MONTRÉAL (Sportcom) - Ces dernières années, le cyclisme sur route a connu son lot de tests antidopage positifs. Le dernier gros nom en lice : Floyd Landis, vainqueur non officiel du Tour de France 2006. « Non officiel », car les organisateurs de la grande boucle n'ont toujours pas déclaré Landis gagnant en attendant la fin des procédures judiciaires présentement en cours.

Pour certains acteurs du milieu, la lutte antidopage n'avance pas assez vite. L'équipe américaine Slipstream Sports/Chipotle, dont fait partie le Repentignois François Parisien a décidé de prendre le taureau par les cornes en mettant sur pied un suivi médical très serré auprès de ses coureurs. En collaboration avec le laboratoire américain Ace, l'équipe recueillera un impressionnant nombre d'échantillons sanguins et urinaires chez ses athlètes afin de détecter les paramètres qui pourraient s'avérer anormaux, donc possiblement liés au dopage.

« Il faut commencer quelque part (dans la lutte antidopage), et je suis tellement fier de pouvoir être un cobaye et dire que j'ai utilisé mon corps pour développer un nouveau système. C'est un compromis qui vaut tout! » a soutenu François Parisien en entrevue à Sportcom, alors qu'il se trouve en Californie.

Au total, on parle de 1400 cueillettes d'échantillon qui seront faites par le laboratoire indépendant pour les 22 membres de la formation. Les moyennes personnelles de chaque coureur seront calculées pour déterminer les niveaux de divers paramètres tels les taux de globules rouges, de l'hormone de croissance, de testostérone, de ferritine, etc. Toutes ses informations seront recoupées avec les données du wattage développé par les athlètes qui sont enregistrées sur le vélo des coureurs, tant à l'entraînement qu'en compétition.

« Pendant un mois et demi, nous avons un test sanguin et un test urinaire tous les trois jours. À partir des échantillons, les chercheurs vont construire une base de données sur chaque athlète », explique le champion canadien sur route en 2005.

« Les tests sont faits tant après de gros entraînements que lors des journées de repos, ce qui permet d'avoir une palette de données différentes selon l'état de fatigue du corps. Si, durant la saison, un coureur présente des fluctuations trop grandes par rapport à sa moyenne, il sera mis à l'arrêt. Il devra ensuite passer cinq tests en une heure. Après deux semaines, il devra passer d'autres tests pour voir si les niveaux ont redescendu. »

Si un coureur présente une fluctuation anormale au cours de la saison, le laboratoire contactera le directeur sportif Jonathan Vaughters qui mettra le coureur à l'arrêt. Si ce n'est pas fait, le laboratoire enverra automatiquement les échantillons du coureur à l'agence américaine antidopage (USADA), qui pourra faire le suivi à savoir s'il y a eu ou non dopage.

« Nous avons signé un contrat qui stipule qu'à la fin de la saison, nos échantillons sont donnés à l'USADA afin qu'ils puissent les étudier et construire leurs bases de données », poursuit le Québécois, qui précise que ce test sera différent de celui des équipes CSC et T-Mobile qui font des tests seulement pour chercher des substances interdites.

« C'est facile de s'en sortir si tu prends de l'epo et qu'il n'y a plus de traces après cinq jours. Avec nous, si tu prends de l'epo, ils vont la trouver. »

Parisien ne s'en cache pas, la mise en place de ce programme aura un impact sur la réputation de son équipe : « À la longue, c'est super bon pour notre commanditaire. Mais c'est aussi super bon pour nous, car on apprend à connaître notre corps encore plus. Et c'est bon pour le cyclisme parce qu'on nous essayons de trouver une nouvelle façon de combattre le dopage. Nous sommes des pionniers pour l'instauration de ce test qui pourrait s'appliquer à d'autres sports. »

Présentement à l'arrêt à cause d'une tendinite au genou gauche, Parisien a tranquillement recommencé à s'entraîner sur un vélo stationnaire, mais il devra faire une croix sur les courses du printemps.