SAN REMO, Italie (AFP) - Peugeot et Citroën ne pouvaient rêver meilleur terrain que le Rallye San Remo, onzième des quatorze épreuves du Championnat du monde, qui ouvre le "mois de l'asphalte" avant la Corse et la Catalogne, pour entamer leur duel au sommet cette fin de semaine sur les routes de la riviera italienne.

A égalité dans la course au titre constructeurs, les "cousins" s'appprêtent à se livrer une bataille sans merci sur leur terrain, cet asphalte que la 206 et la Xsara maîtrisent parfaitement.

"C'est comme si le Championnat commençait, estime d'ailleurs Guy Fréquelin, directeur de Citroën Sport. Nous sommes au coude à coude et arrivons en terrain connu. Je dis que nous n'avons pas le droit de ne pas tout tenter pour gagner le titre constructeurs".

"Contrairement à ce que disent certains, la 206 n'est pas finie. Sinon, Burns et Peugeot ne seraient pas en tête", rétorque Corrado Provera, patron de la maison d'en face.

"Pression supplémentaire"
Si la Xsara a remporté les deux premiers rallyes asphalte de la saison (Monte-Carlo et Allemagne) avec Sébastien Loeb, la 206 reste quant à elle sur trois succès au San Remo avec Gilles Panizzi. Loeb et Panizzi, justement, les deux hommes forts sur ce revêtement, deux pilotes dont l'issue du face à face pourrait faire pencher le titre dans un camp ou dans l'autre.

"Je connais ces routes depuis mon enfance. C'est comme si elles me parlaient", disait Panizzi, au soir de sa troisième victoire consécutive, l'an passé. "Le San Remo ? C'est la course qui, en 2001, a marqué l'envol de ma carrière", admet Loeb.

Animés d'un même objectif, la victoire, les deux Français n'en ont pas moins des motivations différentes. Quittant Peugeot pour Mitsubishi à la fin de la saison, Panizzi aimerait partir sur un exploit, sur une quatrième couronne constructeurs de la marque au Lion. Il en fait une question d'honneur, d'amour-propre.

Au-delà des intérêts de Citroën, Loeb, lui, peut nourrir des ambitions personnelles. Une première saison remarquable et un rallye d'Australie époustouflant font de l'Alsacien un prétendant au titre pilotes. La perspective de trois épreuves sur asphalte le désigne même comme le favori de beaucoup.

"Cela apporte une petite pression supplémentaire. Mais je compte dix points de retard sur Burns, ce n'est donc pas en temporisant que je vais les rattraper", note Sébastien Loeb.

Solberg la menace
Les deux pilotes français se disent prêts à frapper fort, à tout donner. Mais ils ne seront pas seuls. Leurs équipiers en tête, Richard Burns et Marcus Gronholm côté Peugeot, Carlos Sainz et Colin McRae chez Citroën, peuvent venir se mêler la lutte.

Panizzi et Loeb s'attendent aussi à voir la nouvelle Ford Focus et une Subaru "typée asphalte" jouer les trouble-fête. "J'ai toujours espéré que la nouvelle Focus soit bonne sur asphalte mais je dois admettre que j'ai été un peu surpris par sa compétitivité en Allemagne", reconnaît Markko Martin.

Mais peut-être plus que l'Estonien, Petter Solberg (Subaru Impreza) risque de se présenter comme la grande menace pour les Français, pour Peugeot et Citroën. Une victoire en Australie a surmotivé le Norvégien. "Nous sommes de plus en plus proche du sommet du Championnat et octobre va être déterminant avec trois rallyes asphalte au programme. Je suis optimiste", lance Solberg.

Entre ces hommes, ces voitures, le succès tiendra certainement à peu de chose. Sur les routes étroites et sinueuses, la moindre erreur ou un mauvais choix de pneus pourra se payer très cher.

"Nous sommes confiants. Mais attendons dimanche soir pour faire les comptes", prévient Corrado Provera.