MORZINE (AFP) - L'Américain Floyd Landis, vainqueur jeudi à Morzine (Alpes françaises) après son terrible passage à vide la veille qui lui avait coûté la perte du maillot jaune, a soulevé un concert de louanges unanimes pour un panache que personne ne lui connaissait.

Bernard Hinault (quintuple vainqueur du Tour de France): "Nous avons découvert quelqu'un, Floyd Landis, doté d'un esprit de guerrier qui n'accepte pas la défaite. Il a montré qu'il était capable de signer de grands numéros et qu'il avait de la moelle alors qu'on le disait plus ou moins attentiste. Il n'a peur de rien. C'est fantastique!"

Richard Virenque (septuple maillot à pois): "C'est vraiment un beau numéro, réalisé avec panache, réussite, force et détermination. Il a signé une démonstration qui va lui permettre de gagner le Tour. A sa façon. On ne peut pas en effet comparer Landis à Armstrong. Ce dernier avait rarement des coups de buis. La seule similitude, c'est qu'un Américain va succéder à un autre".

Bernard Thévenet (double vainqueur du Tour de France): "Floyd Landis m'a fait penser à l'échappée de Luis Ocana à Orcières-Merlette, en 1971. Nous roulions derrière et il trouvait le moyen de nous prendre du temps. Plus de huit minutes à l'arrivée. On a coutume de dire qu'après un coup de fringale, on est très performant. Cela s'est vérifié. Qu'en sera-t-il demain? L'étape vers Mâcon devait être anodine mais maintenant, on ne peut plus jurer de rien car il n'y a pas une équipe pour contrôler la course. Klöden peut fort bien essayer de tout faire péter. Des stratégies?, il y en a autant que d'équipes en lice".

Jean-Marie Leblanc (patron du Tour): "Chapeau très bas! Quand on lisait les journaux mercredi matin, Landis était pratiquement condamné. J'ai beau fouiller dans ma mémoire, je n'ai pas le souvenir d'un tel exploit. Peut-être celui d'Eddy Merckx à Mourenx en 1969. Trois coureurs en trente secondes à trois jours de la fin: c'est fabuleux. C'est un des plus grands exploits du cyclisme de la période moderne. Le succès de l'amour propre. Landis était battu, écrasé, meurtri et en larmes et le voilà à nouveau superbe. Sans doute maillot jaune à Paris."

Jacky Durand (ancien coureur): "Je suis en admiration. De mémoire de ma petite carrière, je n'ai pas souvenir d'un tel exploit. Le Chiappucci de Sestrières, en 1992, s'en rapproche. J'estimais ce matin que l'attaque de Landis était suicidaire; il m'a bluffé jusqu'au bout. Je pensais qu'il terminerai avec une minute et voyez... Fini maintenant les cadeaux. Caisse d'Epargne doit contrôler. CSC aussi Phonak bien entendu. La course est cadenassée."

Gilbert Duclos-Lassalle (ancien coureur): "Le public va adorer Landis. Cela fait tellement longtemps qu'il n'a pas vu un tel numéro. Plus flamboyant que celui d'un Armstrong. Mais, le contexte est différent. Du temps du Texan, tout le monde courait pour la 2e et la 3e place. Là, chacun s'est dit: on peut gagner. Pereiro n'a pas perdu mais ce sera dur".

Raymond Poulidor (44 tours de France): "C'est la marque d'un très grand champion. Signer, pratiquement seul, à 37 kilomètres de moyenne, un tel exploit ne trompe pas. Le moral qu'il doit avoir maintenant! Mais, méfiance, jeudi, l'étape sera très difficile car vallonnée. Qui va contrôler? Depuis le début, cela attaque de toutes parts. Un type à sept ou huit minutes échappé peut fort bien gagner le Tour".

Yves Hézard (ancien coureur et directeur sportif): "C'est du super Merckx et du super Hinault à la fois. Landis possède le mental et la force. Il est entré parmi les grands sans avoir encore gagné le Tour. Mais, à l'analyse de cet exploit, on peut penser qu'il est capable d'en remporter trois. Dommage qu'il n'ait pas d'équipe".

Daniel Mangeas (speaker du Tour): "On a découvert le vrai Landis. Hormis 1989 quand le maillot jaune avait virevolté avec le duel LeMond-Fignon, jamais Tour n'a été aussi spectaculaire et riche en émotions. Au départ de Saint-Jean-de-Maurienne, j'ai vu arriver un mec souriant, digne dans la défaite. Plus détendu que pouvait l'être Armstrong. Voilà le sceau de la grande classe".