Un bras de fer se profile entre Ecclestone et Kirch
Course vendredi, 16 févr. 2001. 09:46 jeudi, 12 déc. 2024. 14:40
FRANCFORT (Allemagne), 16 fév (AFP) - Un conflit menaçait d'éclater vendredi autour du contrôle des droits commerciaux lucratifs de la Formule 1 entre Bernie Ecclestone et le groupe de médias allemand Kirch, qui s'est invité cette semaine dans le capital de la société de l'homme d'affaires britannique.
Fort de ses multiples chaînes de télévision, le magnat Leo Kirch va faire irruption dans le monde des Grands Prix de F1 par le biais du gestionnaire allemand de droits audiovisuels EM.TV, avec lequel il a scellé mercredi soir une alliance capitalistique.
Au terme de l'accord, qui n'a pas encore été formellement signé, Kirch doit prendre 16,74% du capital de la société munichoise en difficulté financière, star déchue du Nouveau marché de Francfort, ainsi qu'une minorité de blocage de 25% des droits de vote.
Principal intérêt pour le groupe de médias: EM.TV lui offre un droit de regard important dans la gestion des droits publicitaires et de retransmission télévisuelle des courses de F1.
La société munichoise détenait déjà en effet depuis le printemps dernier 50% de la holding SLEC (Slavica Ecclestone Corporation, Slavica étant le prénom de l'épouse du patron de la F1) de Bernie Ecclestone, qui fait la pluie et le beau temps sur les circuits. Kirch va lui permettre d'en acquérir 25% supplémentaires à la fin du mois en apportant 987 millions de dollars (1,08 milliard d'euros) sur la table grâce à un emprunt bancaire.
La société Speed Limited
Toutefois, l'arrivée de Kirch ne semble guère être du goût de Bernie Ecclestone. A en croire le quotidien allemand Handelsblatt de vendredi, le Britannique a opposé son veto à l'opération, estimant que les statuts de la SLEC ne permettaient pas à une chaîne de télévision de la contrôler. Il s'est dit prêt à tolérer Kirch à condition que l'Allemand reste un actionnaire dormant.
Le groupe Kirch, de son côté, estime que le veto n'a pas lieu d'être. "Nous ne prenons pas le contrôle de la SLEC", a fait valoir vendredi à l'AFP son porte-parole, Hartmut Schutz.
La part totale de 75% appelée à être détenue conjointement par Kirch-EM.TV sera placée dans une société ad hoc, baptisée Speed Limited, selon le porte-parole. A terme, Kirch en détiendra 49%, contre 51% à son partenaire, le patron d'EM.TV, Thomas Haffa, qui, sur le papier au moins restera majoritaire. Au final, le premier devrait donc détenir quelque 36,75% de la SLEC et le second 38,25%.
L'irruption de Kirch embarrasse Ecclestone pour deux raisons. Le groupe allemand est aujourd'hui l'un de ses bons clients en Europe (par le biais de sa chaîne payante Premiere World) et il sera désormais difficile de lui imposer une augmentation de tarif.
Difficile sans Ecclestone
Surtout, le Britannique, et avec lui la Fédération internationale de l'automobile (FIA), redoute qu'à terme les Grands Prix ne soient plus diffusés que sur des chaînes à péage. Kirch pourrait en effet réclamer l'exclusivité des droits pour sa chaîne "pay per view", qui peine à décoller en Allemagne.
Autre problème non résolu: la place des constructeurs automobiles impliqués dans la F1, qui veulent aussi avoir leur mot à dire au sein de la SLEC. Selon les analystes, EM.TV et Kirch pourraient peut-être à terme réduire leur part dans la SLEC au profit des Fiat, Renault, DaimlerChrysler, BMW ou Ford, réunis dans l'association des constructeurs européens et désireux de mieux contrôler les droits TV de la F1.
En tout état de cause, Kirch peut difficilement s'imposer dans la F1 sans l'adoubement de Bernie Ecclestone, qui a l'avantage de posséder une double casquette: il est aussi vice-président de la FIA qui lui a délégué la gestion des droits commerciaux du circuit.
