Bergame (Italie) - Alberto Contador défie samedi le nouveau champion du monde, le Belge Philippe Gilbert, dans le Tour de Lombardie, la grande classique italienne qu'aucun Espagnol n'a encore gagné.

Six jours après le Mondial, la classique des feuilles mortes, qui fête sa 106e édition, propose une opportunité, à défaut de revanche. Avec, pour Gilbert, la possibilité de réussir au terme des 251 kilomètres reliant Bergame à Lecco un exploit qu'aucun Belge n'a encore réalisé, pas même Eddy Merckx.

Deux fois vainqueur en 2009 et 2010, quand la course arrivait à Côme, à l'une des autres extrémités du lac, le Wallon est en mesure de réaliser le « triplé » après la parenthèse provoquée par Oliver Zaugg, vainqueur surprise l'an passé à Lecco. Le Suisse avait alors enlevé l'unique succès de sa carrière !

Le parcours joue seulement en partie en sa faveur. Les ascensions sont pentues, pour preuves le Valcava (un col de 9,6 km à 9 %) et le mur de Sormano, une montée très sévère de 1920 mètres à près de 16 % de moyenne, éloignée toutefois de l'arrivée. Le sommet du Ghisallo, dont les cloches de la chapelle sonnent à toute volée au passage des coureurs, est lui aussi situé à distance, à près de 50 kilomètres de l'arrivée.

Les hommes forts sont donc partagés entre l'envie de provoquer la sélection, à la façon de l'Italien Vincenzo Nibali lancé l'an passé dans une offensive de grand style mais au dénouement décevant, et la logique d'attendre. Car la partie suivante favorise un regroupement avant le dernier obstacle (Vergano, 3,2 km à 7,6 %) situé à 9,5 kilomètres de la ligne.

Hommage à Gimondi

Dès lors, la tactique et aussi le jeu d'équipe risquent de s'avérer déterminants, voire favoriser un coureur moins attendu que les deux favoris logiques, Gilbert et Contador, les deux hommes les plus en vue du Mondial néerlandais de Valkenburg.

Brillant mercredi dans Milan-Turin, son premier succès dans une course en ligne d'un jour, Contador a pris soin de reconnaître le mur de Sormano, que la course n'a plus emprunté depuis un demi-siècle. « Une montée très dure, puis une descente sélective. Il y aura un groupe de 10-15 coureurs et, pour les autres, la course sera déjà finie », a-t-il déclaré au journal organisateur La Gazzetta dello Sport.

Sur sa roue, le « Pistolero » retrouvera deux de ses compatriotes, Alejandro Valverde et Joaquim Rodriguez, ses adversaires de la Vuelta transformés dimanche dernier en coéquipiers d'un jour.

Le camp italien, qui se désespère de renouer avec la victoire dans les grandes courses d'un jour, mise sur Nibali et son coéquipier, le néo-pro Moreno Moser, s'il parvient à tenir la distance.

Ainsi que Damiano Cunego, trois fois vainqueur déjà de la course qui reste l'un des cinq monuments du cyclisme (avec Milan-Sanremo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège), et son lieutenant Diego Ulissi.

À la peine dans les Championnats du monde (aucun représentant dans les 12 premiers, tout comme en 2011), le cyclisme italien cède à la nostalgie. En démarrant de Bergame, le Tour de Lombardie honore à domicile son double lauréat Felice Gimondi qui fête son 70e anniversaire. Un champion légendaire et l'un des cinq coureurs de l'histoire à avoir enlevé les trois grands tours (France, Italie, Espagne). Avec Anquetil, Merckx, Hinault et... Contador.