L'épreuve remportée par Brad Keselowski au Kentucky Speedway dimanche dernier a été le théâtre de plusieurs rebondissements en raison des nombreux pneus qui ont éclaté.

Le pavage de cette piste remonte a il y a 14 ans et plusieurs bosses agrémentent le circuit, ce qui est de nature à offrir un spectacle relevé. Certains pilotes aiment, d'autres pas. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu autant de pneus éclater avec Goodyear, qui avait réussi à remédier à la situation.

À la défense de Goodyear, la nouvelle réglementation permet aux équipes d'abaisser les voitures, ce qui les rend nettement plus rapides. Il n'est donc pas étonnant de voir s'établir de nombreux records de piste.

Les nombreuses bosses sur la piste du Kentucky Speedway auraient pu être dangereuses. Il y a quelques semaines, Brian Vickers avait eu un bris de suspension à l'avant droit lors d'essais sur ce circuit et il avait dit que c'était la première fois de sa carrière que ça frappait aussi fort. Alors j'imagine que c'était la même chose pour les gars en fin de semaine.

Cette histoire de pistes bosselées se répète sur la grande majorité des circuits. Je pense que ce n'est pas tant les pneus que les vitesses que peuvent maintenant atteindre les bolides qui rendent les courses dangereuses. Dans le cas du Kentucky Speedway, il faudrait tout reconstruire à zéro pour rendre la piste en parfaites conditions. La moins onéreuse des solutions serait de simplement colmater les trous et les bonnes parce que si on recommence le tout, il faudrait refaire les drains qui avaient été mal faits à l'origine. Ça coûterait une fortune.

Cette problématique est propre à la série Sprint. La série Nationwide court sur les mêmes pistes et utilise les mêmes pneus sans problème, car les vitesses sont moins grandes. C'est simple, on ne dépasse pas la capacité du pneu dans cette série.

Je me souviens qu'on avait eu des problèmes similaires en Indycar quand les voitures avaient atteint des vitesses folles.

Les rivalités font les bonnes pour les équipes

Keselowski et Joey Logano sont dans la même équipe et les deux pilotes se livrent une lutte qui pousse chacun d'entre eux à se dépasser. Il y a Ryan Newman chez Childress qui se fait pousser dans le dos par Paul Menard, qui connaît de meilleurs résultats. On dirait que la situation a d'ailleurs semblé réveiller Newman, qui a terminé troisième lors de la dernière course.

Une rivalité entre coéquipiers allume toujours le bâton de dynamite. Quand il y a une vraie rivalité chez les coéquipiers, c'est bénéfique pour l'équipe. Keselowski et Logano, qui ont tous les deux des voitures performantes, se livrent vraiment une chaude lutte.

J'ai vécu cette situation à l'époque de la série Player's avec Alexandre Tagliani. Des fois, les coéquipiers sont de grands chums, mais c'est très rare parce que le but premier est de finir premier.

Comme pilote, le premier adversaire que tu veux battre, c'est ton coéquipier parce que tout le monde te compare à lui puisque vous avez tous les deux le même genre de voiture. En Formule Un par exemple, les pilotes des écuries de fond de grille ne peuvent que se comparer qu'avec leur équipier.

La rivalité entre moi et Tag était particulière parce que nous étions deux Québécois dans le même marché. En plus, on vient de la même région. C'était plus facile pour moi quand j'ai fait équipe avec Paul Tracy, qui vient de Toronto. En dehors des courses, moi et Alex étions de bons chums.

Moi et Tag, on s'est accrochés souvent en piste lors des courses ou lors des qualifications. Parfois, il m'accusait de lui bloquer le chemin. On avait parfois de bonnes obstinations parce que le but était de déterminer celui qui aurait les faveurs de Player's. A l'époque, il y avait beaucoup de pression.

À part une seule fois, je n'ai jamais participé à une stratégie d'équipe pour favoriser quelqu'un. L'unique fois où ça s'est produit, c'était lorsque Tracy était en bonne position pour enlever le championnat et là j'avais travaillé pour lui.

La compétition faisait partie de la game. Aujourd'hui, on a moins l'occasion de se parler régulièrement moi et Tag, mais à l'époque on a souvent fait la fête ensemble en équipe chez moi.

On retourne à Daytona

La prochaine course de la série Nascar sera présentée à Daytona, sur la même piste où s'est élancée la saison, mais avec une réalité vraiment différente. En raison des températures plus hautes que lors du début de la saison, la piste sera plus glissante.

Ce circuit devrait être favorable à un pilote comme Tony Stewart, que j'espère voir rebondir, lui qui semble éprouver des ennuis depuis son accident. J'ai hâte de voir si le circuit va lui apporter plus de chance.

Je suis persuadé que nous aurons droit à une fin de calendrier endiablée afin de déterminer les participants à la Chase dont les 16 places seront déterminées selon les gagnants des courses et si on n'arrive pas à avoir au moins 16 gagnants différents, c'est le classement général qui déterminera ceux qui auront leur billet pour les éliminatoires.

Cette situation pourrait inciter des pilotes à favoriser leur place au classement plutôt que de chercher la victoire. Un gars comme Matt Kenseth par exemple pourrait chercher à protéger sa place, lui qui arrive au premier rang des points parmi ceux qui n'ont pas savouré la victoire. Il pourrait donc adopter une stratégie plus conservatrice.

Les choses se corsent et s'annoncent enlevantes jusqu'à la fin alors que les pilotes peuvent jouer sur les deux tableaux. Actuellement, dix pilotes ont des victoires, il reste donc six places à combler pour la Chase.

*propos recueillis par Robert Latendresse