En 2011, les cyclistes québécois seront plus nombreux que jamais à sillonner les routes aux quatre coins du monde.

Cette saison il seront 11 à faire partie d'équipes classées en division Continental Pro. L'équipe Spidertech - C10, qui monte de division cette année, en comptera neuf : David Boily, Guillaume Boivin, Martin Gilbert, Hugo Houle, Keven Lacombe, Simon Lambert-Lemay, Bruno Langlois, François Parisien et Charly Vives. Dominique Rollin et David Veilleux évolueront respectivement chez les formations françaises FDJ et Europcar, elles aussi dans cette même division.

Spidertech - C10 prend du galon

Membre de l'équipe dirigée par Steve Bauer depuis 2008, François Parisien sait qu'il aura un rôle différent à jouer à l'aube de la nouvelle campagne.

« Avant, mon rôle était d'être un soldat et de me sacrifier. Je n'avais pas la fibre des gagnants et je ne savais pas comment devenir un leader, explique-t-il. Depuis trois ans, on m'a donné cette chance, même si c'était difficile au début de rester tranquille dans le peloton pour ensuite jouer mon rôle en fin de course. J'ai pris beaucoup d'assurance. »

Le champion canadien 2005 ajoute que les dirigeants de l'équipe ont eu une influence déterminante sur la suite de sa carrière. « À l'époque, ils ont sauvé ma saison parce que mon équipe (Symmetrics) avait des problèmes financiers. Et par le fait même, ils ont sauvé ma carrière, car ils m'ont donné la motivation pour vouloir revenir en Europe après ma blessure qui m'avait beaucoup affecté mentalement. J'ai vu qu'ils étaient des gens qui travaillent corps et âme dans cette cause et c'est là que je prends ma confiance », explique le Repentignois.

Révélation de la dernière saison, où il s'est illustré en Europe, en plus d'être monté sur la troisième marche du podium à la course en ligne des Championnats du monde U23, Guillaume Boivin devra ronger son frein en ce début de saison. La raison? Une blessure au genou droit qui tarde à guérir.

« Ce sont des problèmes qui sont récurrents depuis les Championnats du monde, explique-t-il. Ça traîne un peu et je suis au repos depuis trois semaines. J'ai passé un test de résonance magnétique et je devrais avoir les résultats sous peu. J'ai trouvé ça difficile en décembre et janvier, mais j'ai réalisé que je dois régler ça avant de faire quoi que ce soit parce que sinon, je ne serai pas capable de rouler à ma pleine capacité. Mais bon, la saison est longue. »

Hugo Houle, de Sainte-Perpétue, est une des recrues de l'équipe et il compte vivre pleinement sa saison à titre de néo-pro, d'autant plus qu'il vient tout juste de terminer ses études en techniques policières.

« Il ne me reste qu'à faire mon cours à l'école nationale de police, sauf que je vais mettre ça sur la glace afin de poursuivre ma carrière cycliste. Le timing est bon pour moi », explique celui qui était un coéquipier de Boivin et Boily dans l'équipe du Québec qui avait tout raflé sur son passage aux derniers Jeux du Canada.

« David, Guillaume et moi allons viser à travailler en équipe en vue des Championnats du monde U23. Pendant l'année, nous pourrons pratiquer les leadouts et les sprints, alors notre cohésion sera meilleure. Je ne suis pas un sprinter aussi vite que Guillaume, mais je peux être un bon atout pour l'aider. »

Un pied-à-terre en France

La formation canadienne aura son quartier général en banlieue de Toulouse, ce qui est loin de déplaire à Parisien, qui a couru chez les amateurs en France pendant trois saisons. « Plusieurs voulaient aller à Gérone (Espagne), mais les dirigeants ne voulaient pas s'installer là, car toutes les équipes sont là. »

Parisien a également séjourné deux ans à Gérone et il soutient que même si cette ville est faite sur mesure pour les cyclistes de haut niveau, il n'y a pas que de bons côtés.

« Le problème est que lorsque tu te prépares pour une grosse course, tout le monde est au courant. Si tu célèbres une victoire dans un resto ou un bar avec tes coéquipiers, tout le monde le sait, alors il y a beaucoup de ragots. Si nous voulons préparer une course, nous voulons donc le faire dans notre intimité pour surprendre le peloton. »

Deux Québécois chez les Français

Après avoir passé deux ans au sein de la formation Cervélo Test Team, Dominique Rollin a dû se trouver un nouvel employeur après le démantèlement de l'équipe, l'automne dernier, qui a fusionné avec la formation américaine Garmin. Comme le souligne l'athlète de Boucherville, son adaptation à la Française des Jeux s'est faite sans heurt.

« La structure de l'organisation est établie depuis 15 ans, donc tout roule assez bien et il n'y a pas de problèmes de communication comme c'était le cas chez Cervélo. C'est donc un stress de moins. J'ai eu quelques offres et la FDJ était le meilleur endroit pour moi, tant pour le calendrier de courses, que pour la mentalité de l'équipe. »

L'objectif de Rollin cette saison sera clair : l'accent sera mis sur les classiques plutôt que sur le Tour de France, où son équipe a déjà son laissez-passer. « Avec deux ou trois autres coureurs, je fais partie des leaders et avec la forme que je suis en train de démontrer et ma manière de courir, je pense que je vais être un des hommes forts », a commenté Rollin depuis le Qatar, où il participe à sa première épreuve de la saison.

David Veilleux a quant à lui quitté l'équipe américaine Kelly Benefit pour la formation Europcar. De retour du Tour de Langkawi, où il a pris le 68e rang, l'athlète de Cap-Rouge voit la saison 2011 comme une nouvelle étape dans sa carrière, d'autant plus qu'il a mis de côté ses études en génie mécanique afin de rouler à plein temps.

« Cette offre est arrivée au bon moment et j'étais prêt à faire le saut en Europe. Mon premier objectif sera d'apprendre, car ce sera de nouvelles courses pour moi. Ma priorité sera surtout les Classiques belges du printemps. »

Veilleux confirme ce qu'avance Rollin à propos de l'approche des équipes françaises face à l'entraînement : « Tout est bien structuré et organisé et les soigneurs sont toujours présents. Du côté de l'entraînement, ils n'utilisent pas les technologies de mesure du Wattage, par exemple, sauf que je pense avoir trouvé un juste milieu entre les méthodes française et nord-américaine », a-t-il conclu.