ROME (AFP) - L'Italien Ivan Basso, 105 jours après avoir été écarté du Tour de France cycliste à cause de son implication dans l'affaire Puerto, a été de facto autorisé jeudi à recourir, le Comité national olympique italien (Coni) n'ayant pas, dans l'immédiat, retenu de charge contre lui.

La semaine dernière, le juge espagnol chargé de l'affaire Puerto avait interdit aux autorités sportives d'utiliser les documents inclus dans le dossier de l'enquête, qui avait abouti à l'exclusion de Basso et de plusieurs autres coureurs, parmi lesquels l'Allemand Jan Ullrich, à la veille du départ du Tour.

Ceux-ci sont accusés d'avoir bénéficié d'un réseau de dopage sanguin, organisé par le Dr Eufemiano Fuentes et mis au jour en Espagne au printemps dernier ("opération Puerto").

Mais, selon la presse italienne, le juge aurait notamment estimé que les pièces du dossier qui incriminent les coureurs ne sont pas d'une certitude absolue.

La demande de classement, adressée par le Coni à la Fédération italienne de cyclisme, ne signifie pas pour autant que Basso, 28 ans, soit définitivement lavé de tout soupçon de dopage. Le procureur antidopage Francesco Cosenza s'est ainsi réservé le droit de rouvrir le dossier si des éléments suffisants ou nouveaux apparaissaient.

La résolution du juge

A la mi-septembre, l'Union cycliste internationale (UCI) avait demandé aux fédérations nationales d'attendre pour boucler les différentes procédures disciplinaires. Depuis, la prise de position du juge espagnol a chamboulé la donne.

Par la voix de son porte-parole, l'UCI a qualifié jeudi de "surprenante" la décision du Coni et a insisté sur son aspect "provisoire" compte tenu qu'un appel a été interjeté contre la résolution du juge espagnol d'interdire l'utilisation des documents du dossier.

Basso, qui n'a plus couru depuis sa victoire le 28 mai dans le Giro, pourrait disputer samedi le Tour de Lombardie si son directeur sportif Bjarne Riis, qui l'a suspendu (avec versement du salaire), décide de l'aligner au départ de la dernière grande épreuve de la saison sous le maillot CSC.

"C'est une belle nouvelle, mais je ne sais encore pas si je pourrai courir le Tour de Lombardie. Je vais maintenant en parler avec Bjarne et nous déciderons ensuite", a réagi le coureur, qui, au cours de sa suspension, a toujours dit qu'il s'entraînait quotidiennement.

Absence de preuves

Le président de la Fédération italienne, Renato Di Rocco, s'est quant à lui réjoui d'une décision "méticuleuse et prise en parfaite autonomie", ainsi que du "refus de la démagogie, du respect de la personne et des règles, sans lesquels il n'y a pas de vrai justice".

Entendu à deux reprises par le procureur antidopage, le 29 août puis le 29 septembre, Basso et son avocat ont toujours plaidé l'absence de preuves formelles à son encontre, niant toute forme de dopage.

Basso, tout comme Ullrich, a cependant toujours refusé de se livrer aux tests nécessaires (ADN), par rapport aux poches de sang saisies en Espagne dans le laboratoire du docteur Fuentes.

De tous les coureurs pris dans l'affaire Puerto, qui ont été suspendus conformément au Code d'éthique adopté par les équipes du ProTour, Basso est le premier à obtenir une décision favorable de la part d'une autorité sportive.

Candidat au doublé Giro-Tour, le coureur lombard était le grand favori de la dernière Grande Boucle (3e en 2004 et 2e en 2005).