LE MANS - Attendue dans son pays comme la prochaine perle automobile, la vénézuélienne Samin Gomez, qui rêve de F1, est arrivée au Mans en septembre dernier, partageant son temps entre collège et cours spécifiques dans une école qui la forme au pilotage des karts.

Recrutée en juillet 2006 au Costa Rica lors des détections internationales de l'Auto Sport Academy, l'ancienne filière Renault Elf basée au Mans, l'adolescente, championne 2006 de kart dans son pays, a quitté sa ville de Maracaï et fait le voyage avec sa mère, sa soeur et son chien.

Timide et réservée la semaine, l'élève de 3e alterne collège le matin et cours de pilotage l'après-midi, devenant le temps du week-end une pilote accrocheuse et déterminée engagée dans un championnat fermé de karts qui filent à plus de 120 km/heure.

Actuellement 7e à une journée de la fin, elle a déjà fini deux fois à la 2e place et peut toujours rêver d'un podium.

"Je pense que je peux finir première, s'est même avancée un moment la jeune pilote. La F1, ce sera dur, il faudra beaucoup donner, mais c'est ce dont j'ai envie. J'ai pour modèle la vénézuélienne Milka Dunno (en IRL, ndlr). En F1, c'est Räikkönen mon préféré: son pilotage instinctif se rapproche de ceux des Sud-Américains".

Que de chemin elle aurait alors parcouru, elle qui s'est assise pour la première fois derrière un volant à l'age de sept ans.

"Maintenant je sais freiner"

"Je l'ai repérée sans savoir que c'était une fille, à cause de son casque, se souvient Frédéric Champagnac, son formateur. Elle a déjà énormément progressé au niveau psychologique et est devenue plus mature. Elle a un pilotage épuré et sain qui peut lui permettre de devenir pro".

Fille d'une psychologue et d'un ingénieur-militaire qui ont dû vendre une de leurs voitures et des bijoux pour financer la passion de leur fille, Samin Gomez est déjà parrainée par plusieurs ministères vénézuéliens et par l'armée, son père resté au pays étant un proche du président Chavez.

Les résultats venant, elle aurait pu partir en Italie à 11 ans, mais sa mère a estimé qu'elle était alors trop jeune.

"Au Mans, j'aime la sécurité, explique Samin. C'est plus calme qu'au Venezuela. On peut sortir avec les amis, aller à la fête foraine avec les copines. Dans mon pays, dès qu'on est un peu connu il y a des risques d'enlèvement. Mais ce que je préfère, c'est le kart".

Déjà obligée de suivre un emploi du temps démentiel, elle n'a d'autre contact avec son pays natal que les mails des amies et les Arepas, ces galettes typiques à base de maïs que lui prépare sa mère qui l'accompagne en permanence. Fini le kikimball, ce base-ball sud-américain joué avec les pieds, qu'elle pratiquait avant.

Comme unique temps libre, elle doit se contenter de faire des tours de vélo autour de la maison en promenant son chien Burbuja.

"J'ai déjà beaucoup appris, se satisfait Samin, concentrée. J'ai surtout amélioré ma concentration et maintenant je sais freiner. Avant, je n'avais jamais travaillé avec un mécanicien".

"Toute petite, elle voulait déjà faire du kart, se souvient sa mère Odalys. Son grand-père était pilote et à trois ans elle traînait même dans son garage sous sa moto!".