"On ne peut pas aujourd'hui gérer convenablement la F1 si Ecclestone s'y oppose", prévient d'ailleurs Roland Pfaender, analyste de la BHF Bank.
Fort de ses multiples chaînes de télévision, le magnat Leo Kirch va faire irruption dans le monde des Grands Prix de F1 par le biais du gestionnaire allemand de droits audiovisuels EM.TV, avec lequel il a scellé mercredi soir une alliance capitalistique.
Au terme de l'accord, qui n'a pas encore été formellement signé, Kirch doit prendre 16,74% du capital de la société munichoise en difficulté financière, star déchue du Nouveau marché de Francfort, ainsi qu'une minorité de blocage de 25% des droits de vote.
Principal intérêt pour le groupe de médias: EM.TV lui offre un droit de regard important dans la gestion des droits publicitaires et de retransmission télévisuelle des courses de F1.
La société munichoise détenait déjà en effet depuis le printemps dernier 50% de la holding SLEC (Slavica Ecclestone Corporation, Slavica étant le prénom de l'épouse du patron de la F1) de Bernie Ecclestone, qui fait la pluie et le beau temps sur les circuits. Kirch va lui permettre d'en acquérir 25% supplémentaires à la fin du mois en apportant 987 millions de dollars (1,08 milliard d'euros) sur la table grâce à un emprunt bancaire.
La société Speed Limited
Toutefois, l'arrivée de Kirch ne semble guère être du goût de Bernie Ecclestone. A en croire le quotidien allemand Handelsblatt de vendredi, le Britannique a opposé son veto à l'opération, estimant que les statuts de la SLEC ne permettaient pas à une chaîne de télévision de la contrôler. Il s'est dit prêt à tolérer Kirch à condition que l'Allemand reste un actionnaire dormant.
Le groupe Kirch, de son côté, estime que le veto n'a pas lieu d'être. "Nous ne prenons pas le contrôle de la SLEC", a fait valoir vendredi à l'AFP son porte-parole, Hartmut Schutz.
La part totale de 75% appelée à être détenue conjointement par Kirch-EM.TV sera placée dans une société ad hoc, baptisée Speed Limited, selon le porte-parole. A terme, Kirch en détiendra 49%, contre 51% à son partenaire, le patron d'EM.TV, Thomas Haffa, qui, sur le papier au moins restera majoritaire. Au final, le premier devrait donc détenir quelque 36,75% de la SLEC et le second 38,25%.
L'irruption de Kirch embarrasse Ecclestone pour deux raisons. Le groupe allemand est aujourd'hui l'un de ses bons clients en Europe (par le biais de sa chaîne payante Premiere World) et il sera désormais difficile de lui imposer une augmentation de tarif.
Difficile sans Ecclestone
Surtout, le Britannique, et avec lui la Fédération internationale de l'automobile (FIA), redoute qu'à terme les Grands Prix ne soient plus diffusés que sur des chaînes à péage. Kirch pourrait en effet réclamer l'exclusivité des droits pour sa chaîne "pay per view", qui peine à décoller en Allemagne.
Autre problème non résolu: la place des constructeurs automobiles impliqués dans la F1, qui veulent aussi avoir leur mot à dire au sein de la SLEC. Selon les analystes, EM.TV et Kirch pourraient peut-être à terme réduire leur part dans la SLEC au profit des Fiat, Renault, DaimlerChrysler, BMW ou Ford, réunis dans l'association des constructeurs européens et désireux de mieux contrôler les droits TV de la F1.
En tout état de cause, Kirch peut difficilement s'imposer dans la F1 sans l'adoubement de Bernie Ecclestone, qui a l'avantage de posséder une double casquette: il est aussi vice-président de la FIA qui lui a délégué la gestion des droits commerciaux du circuit.
"On ne peut pas aujourd'hui gérer convenablement la F1 si Ecclestone s'y oppose", prévient d'ailleurs Roland Pfaender, analyste de la BHF Bank.