MONT-TREMBLANT (PC) - Jacques Villeneuve est tout à fait conscient que la saison 2003 sera cruciale pour son avenir en Formule 1. A sa dernière année de contrat chez British American Racing (BAR), le pilote de 31 ans deviendra par la suite autonome et, si plusieurs rêvent de le voir aboutir chez Ferrari aux côtés de Michael Schumacher, il convient qu'il n'est pas en position de force pour négocier pour l'instant.

Après quatre saisons de galère au volant d'une voiture sous-performante, l'étoile du champion du monde 1997 a pâli. Il a terminé au 12e rang du classement cette année avec seulement quatre points au compteur. Voilà toute l'importance pour lui de connaître une bonne saison 2003.

"Une mauvaise saison 2003 et je reste à la maison l'année suivante", a d'ailleurs avoué Villeneuve, samedi matin, en conférence de presse, quelques heures avant le coup d'envoi de la deuxième édition du Grand Prix 24 heures de Tremblant, un événement qu'il parraine avec son gérant et ami Craig Pollock et qui vise à recueillir des fonds en faveur de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile.

Il demeure néanmoins serein dans les circonstances, même s'il sait qu'il n'est pas le seul maître de son avenir.

"Tout dépend des offres et des demandes, a-t-il poursuivi, réaliste. S'il n'y a aucune demande, tu ne vaux pas grand-chose. Si tu gagnes des courses, tu va valoir plus. Si tu ne gagnes pas, ta cote n'est pas très élevée. C'est aussi simple que ça."

Pas de figuration

Mais Villeneuve n'en démord pas. Il n'est pas question de demeurer en Formule 1 à titre de figurant.

"Me retrouver en arrière-plan, ça ne m'intéresse pas. En 2004, je veux piloter au sein d'une équipe d'avant-plan, sinon je préfère rester à la maison."

Ce qui ne veut pas dire que Villeneuve n'acceptera rien de moins qu'une offre de Ferrari, de Williams ou de McLaren.

"Je pourrais envisager une équipe qui fait des progrès cette année et que j'estime qui va devenir une équipe battante. Il faut faire preuve de jugement."

Et que pense-t-il d'une cohabitation avec Michael Schumacher chez Ferrari ?

"C'est sûr que ce serait quelque chose de très intéressant de conduire une Ferrari, a-t-il répondu à une question qui lui a d'abord été posée en italien. L'équipe est imbattable présentement. Pour un pilote, c'est une opportunité fantastique, surtout que Ferrari est un nom spécial. C'est une équipe gagnante.

"Mais tant qu'il y aura Michael, il ne me laissera jamais piloter avec lui, c'est clair. Sauf si l'équipe lui dit un jour de se la fermer et de l'accepter. Mais je ne crois pas que cela va arriver."

Attentes élevées

Même si la nouvelle BAR 2003 n'effectuera ses premiers essais en piste qu'en janvier, Villeneuve entretient des objectifs élevés.

"J'ai des attentes pour la saison prochaine. L'an dernier, j'ai dit que je ne m'attendais à rien de précis pour 2002 et tout le monde était un peu vexé de mes commentaires. Cette année par contre, c'est le contraire. J'anticipe de bonnes choses. Les données de la nouvelle voiture obtenues sur les bancs d'essais sont prometteuses."

Mais on a déjà entendu trop souvent ce débordement d'enthousiasme en décembre avant de déchanter en début de saison.

"Par le passé, à chaque fois que nous avions des attentes, c'était comme si on attendait Noël. C'était parce qu'on se basait sur des données inexactes. Cette année, Geoff Willis (l'ingénieur-chef) a réuni un tout nouveau groupe d'ingénieurs et le travail effectué jusqu'ici est vraiment très prometteur. Tout va maintenant dépendre de Honda. Leurs ingénieurs ont travaillé très fort pour alléger le moteur, ce qui devrait nous permettre d'aller plus vite."

Selon lui, Ferrari demeurera toutefois l'équipe dominante du plateau en 2003.

"Ils ont pris une grande avance sur les autres. Et même si l'écart va être réduit en 2003, ce ne sera pas suffisant. Mais au moins, le championnat devrait être plus compétitif, plus excitant."

Réforme positive

Villeneuve a par ailleurs salué les réformes adoptées par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) en vue de relancer l'intérêt pour la F1.

On a notamment modifié le format des qualifications - deux séances au lieu d'une, un seul tour autorisé par voiture et une seule voiture en piste - et l'attribution des points - jusqu'à la 8e position au lieu de la 6e.

"Je pense que ce sont des changements énormes. Si on regarde par le passé, ça prenait six mois pour réfléchir pour savoir si on devait attribuer 10 points au lieu de 9 au vainqueur. Là, ils ont changé tout le système de points.

"Pour les qualifications, personne pensait un jour qu'il y aurait des changements aussi importants. Habituellement, nous avons droit à de petits changements sur les pneus, les ailerons mais jamais sur la réglementation. Tous ces changements vont permettre plus de bagarres."