Comment déjouer Froome?
Tour de France mercredi, 26 juin 2013. 11:03 jeudi, 12 déc. 2024. 04:40PORTO-VECCHIO - Du haut de ses 186 centimètres, Chris Froome se présente en (grand) favori du 100e Tour de France qui commence samedi à Porto-Vecchio, tant le Britannique présente peu de points faibles.
« C'est l'archétype du vainqueur du Tour », résume Yvon Sanquer, le responsable de l'équipe Cofidis. La formule est peu ou prou partagée par ses confrères.
Pour gagner la plus importante course de l'année, il convient de réaliser le meilleur compromis entre les qualités de grimpeur et de rouleur, pour la montagne et le contre-la-montre. Deux disciplines qui sont les points forts du « Kényan blanc », même si Froome n'atteint pas le niveau du vainqueur du Tour 2012, son compatriote Bradley Wiggins, dans les chronos.
« Il est plus fort que tous les grimpeurs dans les contre-la-montre », relativise Alain Gallopin (RadioShack). « Son point faible relatif, c'est qu'il fait moins la différence sur les chronos que les précédents champions, et c'est bien d'ailleurs pour le spectacle. »
Dans le contre-la-montre du récent Dauphiné, Froome n'a été devancé que par des purs spécialistes (Martin, Dennis). Au contraire, il a pris du temps à tous ses rivaux pour le classement général. L'exercice lui convient, pour preuve sa médaille de bronze l'an passé aux JO de Londres.
« Ça ne comble pas toutes les lacunes »
Serait-il dès lors invulnérable? Les techniciens cherchent le défaut de la cuirasse. « Disons les descentes, parce qu'il est assez grand et assez haut perché sur son vélo, on sent qu'il est un peu raide », se hasarde Andy Flickinger (Europcar). « Sur le sec, ça va. Mais ça devient plus compliqué s'il y a du monde qui attaque sous la pluie », confirme Yvon Sanquer.
Yvon Ledanois (BMC) préfère pour sa part cacher les cartes. Le directeur sportif de plusieurs adversaires de Froome (Van Garderen, Evans) joue le mystère : « On ne va pas tout dévoiler, ça fait partie de la stratégie. Mais on sait quand il peut avoir un point faible. À nous de saisir l'opportunité quand elle se présentera. » Et de rappeler : « Il n'y a pas un coureur qui soit invulnérable. »
« L'équipe est tellement forte autour de lui que ça comble certaines lacunes, mais ça ne comble pas toutes les lacunes », ajoute-t-il. « Froome n'écrase pas tout le monde dans les chronos. Il se doit de prendre du temps dans la montagne, ça laisse des opportunités à d'autres coureurs. »
Dans sa formation Sky, le favori du Tour n'a plus à compter avec l'éventuelle concurrence interne de Wiggins dont il était le dauphin en juillet dernier lors d'une cohabitation déjà compliquée à gérer. Le Londonien, qui n'a plus couru depuis son abandon du Giro à la mi-mai, a jeté l'éponge.
« Cela aurait pu être un problème », reconnaît Lionel Marie (Orica). « Bradley absent, Froome est tout à fait tranquillisé. Il sera plus fort et l'équipe sera entièrement à son service. »
« Davantage encore que Wiggins, il a le profil d'un vainqueur du Tour », renchérit Yvon Sanquer, avant d'ajouter : « Mais... il lui reste à le gagner ». Le plus difficile.