livres de moins sur une voiture feront une grosse différence. Ça permet notamment à Goodyear de faire des pneus plus mous pour accentuer la vitesse des voitures. Sur les grands circuits, NASCAR rencontrera les équipes une par une pour améliorer la performance des bolides. Bref, je crois fermement que les records de piste tomberont tout au long de la saison.

En course, il y aura aussi une grosse différence de performance entre les pilotes qui sortiront des puits avec des pneus neufs et ceux qui rouleront plus longtemps avec leurs pneus usés. Une gomme plus molle glisse beaucoup plus lorsqu’elle est usée. Ce sera synonyme d'une flagrante disparité entre les pilotes qui sortiront des puits et ceux qui prolongeront l’existence de vie de leur train de pneus. Je ne me plains pas, ça va mettre de l’action!

Autre chose, ce sera intéressant de voir les résultats de l’ajout d’appui aérodynamique sur les voitures. D’après moi, ce sera plus facile de risquer des dépassements ou de rouler côte à côte. À Phoenix, nous devrions assister à un spectacle à la hauteur de la sixième génération de voiture. Un spectacle qui récompensera davantage des pilotes plus agressifs. Je pense notamment aux Juan Pablo Montoya, Kasey Kahne ou Kyle Busch. N’oublions pas que l'ovale de Phoenix est un circuit extrêmement serré. Il n’y a pas beaucoup de place à l’erreur. Si un pilote figure dans le chemin d’un adversaire, il va se faire sortir de piste! C’est là que les recrues, comme Danica, peuvent payer le prix.

D’ailleurs, ma première course en NASCAR, c’était à Phoenix. J’avais réussi à qualifier la voiture de justesse pour la course. Évidemment, j’étais content. Mais lors de l’épreuve, je dois avoir frappé le muret de béton à la sortie du deuxième virage au moins une dizaine de fois! Je vous le dis, on manque de place avec 43 voitures sur ce type de tracé. C’est un autre univers que celui du Daytona. Si Danica roule à l’avant à Phoenix, ce sera phénoménal.

En passant, je n’ai rien contre elle, mais il ne faut pas qu’elle vole la vedette chaque fois. J’espère qu’elle ne deviendra pas plus grande que son sport. Je m’explique. Lorsqu’une « superstar » vient à quitter sa discipline, le sport en souffre beaucoup. Un peu comme ç’a été le cas en IRL. Oui, NASCAR doit poursuivre la promotion de Danica, mais sans oublier les autres pilotes de pointe d’un plateau déjà bien garni. Ce serait hyper dangereux pour ce sport de mettre tous ses œufs dans le même panier.

Accident presque fatal, « pour le show »

On ne peut jamais prédire des incidents de course comme le terrible accrochage survenu en Nationwide, samedi. L’un des gros dangers en NASCAR, c’est l’accès qu’on offre aux spectateurs pour faire la rencontre des pilotes. Le sport se vend beaucoup par l’entremise de ce privilège. Ces ouvertures dans la clôture sont les seules façons de rencontrer les pilotes avant le début de la course. Ça fait partie du gros « show » de NASCAR. Le circuit est bondé de gens, avant que la course ne prenne toute la place.

Éventuellement, NASCAR n’aura possiblement pas le choix d’enrayer ces accès. Selon moi, c’est pour cette raison que le véhicule de Regan Smith a été scindé en deux et les spectateurs n’ont pas été épargnés. Les roues ont bien beau être attachées après la voiture, mais lorsque le châssis est coupé en deux, il n’y a plus rien à faire.

Malheureusement, trois des spectateurs blessés ont engagé une firme d’avocats dans le but probable d’intenter une poursuite contre NASCAR. Mais ça ne veut pas dire qu’ils vont gagner leur cause.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau