COMPIÈGNE, France - Le maillot jaune du Tour de France, le Suisse Fabian Cancellara, a mis un point d'honneur à remporter mardi à Compiègne (nord) la troisième étape, la plus longue de l'épreuve avec 236,5 kilomètres, longtemps parcourue à vitesse réduite.

Pour réussir son coup de force, Cancellara s'est dégagé du peloton dans le dernier kilomètre, au sommet d'un faux-plat, sur le court passage pavé de la place du château de Compiègne où est donné le départ de Paris-Roubaix, course qu'il a gagnée en 2006.

En grand rouleur (champion du monde du contre-la-montre), le Suisse de l'équipe CSC a préservé un court avantage sur les premiers sprinteurs, l'Allemand Erik Zabel, l'Italien Danilo Napolitano et le Belge Tom Boonen qui se sont classés dans cet ordre dans le même temps que le vainqueur.

Dans ce final à suspense, l'échappée de quatre coureurs, les Français Matthieu Ladagnous, Nicolas Vogondy et Stéphane Augé, le Belge Frederik Willems, a été reprise à moins de 500 mètres de la ligne.

Une longue procession

L'étape, bouclée à la moyenne de 35,810 km/h, s'est longtemps résumée à une longue procession dans la plaine du nord de la France, ouverte par l'échappée de Ladagnous et Vogondy à partir du 6e kilomètre.

Le duo a compté jusqu'à 13 minutes d'avance à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), peu après l'entrée sur le territoire français, sur un peloton qui a alors réagi pour réduire l'écart. Conscients d'être contrôlés à distance, les deux échappés ont alors adopté un rythme modéré (94,5 km parcourus en trois heures).

Ladagnous et Vogondy ont été rejoints à 52 kilomètres de l'arrivée par Willems et par Augé, lequel s'est emparé ensuite du maillot de meilleur grimpeur au sommet de la seule côte du parcours.

Le forcing de quatre équipes travaillant pour les sprinteurs (Quick Step, Predictor, Lampre, Crédit Agricole) a permis ensuite au peloton de se rapprocher à 1 min 20 sec, à 10 kilomètres de l'arrivée.

Sous la flamme rouge du dernier kilomètre, Cancellara a choisi d'anticiper le sprint: "Ce n'était pas prémédité. J'ai seulement pensé à être en bonne position avant la flamme rouge. Après le virage, j'ai vu que des coureurs étaient surpris, mal placés. Je suis parti à l'instinct, sans programmer. Après, j'ai seulement regardé une fois derrière".

Le coup du kilomètre

"C'est le plus dur kilomètre de ma vie", a ajouté le vainqueur du prologue de Londres, qui a enlevé pour la première fois de sa carrière une étape en ligne dans la Grande Boucle.

Depuis l'Australien Bradley McGee à Avranches en 2002, aucun coureur n'était parvenu à faire "le coup du kilomètre" dans une arrivée sur le plat de la première semaine du Tour. En d'autres termes s'extirper d'un peloton compact aussi près de la ligne et gagner l'étape.

Par le jeu des bonifications, le sculptural Bernois (26 ans), qui avait chuté sans gravité lundi à l'arrivée à Gand, a porté son avance au classement général à 33 secondes sur l'Allemand Andreas Klöden.

La course a fait le détour par Fontaine-aux-Bois durant cette longue journée qui s'est conclue avec près d'une heure de retard sur le plus mauvais horaire (calculé à 41 km/h). Pour l'occasion, le petit village de Jean-Marie Leblanc (directeur du Tour jusqu'à l'année passée) avait mis ses habits de fête.

Un sprint à grande vitesse

Mercredi, le Tour reste dans la plaine pour sa quatrième étape qui mène de Villers-Cotterêts à Joigny, à l'est de Paris, sur un trajet nord-sud de 193 kilomètres.

Entre les villes de naissance de deux écrivains célèbres, Alexandre Dumas et Marcel Aymé, le parcours ne comporte que quatre petites côtes de quatrième catégorie avant un final sur des routes nationales, très larges, qui s'annoncent défavorables aux échappées.

L'arrivée à Joigny (10.000 habitants), ville-étape inédite, est jugée en léger faux-plat descendant, gage d'un sprint à grande vitesse, au bout d'une ligne droite de 1200 mètres.

Départ de Villers-Cotterêts à 13h00, arrivée à Joigny vers 17h17 (prévision à 45 km/h de moyenne).