MONTRÉAL - La dernière fois que Jacques Villeneuve s'était senti en plein contrôle de la situation au volant d'une voiture de course, c'était en 1997. L'année qu'il a raflé le championnat du monde de Formule 1 au volant de Williams.

Le pilote québécois a vécu les mêmes sensations, vendredi en séance de qualification, quand il a décroché la position de tête au volant de la no 22 de l'équipe Penske en vue de la course montréalaise de la série Nationwide qui sera disputée samedi à l'île Notre-Dame.

« Les réflexes reviennent très vite. Ce sont les sensations que j'ai retrouvées tout au long de la journée d'aujourd'hui », a souligné Villeneuve, vendredi, en parlant de ses jours de gloire en F1. « Quand les choses vont bien comme ça, tu peux te détendre et penser rien qu'à bien conduire, au lieu d'essayer de trouver des lutins dans la voiture, ou essayer d'inventer un nouvel ensemble de réglages du jour au lendemain. »

Villeneuve a raflé la pole in extremis aux dépens de son coéquipier chez Penske, Alexandre Tagliani, en réalisant son tour le plus rapide à sa troisième et dernière tentative.

Au volant de la voiture no 12, Tagliani a réussi un temps d'une minute et 41,935 secondes en qualifications, vendredi, avant de voir Villeneuve le déloger du premier rang provisoire grâce à un tour rapide de 1:41,800 sur le tracé de 4,361 km du circuit Gilles-Villeneuve.

Villeneuve a reconnu avoir eu des difficultés mineures avec sa boîte de vitesse à ses deux premiers tours de qualification.

« J'avais besoin de ce troisième tour, même si ce n'est pas l'idéal d'attendre jusque-là », a-t-il lancé.

« Après le premier tour, j'avais l'impression que les qualifs allaient être ruinées, ajouté Villeneuve. Troisième après mon deuxième tour, j'étais persuadé que le troisième tour n'allait rien donner. Mais bon, il faut toujours essayer. J'ai surtout cherché à ne pas faire d'erreur en changeant les rapports, j'ai freiné un peu plus tôt pour vraiment limiter les dégâts à ce niveau-là, et ç'a réussi. »

« Normalement, en qualification, je n'ai pas à réfléchir, a quant à lui commenté Tagliani. Aujourd'hui, à la fin, j'ai réalisé que j'avais fait mes tours sans réfléchir, alors qu'en stock-car, il me faut pourtant réfléchir davantage pour freiner au bon moment et effectuer les bons rapports. C'est plus compliqué que ce à quoi je suis habitué, mais j'avais une bonne voiture. »

Ce doublé québécois a permis de réaliser une première en série nationale de NASCAR. Jamais deux pilotes canadiens n'avaient monopolisé ainsi la première ligne en vue d'une course de la Coupe Sprint, de la série Nationwide ou de camionnettes.

Les deux Québécois prendront le départ devant la voiture no 38 de Jason Leffler et la no 33 de Scott Speed. En troisième ligne, on retrouvera la no 18 de Michael McDowell et la no 77 de Robby Gordon.

Gordon sera l'un des quatre pilotes de Coupe Sprint à disputer la course de série Nationwide, samedi... si l'avion des autres arrive à temps à Montréal.

Si c'est le cas, les autres - Carl Edwards, Marcos Ambrose et Trevor Bayne - partiront en fond de grille parce qu'ils n'étaient pas au volant de leur voiture lors des qualifications, vendredi, puisqu'ils étaient occupés à participer aux essais au Michigan. En cas de retard, ils devront attendre un drapeau jaune avant de prendre la relève de leur substitut respectif sur le circuit Gilles-Villeneuve.

À sa première présence à Montréal au sein d'une voiture de type stock-car, Danica Patrick s'est contentée du 25e chrono, soit 1:44,258, vendredi.

« J'ai commis plusieurs erreurs, j'ai raté la chicane à mon deuxième tour, donc ils ont retiré mon chrono, et - ça peut paraître stupide - mais il y avait tellement d'ombres sur le circuit que j'ai perdu tous mes points de repère, a-t-elle expliqué. J'aurais pu faire mieux. »

À sa dernière qualification avant sa retraite, Patrick Carpentier a réussi le huitième temps et partira de la quatrième ligne au volant de la no 99 de l'équipe Pastrana-Waltrip. Andrew Ranger, au volant de la no 53, a obtenu le 11e temps.

Deux autres pilotes du Québec, Maryeve Dufault et Louis-Philippe Dumoulin, partiront depuis l'arrière. Jean-François Dumoulin n'a pu se qualifier.

JV et Tag optimistes

Évidemment, tant Villeneuve que Tagliani faisaient preuve d'optimisme en vue de l'épreuve de samedi.

« L'équipe Penske excelle vraiment dans les arrêts aux puits, a indiqué Villeneuve. Les freins seront le problème le plus important, mais ce sera le cas pour tout le monde. »

« Il s'agira d'épargner la mécanique le plus possible, et aussi de s'assurer de ne pas faire d'excès de vitesse dans les puits, a noté Tagliani. Ce n'est pas comme en IndyCar, où il y a un petit bouton pour ralentir la cadence de la voiture quand on sort de piste. »

Malgré les belles sensations qu'il a vécues vendredi, Villeneuve a indiqué que conduire une voiture de premier plan n'est pas toujours de tout repos. Parce qu'il s'agit davantage d'une pression « négative », a-t-il décrit. Le fait d'avoir réussi à relever un tel défi, vendredi, « est génial », a-t-il lancé.

« Souvent, quand tu arrives en qualification, tu sais qu'il te manque quelques dixièmes de seconde (pour rejoindre les pilotes de tête) et tu sais que tu peux attaquer, que tu peux prendre des risques, a-t-il dit. Mais quand tu as la voiture la plus rapide (...), tu n'as pas le droit à l'erreur, il faut que tu roules à l'intérieur de tes limites.

« Je préfère quand il t'en manque un peu et qu'il faut vraiment attaquer sans arrière-pensée », a-t-il reconnu.