MONTRÉAL - Andrew Ranger n'a pas fait les manchettes aussi souvent que Patrick Carpentier et Jacques Villeneuve au Québec cet été. Mais ce n'est pas là un signe que sa carrière a régressé. Au contraire.

Le pilote de 23 ans de Roxton Pond a délaissé cette saison son volant à temps plein en série Canadian Tire, lui qui a remporté le championnat des pilotes de cette division canadienne de NASCAR deux fois au cours des trois dernières années. Mais c'était pour accepter une meilleure offre: celle d'une place régulière en K&N Pro Series East, au sein d'une écurie du Vermont.

La K&N Pro Series est le "club-école" de la série Nationwide, qui s'arrêtera au circuit Gilles-Villeneuve cette fin de semaine.

"Les voitures sont plus grosses (qu'en Canadian Tire), ce sont les mêmes qu'en Nationwide, a indiqué Ranger au cours d'un récent entretien téléphonique avec La Presse Canadienne. Elles ont le même poids. La voiture que je pilote en K&N, je pourrais la piloter en Nationwide. Il suffirait d'apporter quelques petites modifications."

De la même façon que des pilotes de Coupe Sprint passeront à la série Nationwide cette semaine en vue de la course de Montréal, des têtes d'affiche de NASCAR vont à l'occasion faire une saucette en K&N Pro Series. Surtout lors des courses disputées sur circuit routier.

"Kyle Busch est venu l'année passée, a souligné Ranger. Ron Fellows est déjà venu à Sonoma. Ce sont souvent les mêmes propriétaires qu'en Nationwide et Sprint qui sont dans cette série. Alors, selon les exigences des commanditaires, ils vont demander la présence d'un pilote en particulier."

Ranger reconnaît que sa carrière a évolué moins vite qu'il ne l'aurait cru. Lorsqu'il était adolescent, il a vu les Villeneuve, Carpentier et Alexandre Tagliani profiter de la filière Player's pour se propulser assez vite aux plus hauts niveaux de la course automobile. Mais dans les circonstances actuelles, où aucun programme semblable n'existe, le talent ne suffit plus pour se dénicher un volant. Il faut aussi avoir le pouvoir d'attirer les commandites.

Malgré tout, Ranger se dit satisfait d'être en K&N. Selon lui, c'est l'endroit qui permettra à sa carrière de débloquer.

Il se dit aussi heureux de la commandite des concessionnaires Dodge du Québec. Celle-ci lui a permis de renouveler sa participation à la course montréalaise Nationwide, cette année, et de disputer les épreuves Canadian Tire de Saint-Eustache, Toronto et Trois-Rivières plus tôt cet été.

"Je trouve que ça va super bien", a dit Ranger, qui a terminé trois fois parmi les 10 premiers en sept courses en K&N jusqu'ici, signant notamment la victoire le 3 juillet dernier à Lakeville, au Connecticut. "En étant vraiment dans l'univers de NASCAR, en courant aux États-Unis en compagnie de pilotes américains, ça donne une belle visibilité."

"C'est ça qu'Andrew doit faire, a de son côté commenté Carpentier. Pour se rendre (en NASCAR), c'est la meilleure façon de faire."

Selon Carpentier, qui participera lui aussi à la course montréalaise ce week-end, tout comme Villeneuve, Ranger serait déjà capable d'oeuvrer à temps plein en Nationwide. Il a le talent qu'il faut, a-t-il affirmé à La Presse Canadienne. Sauf que Ranger n'a pas encore profité d'une visibilité suffisante pour attirer des commandites d'importance.

"La course automobile, c'est l'argent, a résumé Carpentier. Il faut que tu amènes de l'argent avec toi, ou que tu attires de l'argent. Sauf que lorsque tu commences, comme Andrew, c'est super difficile. Parce que ton nom n'est pas connu, tu n'as pas encore fait tes preuves.

"C'est long monter un pilote. Ce n'est pas une affaire de six mois, c'est une question d'années.

"Il n'y a plus de filière (Player's) comme avant, il n'y a plus de séries de course comme avant, il n'y a plus de commandites disponibles comme avant. C'est très difficile, a par ailleurs noté le vétéran pilote originaire de Joliette. Il faut que tu ailles du côté des États-Unis. Et aux États-Unis, il y en a en maudit des jeunes pilotes qui veulent percer! C'est faisable (pour un Québécois), mais très difficile."

Malgré tout, Ranger ne se décourage pas. Au contraire. Il ne pense plus à l'Europe, ayant décidé de tout miser sur le stock-car américain.

"J'aime bien le monde de NASCAR, a-t-il souligné. J'aime où je suis présentement. Et de pouvoir courir aux États-Unis, c'est ce que j'aime aussi. J'adore ça."