MONACO - Deux joueurs très expérimentés, les bruns Mark Webber et Fernando Alonso, ont fait sauter la banque dimanche au 70e Grand Prix de Monaco, alors qu'un jeune blond de bonne famille, Nico Rosberg, élevé au pied du célèbre Casino de Monte-Carlo, s'est mêlé à la partie et a beaucoup appris.

Honneur au vainqueur, d'abord, l'Australien de 35 ans a encore raflé la mise, la coupe et la bouteille de champagne, alors qu'il ne gagne pas si souvent en F1 : 8 victoires seulement depuis ses débuts en 2002 chez Minardi, en 183 Grands Prix. Et donc deux à Monaco, sur le circuit préféré des pilotes, celui où leur expérience fait souvent la différence, comme l'a rappelé samedi leur vétéran, Michael Schumacher, après la 69e pole position de sa carrière, à 43 ans.

"Ça fait quand même trois années d'affilée qu'une Red Bull gagne ici, et pourtant cette fois-ci on n'avait pas la meilleure voiture, mais ça a suffi", a résumé le grand Mark, puis il a expliqué ce succès, avec un grand sourire, par la quantité de boissons énergétiques ingurgitées tout le week-end par les hommes de Christian Horner.

Grâce aussi à la 4e place de Sebastian Vettel, parti de la 5e ligne, Red Bull a creusé l'écart en tête du championnat constructeurs. Vettel aussi a joué à la roulette de Monaco. Il a pris un gros risque en faisant l'impasse sur la Q3 de samedi pour partir en pneus tendres et les changer plus tard que les autres. Il a failli gagner son pari.

Lotus et McLaren ont déçu

Autre grand joueur devant l'éternel, Alonso a repris la tête du championnat pilotes, devant Vettel, comme après sa victoire-surprise en Malaisie. Mais alors que le hold-up au casino de Sepang devait une grande part à la chance, les 15 points pris par Fernando à la roulette de Monaco, et la 6e place de Felipe Massa, ne doivent pas grand chose au hasard.

Très bonnes voitures, super départs et stratégies parfaites, la Scuderia a confirmé son redressement. "Si on m'avait dit après Melbourne que je serai en tête après six courses, je ne l'aurais pas cru", a avoué Alonso. Et comme l'Espagnol a les pieds sur terre et un coeur d'or, il a dédié ce podium aux victimes et aux sinistrés du récent tremblement de terre en Italie.

Autre grand bénéficiaire de la partie de poker monégasque, Rosberg, qui vient d'engranger 59 points en quatre courses. Personne n'a fait mieux et sa Mercedes était, ce week-end, "la meilleure voiture du plateau", a dit le fils de Keke, élevé par sa mère en Principauté, qui "prenait le tunnel du circuit pour aller à l'école".

Vainqueur en Chine, Nico a passé un cap. Depuis, il a repris sa progression et peut compter, en plus d'une bonne voiture, sur une équipe de haut niveau, soudée derrière lui et son glorieux aîné, Michael Schumacher, et sur un patron technique de très haute volée, Ross Brawn. Webber a surveillé Rosberg de près pendant toute la course, et il a eu raison.

Au casino de Monte-Carlo, il y a aussi eu des perdants dimanche, notamment les Noir et Or de chez Lotus. Romain Grosjean, parti en 2e ligne, n'a fait qu'une centaine de mètres puis, gêné par Alonso, a tapé dans "Schumi". Kimi Räikkönen a fini 9e au terme d'une longue galère dans le peloton.

Enfin, McLaren a encore déçu, même si Lewis Hamilton, 5e, marque pour la 6e fois en six courses, comme Alonso. Il reste au contact au championnat, 4e à 13 points de l'Espagnol, et en embuscade derrière les deux pilotes Red Bull. Il va gagner bientôt, lui aussi, mais quand?