MONTREAL - Deux pilotes québécois qui ont rêvé de carrière internationale vont faire équipe en fin de semaine à... St-Eustache.

Mais Andrew Ranger et Alexandre Tagliani ne donnaient pas du tout l'impression de pilotes frustrés lors de la rencontre de presse qui visait à souligner leur implication dans la programme de charité "Tour du vainqueur" au profit du Réseau Enfants-Santé et à faire la promotion de la deuxième course de la saison de la série NASCAR Canada qui sera disputée à l'Autodrome de St-Eustache samedi soir. Ranger a remporté le championnat de la série à sa première saison l'an dernier.

"J'ai été champion en Formule Renault et je me voyais un jour en Formule 1, a convenu Ranger, qui n'a que 22 ans. Tout le monde me disait d'aller en Europe. C'est facile à dire, mais malheureusement il faut beaucoup d'argent et des commanditaires.

"Je suis passé en Formule Atlantique, où j'ai fini quatrième, puis j'ai fait le saut en Champ Car. Mais encore, malgré l'aide de Tide et de Wal-Mart, je n'avais pas assez de gros commanditaires..."

Ranger, dont le père a fait carrière en stock car, a donc sauté sur l'occasion de faire une saison complète en NASCAR Canada, et il entrevoit l'avenir avec optimisme, visant maintenant d'aboutir un jour dans les séries majeures américaines où se trouve déjà Patrick Carpentier.

Un cas différent

Le cas de Tagliani est différent.

Il a déjà derrière lui une belle carrière en Champ Car, ayant cumulé 14 podiums et remporté une victoire en 2004 sur le circuit Road-America.

Mais il s'est retrouvé parmi les victimes de Champ Car après la fusion avec l'IRL et s'il a gardé ses deux maisons à Las Vegas, il courra cette année au Canada et en stock car.

"J'ai eu beaucoup de plaisir et je me suis vraiment adapté rapidement à la voiture", dit-il au sujet de sa première course à Cayuga, près de Hamilton. Classé 21e, il estime qu'il aurait terminé parmi les cinq premiers n'eût été d'un bris mécanique. Ranger, lui, a fini 17e après avoir subi une crevaison alors qu'il occupait le huitième rang.

Tagliani laisse toutes les portes ouvertes pour la suite de sa carrière.

Il espère que les équipes de l'IRL vont finir par avoir besoin de pilotes de pointe plutôt que de pilotes riches et il rappelle qu'à la seule course de Champ Car cette année, à Long Beach, il s'est qualifié deuxième après s'être présenté là-bas "à froid".

Mais chose certaine, insiste-t-il, il n'est pas question pour lui, à ce stade-ci de sa carrière, de prendre le volant d'une voiture quelconque. Il est aussi un peu inquiet de l'avenir des courses de monoplaces au Canada depuis qu'il n'y a plus aucun pilote canadien.

"Il n'y a pas beaucoup de pays qui ont trois courses, et nous sommes aussi un des pays où il y a le moins de commanditaires. Si ça continue comme ça, j'ai bien peur que Tony George (le patron de la série IRL) va déménager nos courses aux Etats-Unis."

Entre-temps, Tagliani veut consacrer toutes ses énergies à la série de stock car canadienne, très importante pour ses commanditaires. Et il aime ça, insiste-t-il, lui aussi conscient que le stock car prend une place de plus en plus importante.

En Nationwide?

D'autre part, l'agent Alan Labrosse a fait savoir qu'il existait toujours "des possibilités sérieuses" pour Ranger et Tagliani d'obtenir un volant pour la course de la série Nationwide qui sera présentée cet été au Circuit Gilles-Villeneuve.

Quant au "Tour du vainqueur", organisé en collaboration avec Wal-Mart, il débutait mercredi à St-Jérôme et se poursuivra jeudi à Rosemère et vendredi à St-Eustache avant de reprendre dans le cadre d'une grande tournée québécoise en août.

Ranger et Tagliani pourraient être sur place en quelques occasions pour signer des autographes.

Le programme a amassé plus de 700 000 $ depuis son lancement il y a six ans avec la participation de Ranger, qui n'avait alors que 16 ans, et l'objectif cette année est d'atteindre le million de dollars.