SARREBRUCK (AP) - Pour son premier Tour de France, l'Espagnol Oscar Freire Gomez (Mapei) n'a pas tardé à honorer son nouveau maillot de champion du monde, grâce à une victoire au sprint, lundi, à Sarrebruck, dans la deuxième étape de la Grande Boucle 2002 marquée par une longue échappée infructueuse de trois hommes impulsée par le Français Sylvain Chavanel.

Au terme des 181 km entre le Luxembourg et l'Allemagne, Freire s'est frayé un chemin le long de la balustrade, comme à Lisbonne en octobre dernier quand il avait revêtu le maillot "arc en ciel", pour devancer cette fois l'Australien Robbie McEwen et Erik Zabel.

Devant son public médusé et déçu, Zabel n'a pu remporter au lendemain de son 32e anniversaire, le sprint qu'il convoitait, et qui lui aurait sans doute permis de revêtir le maillot de leader. Mais les huit secondes de bonification glanées pour sa troisième place à l'arrivée, ont été insuffisantes pour prendre le maillot jaune au Suisse Rubens Bertogliati, leader depuis la veille et son succès acquis à Luxembourg.

Bertogliati (Lampre) qui comptait dix secondes d'avance sur Zabel au classement général le matin, en compte toujours deux, puisqu'il est arrivé confortablement installé au sein d'un peloton écrasé par la canicule. Laurent Jalabert est toujours troisième devant Lance Armstrong, les deux hommes comptant trois secondes de retard sur le Suisse.

"Je n'espérais pas remporter cette étape, car je ne suis pas dans ma meilleure forme. Mais la patience et la chance m'ont servi", a déclaré Oscar Freire, leader de la Mapei, mais longtemps handicapé cette saison par des problèmes lombaires.

"Etre vêtu du maillot vert n'est déjà pas si mal", a remarqué Zabel, dont l'objectif est de ramener pour la septième fois à Paris le maillot du leader du classement par point.

Sacré une première fois champion du monde à Vérone en 1999, Oscar Freire à une nouvelle fois prouvé lundi qu'il est l'un des plus redoutables coureurs sur une journée en coiffant sur la ligne McEwen, recordman de victoires cette saison avec 12 succès. L'Espagnol de 26 ans a notamment déjà obtenu deux succès d'étape dans le Tour d'Espagne.

Rubens Bertogliati a reconnu avoir eu "un peu de chance" lors de ce sprint de Sarrebruck, où il a "bluffé" en produisant un effort à la flamme rouge, comme la veille pour sa victoire.

"Je n'ai pas voulu sprinter mais surtout rester devant pour limiter la chute. Mais j'ai eu de la chance que Zabel finisse troisième et pas premier et deuxième car il aurait pris mon maillot jaune", a-t-il dit.

C'est dès le 10e kilomètre, après le départ du Grand Duché, que Sylvain Chavanel (Bonjour) a lancé la grande offensive du jour, bientôt rejoint par l'autre Français Stéphane Bergès (AG2R) et le Norvégien Thor Hushovd (Crédit Agricole).

Les trois hommes devaient une nouvelle fois sceller à leur façon les accords de Schengen qui avaient fixé en 1985 la suppression des frontières européennes, en s'entendant comme larrons en foire lors de l'entrée dans le petit mais célèbre village allemand, marquant la sortie du Luxembourg.

Ils devaient compter jusqu'à 5:05 minutes d'avance, Chavanel vainqueur du Trophée des Grimpeurs et des Quatre jours de Dunkerque cette saison, devenant alors virtuel maillot jaune. Chavanel croyait alors offrir cette victoire à son directeur sportif Jean-René Bernaudeau, qui fêtait lundi ses 46 ans.

Mais Hushovd, victime de crampes à la jambe droite et de déshydratation sous les 30 degrés ambiants, perdait du terrain sur un parcours vallonné et verdoyant, et après plusieurs arrêts allait même finir dernier de l'étape, à près de 20 minutes de Freire.

Bergès en franchissant en tête la cote de 4e catégorie d'Asweiler-Held ravissait à Christophe Mengin le maillot de meilleur grimpeur.

Mais les deux leaders restants, impuissants face au retour du peloton, se serraient la main pour le travail effectué, avant de capituler après environ 130 kilomètres d'échappée.

L'Allemand Jens Voigt (Crédit Agricole), vainqueur d'étape et maillot jaune du Tour une journée l'an dernier, était le premier à les reprendre à 25 km du but, mais il était lui même absorbé.

Dans le sprint final marqué par la chute spectaculaire mais sans trop de gravité de Damien Nazon (Bonjour), Freire l'emportait. L'Espagnol, franc-tireur qui court pour les Italiens de la Mapei, pouvait savourer son succès, lui qui était venu au vélo pour soigner un pied abîmé petit, et qui y était resté en raison des bons goûters offerts après l'entraînement par le petit club de ses débuts.

"Il n'y a pas de tradition du sprint en Espagne. Mais j'ai déjà gagné sur une journée, notamment les étapes de la Vuelta", a expliqué Freire, dont les compatriotes se font plutôt remarquer en montagne.

Oscar Freire, désormais neuvième du classement général à seulement 11 secondes de Bertogliati, pourra rêver du maillot jaune mardi lors de la 3e étape du Tour, longue de 174,5 km, qui conduira le peloton de Metz à Reims. La tunique de leader est prête à changer d'épaules, puisqu'ils sont 19 à se tenir en 20 secondes, soit le bonus de temps accordé au vainqueur d'étape. Le 19e est le Français David Moncoutié, mais tous les leaders qui le précèdent peuvent eux aussi prendre le commandement, dont Armstrong, le triple tenant du titre, arrivé dans le peloton à la 61e place lundi.