LOS ANGELES - L'Américain Floyd Landis, vainqueur déchu du Tour de France 2006, a reconnu jeudi s'être dopé et a accusé son ancien chef de file, Lance Armstrong, de l'avoir aidé à comprendre l'usage des produits dopants, ce qu'a démenti le septuple gagnant du Tour.

Landis, qui a expliqué vouloir "laver" sa conscience, a indiqué avoir envoyé des emails à des autorités antidopage et des institutions cyclistes, notamment sa fédération et la fédération internationale (UCI), impliquant des dizaines de coureurs et directeurs sportifs.

Armstrong et son directeur sportif Johan Bruyneel, manageur de l'US Postal à l'époque où Landis faisait partie de la formation américaine, sont cités nommément. Tous deux sont à la tête de l'équipe RadioShack, qui participe au Tour de Californie.

"En ce qui concerne les allégations spécifiques, les affirmations spécifiques, elles ne valent même pas la peine de développer, a déclaré Armstrong devant les journalistes. Je ne vais pas gaspiller mon temps ou le vôtre."

"C'est sa parole contre la nôtre et j'apprécie notre parole, notre crédibilité", a ajouté Armstrong avant le départ de la cinquième étape du Tour de Californie.

EPO, hormones, transfusions

Dans un communiqué, l'UCI a rappelé le passé de Landis. "Il a déjà fait de telles accusations par le passé sans avancer aucune preuve, a réagi Pat McQuaid, président de l'UCI, sur la BBC. Je dois me poser des questions sur sa crédibilité."

Landis, qui jusque-là niait tout dopage, a expliqué au site de la chaîne sportive américaine ESPN: "Je veux laver ma conscience, je ne veux plus faire partie de ce problème".

Selon espn.com, Landis a reconnu avoir utilisé de l'EPO, de l'hormone de croissance et des transfusions sanguines, ainsi que des hormones féminines et de l'insuline quand il courait pour la formation américaine US Postal (de 2002 à 2004) et pour l'équipe suisse Phonak (2005 et 2006).

Le site raconte que le coureur, équipier d'Armstrong dans trois de ses sept Tours victorieux (2002 à 2004), avait dépensé jusqu'à 90.000 dollars par an pour des produits dopants et les services de consultants qui l'aidaient à mettre au point un régime d'entraînement.

Si Landis précise qu'il n'a aucune preuve matérielle pour étayer ses accusations, ses emails, dont le Wall Street Journal dit avoir pris connaissance, chargent Bruyneel et Armstrong.

Discussions avec Armstrong

"Lui (Armstrong) et moi avons eu de longues discussions lors de nos sorties d'entraînement pendant lesquelles il m'expliquait l'évolution des tests contre l'EPO qui rendait du coup nécessaire les transfusions (sanguines)", écrit le journal en citant un email.

Les noms de ses anciens coéquipiers Hincapie, Leipheimer et Zabriskie apparaissent également dans les emails.

Landis, 34 ans, a mené une bataille juridique de deux ans pour récupérer la victoire dans le Tour 2006 dont il a été déchu après un contrôle positif (testostérone). En juin 2008, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a finalement donné raison à l'Agence d'arbitrage américaine indépendante (AAA) contre le coureur.

John Fahey, président de l'Agence mondiale antidopage, a indiqué dans un communiqué qu'il allait se rapprocher de l'Agence américaine antidopage (USADA) pour "faire toute la lumière sur les questions soulevées" par Landis.

"De manière générale, l'AMA encourage quiconque dispose d'informations à propos de pratiques interdites dans le sport, y compris des sportifs sanctionnés pour dopage qui ont nié toute tricherie pendant des années, à révéler ces informations aux autorités."

Après sa suspension de deux ans, Landis a recouru en 2009, sous les couleurs de la modeste équipe OUCH, et avec une prothèse de hanche après une opération. Son retour a été un échec. Il a rejoint dernièrement une formation de l'échelon continental (3e division), Bahati Foundation.

L'UCI rejette "catégoriquement" les accusations de Landis

L'Union cycliste internationale (UCI) a balayé jeudi soir les accusations de l'ancien coureur américain Floyd Landis qui mettait en cause son ex-président Hein Verbruggen à propos d'un contrôle antidopage de Lance Armstrong en 2002.

"L'UCI rejette catégoriquement les accusations de M. Floyd Landis, concernant notamment un présumé résultat positif de Lance Armstrong lors du Tour de Suisse 2002 qui aurait été maintenu secret suite à un accord passé entre le coureur américain, son directeur sportif M. Johan Bruyneel et l'ancien président de l'UCI, M. Hein Verbruggen", déclare la fédération internationale dans un communiqué publié en soirée.

"L'UCI tient à préciser que jamais elle n'a modifié ou caché un résultat d'analyse positif", ajoute la fédération internationale en rappelant qu'Armstrong n'a pas participé au Tour de Suisse en 2002.

"L'accusation de M. Floyd Landis, coupable d'une violation du règlement antidopage en 2006, est tout à fait infondée", poursuit l'UCI en se déclarant indignée "devant cette nouvelle tentative de nuire à l'image du cyclisme".

"Depuis longtemps déjà notre sport paie très cher les comportements frauduleux d'individus comme Floyd Landis et nous ne pouvons pas accepter que les principes qui règlent notre travail soient mis en discussion sur le plan de l'éthique et de l'honnêteté par quelqu'un qui n'a pas hésité par contre à les enfreindre", souligne l'UCI.

La fédération internationale s'est dit "profondément choquée par la gravité d'une telle affirmation, qui touche gravement à l'honorabilité de toutes les personnes impliquées dans la lutte contre le dopage" et a annoncé son intention d'entreprendre "toutes les mesures nécessaires pour défendre son honorabilité".

Landis, vainqueur déchu pour dopage du Tour de France 2006, a reconnu jeudi s'être dopé après l'avoir nié depuis quatre ans et a expliqué vouloir "laver" sa conscience. Il a indiqué avoir envoyé des emails à des autorités antidopage et des institutions cyclistes, notamment sa fédération et la fédération internationale (UCI), impliquant d'autres coureurs et des directeurs sportifs, notamment son ancien responsable Johan Bruyneel.