AURILLAC, France - L'Espagnol Manuel Beltran (Liquigas) est devenu vendredi le premier coureur contrôlé positif sur le Tour de France 2008, après avoir été détecté positif à l'EPO, une hormone qui prise de façon exogène augmente artificiellement l'oxygénation du sang.

"Ce ne sont pas des traces, c'est de l'EPO. Qu'il y en ait peu ou beaucoup, l'EPO est interdite", a déclaré Pierre Bordry, le président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), en charge des contrôles cette année sur la Grande Boucle.

Beltran a été contrôlé le 5 juillet à l'issue de la première étape de l'épreuve disputée entre Brest et Plumelec.

Le vétéran espagnol de 37 ans a été informé de ce contrôle positif de son échantillon A et averti qu'il peut demander la contre-expertise de l'échantillon B.

Après cette révélation, la gendarmerie a entamé une perquisition vendredi soir à l'hôtel des Voyageurs de la formation Liquigas au Rouget (Cantal) et embarqué le coureur espagnol, a fait savoir Paolo Barbieri, le porte-parole de la Liquigas. Il a été placé en garde à vue et est questionné sur la provenance des produits dopants utilisés.

Barbieri a annoncé que l'équipe italienne a exclu Beltran du Tour de France après ce contrôle positif. L'équipe reste en course. Barbieri a précisé à l'Associated Press que si le deuxième échantillon de Beltran s'avérait positif, l'Espagnol sera licencié.

Beltran pointait vendredi soir en 26e position au classement général à 3:20 minutes du maillot jaune du Luxembourgeois Kim Klirchen, à l'issue de la 7e étape du Tour disputée sur 159 km entre Brioude et Aurillac et remportée par l'Espagnol Luis-Leon Sanchez.

Passé professionnel en 1995, Beltran, a été l'un des principaux coéquipiers de l'Américain Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, à l'US Postal et à la Discovery Channel.

L'AFLD avait précédemment annoncé vendredi qu'une vingtaine de coureurs du Tour de France ont présenté des paramètres élevés dans les analyses de sang effectuées avant le départ de l'épreuve à Brest le 5 juillet dernier.

"Il n'y a pas d'infraction constatée, mais certains chiffres sont proches de la limite. Ils concernent essentiellement le taux hématocrite", avait déclaré à l'AP Philippe Sagot, le secrétaire général adjoint de l'AFLD. Il a été suggéré aux coureurs de remettre leurs résultats au médecin de leur équipe, "en raison de la possibilité d'un risque sanitaire, compte tenu des valeurs de certains paramètres".

"Ses paramètres (de Beltran) étaient anormaux" à Brest lors des contrôles effectués les 3 et 4 juillet, a précisé Pierre Bordry. "Il y avait matière à le cibler, c'est pourquoi il a été contrôlé samedi" lors de la première étape, a-t-il ajouté.

Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale (UCI) s'est déclaré "très en colère" en apprenant cette nouvelle.

"Quand est-ce que ces idiots comprendront que c'est fini?", a déclaré McQuaid à l'Associated Press lors d'une interview téléphonique.

"Ils continuent de croire qu'ils peuvent battre le système. Ils se trompent. Le système les attrape à tous les coups."

McQuaid estime que c'est la "vieille garde" du cyclisme qui continue à avoir la mentalité du dopage. "Cela fait du mal à ce sport", a-t-il ajouté. "Il est difficile de changer une culture d'un claquement de doigts".

Le Tour 2008 s'est élancé de Brest samedi dernier sans le tenant du titre Alberto Contador, vainqueur sous le maillot de la Discovery-Channel, disparue depuis du peloton. L'Espagnol a été pénalisé par la réputation sulfureuse de sa nouvelle formation Astana. L'an dernier, son leader Alexandre Vinokourov avait été exclu du Tour pour dopage sanguin.

La course 2007 avait aussi été marquée par l'exclusion à quelques jours de l'arrivée du maillot jaune, le Danois Michael Rasmussen, pour avoir menti sur ses localisations avant la Grande Boucle et avoir ainsi échappé à des contrôles antidopage inopinés.

En 2006, l'Américain Floyd Landis arrivé en jaune sur les Champs-Elysées, avait ensuite été destitué suite à un contrôle à la testostérone synthétique positif lors d'une étape de montagne.

En 1998, un séisme avait secoué le cyclisme avec l'"affaire Festina", un scandale du dopage organisé. Depuis, le cyclisme est l'objet d'une suspicion permanente.

En 1999, lors de la première de ses sept victoires, Lance Armstrong avait été détecté positif aux corticoïdes, mais il avait échappé à toute sanction après avoir produit rétroactivement un certificat médical de justification.