LE MANS - Peugeot, avec quatre 908 HDi-FAP sur les deux premières lignes de la grille de départ, repart à l'assaut contre Audi, qui aligne trois R15+ TDI, samedi à 13h00 GMT dans la Sarthe, pour une 78e édition des 24 Heures du Mans qui s'annonce palpitante.

"Le Mans, c'est un peu comme une partie d'échecs... sauf qu'on n'a pas le temps de réfléchir", résume Jürgen Pippig, le responsable de la communication Audi Sport. "Notre job, c'est de tout prévoir, mais il se passe toujours des choses imprévisibles, donc, tout se joue sur la rapidité et la justesse des réactions", dixit Olivier Quesnel, le patron de Peugeot Sport.

En 2008, Peugeot a eu tout faux en fin de course, en choisissant les mauvais pneus au mauvais moment. En 2009, les 908 ont eu (presque) tout juste et sont allées au bout, pour signer un doublé retentissant. La statue du Dr Ullrich, patron d'Audi Sport surnommé le seigneur des anneaux, a été provisoirement déboulonnée. Elle est prête à être remontée sur son socle.

Depuis mercredi et les premiers essais, cette 78e édition des 24 Heures ressemble aussi à une partie de poker entre des joueurs qui, au gré des séances, n'ont montré que quelques cartes, pour voir.

"On a déjà vu quelques atouts d'Audi, mais pas tous. C'est leur stratégie dans les stands, dès le début de la course, qui va nous permettre de mieux comprendre leur jeu", annonce Alex Wurz, vainqueur l'an dernier avec Marc Gené, qui porte donc le N.1 sur sa 908 aux rétroviseurs bleus.


Comme en 1969 ?

Dans la N.2, aux rétros blancs, il y aura les "M and M's", alias (Nicolas) Minassian, (Franck) Montagny et (Stéphane) Sarrazin, et dans la N.3, aux rétros rouges, il y aura l'auteur de la pole position, le Manceau Sébastien Bourdais, associé à Pedro "sexy" Lamy, son nouveau surnom, et Simon Pagenaud.

Les essais ont montré des Audi à deux facettes: pilotes très gênés dans des R15+ n'ayant qu'une seule course dans les roues et posant des problèmes de réglages; puis, pilotes plus confiants jeudi, capables de se rapprocher à moins de deux secondes des 908. Peugeot était plus rapide, mais c'était prévu, et a signé sa 4e pole d'affilée sur le circuit de la Sarthe.

Au Mans, acteurs et spectateurs se souviennent en général de leur première visite. Pour Quesnel comme pour Jean-Marc Gales, le directeur des marques Peugeot et Citroën, chez PSA, c'était en 1969. Les deux hommes ont donc assisté au duel inouï entre la Ford GT40 de Jacky Ickx et la Porsche 917 de Gérard Larrousse, conclu par une victoire du Belge avec 100 m d'avance.

C'est de cette édition 1969 qu'on a le plus parlé cette semaine au Mans, car 250.000 spectateurs s'attendent à une édition 2010 d'anthologie. Et même si Peugeot dispose d'équipages plus homogènes, Audi va défendre chèrement sa peau, notamment celle des vieux briscards Tom Kristensen (8 victoires), Dindo Capello (3) et Allan McNish (2), embarqués dans la N.7, un chiffre fétiche de Tom.

Au delà de ce duel de titans entre Audi et Peugeot, avec Aston Martin comme arbitre, Le Mans 2010 va concerner 165 pilotes embarqués dans 55 voitures. Parmi eux, des anciens de la F1, comme Jean Alesi, Giancarlo Fisichella et Nigel Mansell, et des jeunes pleins de talent, comme Benoît Tréluyer ou David Zollinger. Quelque soit leur âge, et leur résultat, ils seront marqués à vie.