Trois-Rivières est vraiment une belle place pour y tenir des courses. C'est une place magique qui a lancé plusieurs carrières de pilotes québécois sur la scène internationale. J'ai plein de souvenirs. En course automobile, Trois-Rivières est le petit Monaco du Québec.

On m'a invité à quelques reprises à y participer cette année, mais j'ai moins le désir de faire de la compétition parce que je suis à la retraite.

Comme pour d'autres, Trois-Rivières a été un tremplin important pour moi, particulièrement la fin de semaine où j'ai gagné deux courses. À l'époque, la course automobile était vraiment très populaire au Québec. Il faut dire que la filiale Player's était très active pour faire graduer les pilotes. Ils sont nombreux les Québécois qui sont passés par cette équipe.

Player's investissait des millions dans le sport automobile et c'était sans égal. Jacques Villeneuve et Alex Tagliani, qui seront à Trois-Rivières en fin de semaine, sont passés par cette branche. Ce serait vraiment plaisant si un jour on parvenait à relancer une autre équipe du genre pour permettre aux pilotes d'ici de grimper les échelons plus facilement. Player's avait mis des années à bâtir cette filiale. Quand la loi contre la publicité sur le tabac est entrée en vigueur, Player's avait tenté de trouver une entreprise pour prendre la relève, mais sans succès. C'était dommage parce que l'équipe était formée et établie. La machine était bien huilée et l'engouement pour le sport était à son plus haut.

En plus de moi, Tag et Jacques, il y a eu des gars comme Claude Bourbonnais et Bertrand Godin qui ont profité de cette structure. Au Canada, il y a eu Greg Moore et Paul Tracy.

Je me considère chanceux d'avoir fait partie de la filiale Player's pendant huit ans dans des conditions que je ne verrai plus jamais. Tag, de son côté, est arrivé dans les dernières années du programme.

Pendant tout le week-end, toute la ville de Trois-Rivières sera derrière les pilotes. C'est vraiment un événement spécial, une fête dans la ville qui fait partie des traditions. Le directeur général Dominic Fugère et son équipe font tout un travail. Il s'agit du seul vrai événement automobile au Québec. Pour un gars d'ici, simplement d'y participer est un événement. Quand tu franchis la porte d'arche, toute l'histoire et les tous les fantômes de l'événement nous reviennent en mémoire.

Quelques gros noms d'ici

Les amateurs de course pourront voir à l'oeuvre de nombreux pilotes du Québec dans les différentes catégories. Certains sont plus connus que d'autres alors que certains deviendront connus avec le temps.

Jacques Villeneuve a quitté l'Europe pour participer à l'épreuve. Je pense qu'il le fait par passion. Son amour pour la course automobile ne se dément pas, mais je pense qu'il n'a rien à gagner en venant faire la course à Trois-Rivières. Cet ancien champion du monde de F1 a quand même du courage de descendre dans des catégories inférieures simplement pour le plaisir de la course. Sa passion pour la course doit être très élevée.

Je maintiens toutefois qu'il n'a rien à gagner en y participant. Ce n'est pas cette course qui va relancer sa carrière. S'il se fait battre, ça va juste enlever encore un peu de lustre à la grande carrière qu'il a connue.

Comme Jacques, Alex Tagliani est à Trois-Rivières parce qu'il aime courir. Leur passion doit être plus grande que la mienne.

Pour Tag, la fin de semaine risque d'être moins plaisante. Il sait qu'on lui posera beaucoup de questions sur la perte de son volant en Indycar. Il ne devait pas s'attendre à perdre sa place chez Barracuda quand il a accepté il y a quelques mois de courir en Mauricie. Je lui conseille de sauter dans la voiture avec le but de se changer les idées et de s'amuser.

L'événement pourrait permettre au jeune Alex Guénette de se faire voir et se faire connaître. Il est encore très jeune, mais il vient de terminer au deuxième rang à St-Eustache dans la série Canadian Tire, un championnat très relevé. Il est âgé de 17 ans et cette fin de semaine pourrait être un tremplin pour lui.

De son côté, Andrew Ranger va se pointer à Trois-Rivières gonflé à bloc, d'autant plus qu'il vivra un programme double avec une course samedi en Nationwide dans l'État de New York. Je suis persuadé qu'il va adorer le défi que lui offre la Mauricie, car il devra prendre le départ en dernière position puisqu'il ne pourra pas participer aux qualifications.

Samedi, il sera à Watkins Glen pour l'épreuve Nationwide. C'est Didier Schraenen qui sera dans sa voiture lors des qualifications en Canadian Tire, mais il partira dernier de toute façon.

Une fracture qui arrive au mauvais moment

Avec quatre courses à faire avant le début de la Chase en Nascar, Tony Stewart a subi une fracture de la jambe droite lors d'un accident et il sera absent en fin de semaine à Watkins Glen. C'est une blessure qui arrive à un bien mauvais moment pour celui qui tente de qualifier sa voiture pour le championnat de fin d'année.

Stewart aurait intérêt à jouer la carte de la prudence à l'avenir. C'est la troisième semaine de suite où il est impliqué dans un accident. D'autres ont eu moins de chance que lui cette saison. Le dernier en liste est Kramer Williamson, un grand nom en série Sprint, qui s'est tué dimanche lors d'une course au Lincoln Speedway à Abbottstown en Pennsylvanie.

Quand il a été questionné par les médias sur sa témérité en piste, Stewart, un brin arrogant, avait simplement dit que ça faisait partie des risques de la course automobile en prenant soin de dire aux journalistes qu'ils ne connaissaient rien. Ironiquement, Williamson se tuait peu de temps après.

Comme Stewart est propriétaire de son équipe, il n'y a personne pour lui dire de faire attention et le ramener à l'ordre. Cette grave blessure va le tenir à l'écart et risque de lui faire perdre sa place dans la Chase. Si c'est le cas, les commanditaires vont lui reprocher d'avoir manqué le championnat de fin de saison et en fin de compte, ça pourrait lui coûter d'importants revenus.

Pour le remplacer, Stewart pourrait se tourner vers un vétéran comme Boris Said, Ron Fellows ou un autre spécialiste des circuits routiers. Nelson Piquet fils pourrait intéresser l'équipe également.

La tâche est ingrate pour un pilote de remplacement. Je le sais puisque j'en étais un à la fin de ma carrière. Les courses sont tellement compétitives qu'il est presque impossible pour un remplaçant de gagner. C'est difficile d'être à la hauteur contre des pilotes qui conduisent quatre ou cinq fois par semaine.

*propos recueillis par Robert Latendresse