PARIS – Peter Sagan dans une équipe française : à 31 ans, la rock-star du peloton courra pendant deux ans sous les couleurs de TotalEnergies, l'équipe de Jean-René Bernaudeau qui change d'orientation après avoir misé sur la formation.

« C’est sans doute le coureur le plus populaire au monde, c’est un talent exceptionnel, il nous fait changer de dimension », s'est félicité Jean-René Bernaudeau en officialisant la rumeur qui s'était renforcée avec l'annonce par l'équipe Bora, la semaine passée, du départ du Slovaque fin 2021.

Avec la venue de Sagan, qui sera accompagné par deux rouleurs d'expérience, l'Italien Daniel Oss (34 ans) et le Polonais Maciej Bodnar (36 ans), le groupe vendéen se dote du meneur emblématique qu'elle cherchait depuis la fin de carrière de Thomas Voeckler en 2017.

Symbole de cette marche supplémentaire pour une équipe qui évolue en Continental Pro (2e division), Bernaudeau récupère un équipementier convoité, le constructeur américain Specialized, associé de longue date avec Sagan.

« Ce recrutement est avant tout le marqueur d'une ambition sportive », a estimé le patron de l'équipe française, aux résultats en baisse ces dernières saisons malgré les performances d'Anthony Turgis et la venue d'un ex-vainqueur de Paris-Roubaix, le Néerlandais Niki Tersptra, peu en veine sous ses nouvelles couleurs.

Un changement d'identité pour l'équipe

Avec 118 victoires dont quatre pour la saison en cours, et surtout trois titres de champion du monde à son palmarès (2015 à 2017) ainsi que sept maillots verts du Tour de France (entre 2012 et 2019), Sagan est évidemment l'un des coureurs les plus en vue du peloton. Même si sa dernière victoire dans un « monument » date de Paris-Roubaix 2018.

Bernaudeau a expliqué son choix de transformer l'identité de son groupe jusque-là axée sur la formation et le développement par le biais de Vendée U, l'équipe-réservoir : « Ce que fait aujourd’hui TotalEnergies pour se transformer, dans son secteur de l’énergie, c’est, dans le monde du vélo, ce que je veux faire. »

« Pour rester attractif, il faut être toujours en avance sur la technologie, sur la gestion des hommes, sur l’introduction d’une dose de fun et d’émotion », a ajouté Bernaudeau. Il avait lancé son équipe professionnelle au tout début des années 2000, en réaction au séisme de l'affaire de dopage Festina.

Reste que dans l'histoire récente des équipes françaises, les recrutements de stars étrangères trentenaires ont rarement été concluants.

Sans remonter à l'Espagnol Joseba Beloki qui n'était resté que quelques mois dans la formation de Bernaudeau de l'époque (2004), l'Allemand André Greipel et le Colombien Nairo Quintana ont peiné ces dernières années, dans l'équipe Arkea-Samsic, à justifier leur statut passé.