SAN VINCENZO, Italie - Le verdict de la photo-finish a condamné le champion du monde, l'Italien Paolo Bettini, à la deuxième place de la neuvième étape du Giro, dimanche à San Vincenzo, derrière son compatriote Daniele Bennati.

Bettini a dû se résigner à cette nouvelle place d'honneur, 24 heures après avoir déjà été devancé par Riccardo Ricco à Tivoli. Lui qui voulait tant gagner à domicile, avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules, dans ce qui pourrait être son dernier Giro!

Le Toscan, 34 ans, a fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il a félicité après la ligne Bennati, lui aussi originaire de Toscane mais d'Arezzo, à l'intérieur des terres, et embrassé sa petite famille, venue en voisine.

Le champion olympique a pourtant livré un superbe sprint sur la très longue ligne droite finale (3000 m), une trouée entre la forêt de pins qui borde le littoral de la mer Tyrrhénienne et abrite les stations de vacances.

Si l'Italien Oscar Gatto a tenté d'anticiper, Bennati a vite réagi et a lancé le sprint en adoptant une trajectoire rectiligne qui l'a porté vers les barrières. Seul Bettini, au centre de la chaussée, est parvenu à l'inquiéter.

L'Australien Robbie McEwen (3e), dans la roue de Bettini, n'a pu trouver l'ouverture, pas plus que l'Allemand Erik Zabel (4e), enfermé le long des barrières.

L'avis de "Cipo"

Ce sprint massif, qui a laissé la hiérarchie inchangée au profit du maillot rose Giovanni Visconti, s'est disputé sous les yeux de celui qui fut le maître de la discipline, Mario Cipollini, l'intouchable détenteur du record des étapes dans le Giro (42 victoires). Il a apprécié le succès de Bennati, qui débuta en 2002 dans son équipe en tant qu'élément du "train" chargé de lui emmener le sprint.

"Daniele mérite d'avoir un train", a estimé "Cipo" à propos de son ex-coéquipier qui, à 27 ans, dispute seulement son deuxième Giro et compte désormais deux succès à son palmarès après celui de Milazzo (Sicile), acquis lundi dernier.

Dans cette étape de 218 kilomètres, deux courageux, l'Ukrainien Yuriy Krivtsov, parti à l'avant dès le baisser de drapeau à la sortie de Civitavecchia - la ville portuaire où Stendhal s'ennuyait tant - et le Français Mickaël Buffaz ont conduit une longue échappée jusqu'à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée.

Le peloton a laissé au duo une marge de dix minutes (Km 28) avant de moduler l'écart sur les longues lignes droites de la Via Aurelia, la voie romaine qui longe la côte tyrrhénienne. Bettini, suivi aussitôt par Ricco, a testé ses adversaires dans la dernière petite côte, à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, mais a préféré préserver ses forces.

Seul l'Italien Emanuele Sella a insisté jusqu'aux 10 kilomètres. Vaine tentative. Dans ce Giro, où les sprinteurs sont réduits à la portion congrue, pareille occasion ne pouvait être gâchée avant le long transfert de l'autre côté de la péninsule, à quelque 400 kilomètres, pour la première journée de repos.