PARIS, (AFP) - Comme Ferrari en F1, Peugeot a dominé outrageusement le Championnat du monde des rallyes et, comme Michael Schumacher, Marcus Gronholm a manifesté un talent et une boulimie de victoire sans égale.

La comparaison entre la Scuderia de Jean Todt, ex-Peugeot, et la division sportive du constructeur français, dirigée par Corrado Provera, s'arrête là.

Cette saison, Ferrari en F1 et Peugeot en rallye étaient nettement au-dessus de la concurrence, sans véritable rival dans la quête de succès, de titres mondiaux dans leur discipline respective. Mais la manière d'atteindre l'objectif était diamétralement opposé.

Si une "politique d'équipe" était de rigueur chez Ferrari, liberté totale était donnée aux pilotes de la "maison bleue" sur les routes du Mondial. Pas question en effet de donner des consignes quand vous disposez dans la même équipe de deux pilotes "champion du monde". Et surtout quand l'un, Marcus Gronholm, voyait d'un mauvais oeil l'arrivée de l'intrus, Richard Burns, qui lui avait succédé au palmarès mondial l'an passé.

Peugeot et le Finlandais n'avaient pas besoin de "politique d'équipe" pour décrocher les titres mondiaux. "Pour mon malheur, Marcus (Gronholm), qui était un peu plus rapide que moi cette saison, disposait d'une 206", avouera le pilote britannique, beau joueur, au soir du rallye de Grande-Bretagne lors d'une fête organisée dans un salon de l'hotel Marriott à Cardiff par l'état-major de Peugeot pour célébrer une "année formidable".


Du bleu au rouge

Si la 206 manifestait une efficacité diabolique, si chaque adversaire s'extasiait devant les performances de la Peugeot, Marcus Gronholm se révélait un pilote époustouflant, ayant atteint une extraordinaire plénitude.

Le Français Gilles Panizzi sur asphalte (trois succès), le Finlandais sur tous les terrains (cinq), huit doublés, Peugeot et Gronholm auraient pu encore faire mieux sans une double disqualification sévère en Argentine. Un succès envolé que le champion du monde n'a pas encore "digéré". Sans elle, il aurait pu égaler le record de six victoires en une saison détenu depuis dix ans par le Français Didier Auriol.

Il avait fallu attendre l'ultime épreuve, le rallye de Grande-Bretagne mi-novembre, un titre depuis longtemps acquis déjà, et un problème de pression hydraulique, pour assister à la première "faute" du géant finlandais. Et l'avènement d'un jeune Norvégien, Petter Solberg (Subaru Impreza), comme quelques semaines plus tôt le succès d'un autre espoir, le Français Sébastien Loeb (Citroën Xsara), en Allemagne. Réussite qui, sans une erreur de logistique, aurait déjà valu une victoire à Loeb dès janvier au Monte-Carlo.

206 arme fatale, Gronholm véritable "robot extraterrestre", la suprématie de Peugeot et du Finlandais, contrairement à Ferrari en Formule 1, n'avait pourtant jamais nui à la discipline. Parce que Peugeot avait su mettre l'esprit sportif en avant, une dose d'élégance en plus, laissant ses pilotes se battre à la régulière.

L'an prochain, Ferrari et Peugeot risquent encore d'effectuer un cavalier seul. Et si la marque au Lion passera au rouge, couleur du partenaire commun (Marlboro), nul doute que la Scuderia devra elle copier l'élégance de Peugeot pour éviter de nuire à une F1 sévèrement malmenée ces derniers mois.