Les amoureux du Nascar adorent les belles histoires et celle de la famille Earnhardt continue d'inspirer les plus beaux contes dans le monde de l'automobile.

Au cours du dernier week-end, Dale Earnhardt fils a signé une sixième victoire en carrière sur le bitume du Talladega Superspeedway là où son père, le légendaire Dale Earnhardt, a triomphé dix fois.

Les amateurs américains de courses vénèrent cette famille.

Le fils est une personne d'une extrême sincérité et chacune de ses victoires est euphorique. Toutes les fois qu'il franchit la ligne d'arrivée en premier, on ressent sa joie et ses émotions d'avoir gagné. Chacune de ses victoires est toujours spéciale et c'est pour cette raison qu'il est tant aimé du public. À l'opposé, ses défaites sont également douloureuses. On sent que les amateurs vivent ses émotions et ressentent ses frustrations. Ce triomphe s'est produit quelques jours après la date de l'anniversaire de son père, qui est décédé en piste à Daytona Beach en février 2001, ce qui rendait cette victoire encore plus émotive.

La famille Earnhardt est adulée au sud de la frontière où la Junior nation a pris naissance. Le nom est tellement important pour la série que Nascar doit s'inquiéter du jour où le nom de cette famille ne résonnera plus dans les haut-parleurs des pistes de course.

Tout est parti du paternel. Le nom Earnhardt est magique et son poids pèse lourd sur la série. Tranquillement, le fils commence à faire sa place en accumulant les victoires. Son nouveau chef d'équipe Greg Ives était tout aussi ému par cette conquête, qu'il avait les larmes aux yeux dimanche. Selon plusieurs observateurs, il n'y a rien de plus difficile dans le sport automobile en Amérique du Nord que d'être le chef d'équipe de Dale Earnhardt. La pression est forte d'être associée à ce nom et c'est pour cette raison que Steve Letarte avait laissé tomber le poste pour devenir analyste à la télévision.

Le fils répond très bien aux ambitions placées en lui depuis le départ soudain de son père. Il répond à cette pression épouvantable et il ne cesse d'apprendre. Depuis le début de la saison, il démontre une belle constance et il est dans la course à chacune des épreuves, quoiqu’en fin de semaine, je suis persuadé qu'il a obtenu de l'aide en piste de Jimmie Johnson même si c'est interdit. D'ailleurs, de nombreuses critiques se font entendre aux quatre coins des États-Unis. Selon moi, Johnson a cherché à protéger la victoire de junior en fin d'épreuve. Personne publiquement ne va le dire pour éviter qu'on revive un spingate de Michael Waltrip en 2003, mais de toute évidence, il y a eu collusion en piste.

En piste, ça va être difficile pour Dale Earnhardt fils de dépasser son papa, car comme dans les autres sports, il est difficile de comparer les époques entre elles. La Chase est vraiment différente et on ne peut plus la gager par constance comme c’était le cas avant. Contrairement à l'époque du paternel, il est très difficile d'avoir le même champion année après année. C'est beaucoup plus complexe de nos jours d'enfiler les championnats. À l'époque, un pilote pouvait gagner le championnat avec les points, mais les modifications apportées à la Chase ont changé les choses considérablement.

Mon bilan des dix premières courses

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les voitures d'Hendrick Motorsports demeurent une force. Ce sont encore les principaux joueurs qui dominent le haut du classement. Outre Hendrick Motorsports, il y a Penske, Joe Gibbs Racing et Stewart Haas Racing qui affichent les plus beaux résultats.

Je pense qu'on devrait avoir à l'oeil Ryan Newman de Richard Childress Racing qui se retrouve régulièrement dans le Top-5 et dans le Top-10. Il roule régulièrement en avant et je pense qu'il sera à surveiller pour le reste de la saison.

Martin Truex m'impressionne cette année. Il occupe actuellement le deuxième rang au championnat même s'il n'a pas de victoire. Il a réalisé neuf Tops-10 en dix épreuves jusqu'ici. Il n'y a qu'à Bristol que cette écurie à une seule voiture, Furniture Row Racing, n'a pas terminé parmi les dix premiers.

À l'inverse, je suis vraiment déçu du travail de Tony Stewart. Son attitude et ses performances me déçoivent au plus haut point. Il n'est pas là du tout cette saison et si je me fie à une récente entrevue donnée aux États-Unis, il n'arrive pas à s'adapter à une voiture moins puissante. Depuis que la puissance des moteurs a été réduite, il n'arrive pas à gérer sa voiture. Stewart était habitué à un bolide trop puissant pour sa grosseur, mais la réglementation a changé les conditions de course.

Au fil des ans, les voitures sont passées de 850 à 725 chevaux-vapeur, ce qui est beaucoup pour une auto de course.

De retour en piste

Kyle Busch a piloté en Late Model durant la dernière fin de semaine pour retrouver son synchronisme, lui qui a été victime de deux fractures aux jambes ces derniers mois. Je pense qu'on va le retrouver derrière son volant Nascar beaucoup plus vite qu'on le pensait.

J'ai l'impression que Kyle commence à sentir la soupe chaude en voyant qu'Erik Jones, celui qui le remplacera en fin de semaine au Kansas, obtenir de bons résultats. Il sent la compétition et il n'aime pas ça du tout.

S'il parvient à courser en Late Model ça veut dire qu'il est capable de bien bouger ses pieds dans une épreuve exigeante en matière de freinage notamment. Je pense comprendre son impatience. Tant que Joe Gibbs Racing le remplaçait par David Ragan, il n'avait pas à s'inquiéter pour sa place, mais avec Jones derrière le volant, c'est autre chose parce que lui, il peut prétendre gagner une course.

Je peux comprendre Busch, car je serais inquiet si j'étais à sa place et je me dépêcherais de revenir.

La série Canadian Tire

Avec le beau temps qui est de retour, toutes les séries seront bientôt en activité, y compris le volet canadien de la série Nascar, qui amorcera ses activités le 17 mai au Motorsport Park. Encore une fois, quelques Québécois seront en piste notamment Jean-François et Louis-Philippe Dumoulin, Andrew Ranger et Alex Tagliani.

Beaucoup d'action en perspective pour les amateurs de courses.

*propos recueillis par Robert Latendresse