MONTRÉAL - Il est toujours périlleux de prédire l'allure d'une course de Formule 1 sur la base des essais libres. Mais à en juger par la deuxième séance d'essais libres du Grand Prix du Canada, disputée vendredi après-midi sur le circuit Gilles-Villeneuve, le moment où les autres écuries réussiront à combler leur retard sur les Red Bull n'est pas encore venu.

Sebastian Vettel et Mark Webber ont en effet réussi les premier et quatrième temps les plus rapides, soit respectivement une minute 16,877 secondes et 1:17,273. Pendant ce temps, les pilotes de McLaren, leurs plus sérieux rivaux, peinaient après avoir connu une bonne séance en matinée.

L'auteur du meilleur chrono de la première séance, Jenson Button, n'a pu faire mieux que le 11e temps lors de la deuxième, à 1,084 seconde du plus rapide. Son coéquipier Lewis Hamilton, qui avait enregistré le troisième temps le matin, a présenté le septième temps par la suite, à 0,645.

Reste qu'on n'est pas à l'abri de surprises, notamment de la part de Ferrari et Mercedes, puisque Fernando Alonso (1:16,963) et Nico Rosberg (1:17,151) ont respectivement réussi les deuxième et troisième temps en après-midi.

L'imprévu est d'autant plus à prévoir que plusieurs pilotes, dont Button, ont éprouvé des problèmes d'adhérence, vendredi, parce que leurs pneus se dégradaient trop rapidement.

"Tout le monde glissait un peu partout, c'était comme du rallycross", a lancé Vettel.

"Au début, c'était comme conduire sur de la glace. Évidemment, il n'y a pas eu de course ici depuis deux ans, la surface a été refaite en partie, alors ça prend du temps avant de se corriger", a ajouté l'Allemand, en faisant allusion au fait que le passage des voitures de course laisse des traces de caoutchouc sur l'asphalte et améliore ainsi l'adhérence.

"C'est un peu mystérieux d'avoir eu moins d'adhérence en après-midi alors qu'il y avait plus de caoutchouc sur la piste, mais on va trouver la réponse", a lancé Button.

"On a eu des problèmes de pneus, mais tout le monde doit composer avec la même situation, a ajouté le champion du monde en titre. Ça va être pas mal intéressant de voir ce qui va se passer pendant la course, à savoir les stratégies que chaque équipe va employer."

"C'est toujours la même chose à Montréal, a affirmé Webber. C'est normal pour ce genre de surface."

Un autre vétéran, Alonso, abondait dans le même sens.

"Il n'y a eu aucune surprise, a déclaré le pilote espagnol qui l'a emporté

à Montréal en 2006. On sait que les conditions de piste vont s'améliorer d'ici dimanche, même si aujourd'hui les pneus avaient tendance à se dégrader."

Alonso s'est également fait rassurant quant à la qualité de l'asphalte, un aspect qui le préoccupait la veille. On sait que par les années passées, la piste était dangereuse parce que des bouts d'asphalte avaient tendance à se détacher.

"On a mis de l'asphalte dans la plupart des coins. Je n'ai pas vu de problème du tout, a indiqué le pilote de l'écurie Ferrari. Le niveau d'adhérence est bon et la surface est moins bosselée qu'avant. De façon générale la piste est en bonne condition. Et je pense que ça va rester ainsi, il n'y avait aucun signe de dégradation."

Attention à McLaren...

Si le doublé de McLaren en Turquie, il y a deux semaines, est avant tout attribuable à un coup de chance - il y a eu la gaffe de Vettel à l'endroit de Webber, on le sait - les Flèches d'argent pourraient menacer les Red Bull à la régulière à Montréal, selon Button et Hamilton, puisque le circuit Gilles-Villeneuve leur sied mieux.

"Ceci est un circuit où l'avantage de Red Bull sera moins prononcé, je crois, a déclaré Hamilton cette semaine. Il y a trois virages où les Red Bull risquent d'être performants à la sortie, mais nous devrions être forts en ligne droite."

"Sur ce type de circuit, les lignes droites sont un élément important, a noté Button. Et il n'y a pas vraiment de virages à haute vitesse, alors il faut être sain aérodynamiquement. Notre voiture devrait bien fonctionner ici, et devrait nous donner des chances de rejoindre les Red Bull."

Pour se donner de meilleures chances de dominer Webber et Vettel, il sera important que les McLaren rivalisent avec les Red Bull en qualifications, selon Button.

"C'est en qualification que nous devons les mettre au défi. Si nous pouvons bien faire, je pense que tout ira bien en course, a-t-il dit. Nous n'avons pas encore battu les Red Bull en qualification, et c'est là qu'on voit la véritable vitesse des voitures sur un tour. Alors il faut reconnaître que les Red Bull sont encore les favorites. Mais nous sommes tout juste derrière."

...Et aux autres

Il ne faut jamais exclure la victoire d'un négligé à Montréal, où les possibilités de dépassement et d'incident sont nombreuses. Et sans doute ne faut-il jamais considérer une écurie comme Ferrari comme négligée, elle qui conserve toujours une formidable capacité de changer le cours des choses, même quand elle connaît un mauvais début de saison.

À noter d'ailleurs qu'outre Alonso, deuxième aux essais de vendredi, Felipe Massa a affiché le cinquième temps, à 0,524 seconde de Vettel.

Il ne faut pas oublier non plus les anciens vainqueurs Michael Schumacher (sept fois) et Robert Kubica (en 2008), seront au volant d'une Mercedes et d'une Renault, respectivement. Tandis que Rosberg, qui a décroché deux podiums en début de saison, pourrait percer à tout moment.

Vettel, d'ailleurs, ne tient rien pour acquis.

"Si on regarde le nombre de pilotes qui sont à portée du premier rang - il y a même Renault qui n'est pas tellement loin avec Robert (Kubica) -, rien n'est assuré. On ne sait jamais, a souligné Vettel. Les choses peuvent changer rapidement. On ne sait pas ce que les autres font pour améliorer leurs voitures.

"Il faut s'assurer de continuer à repousser nos limites, d'améliorer de petites choses ici et là, car il faut aller de plus en plus vite si on veut rester devant. Sinon, ce ne sera pas long que les autres vont nous rattraper."