Le Giro s'est offert une festa italienne, jeudi, à San Giovanni Rotondo (sud-est), avec la 6e étape pour Fausto Masnada et le maillot rose pour Valerio Conti.

La hiérarchie de la course a été chamboulée -provisoirement- après cette longue étape de 238 kilomètres, la plus méridionale de l'épreuve. Le Slovène Primoz Roglic, qui portait le maillot rose, a laissé faire pour le plus grand bonheur de Conti, le premier Italien à endosser la tenue de leader depuis Vincenzo Nibali à la fin du Giro 2016.

« Une journée merveilleuse ! Une émotion unique, fantastique ! », s'est exclamé Conti, un Romain de 26 ans, qui se retrouve nanti d'une avance supérieure à cinq minutes sur les favoris du Giro. De quoi voir venir, au moins jusqu'au contre-la-montre de Saint-Marin dimanche, sans doute jusqu'à l'arrivée en altitude jeudi ou vendredi prochain.

Jose Rojas a terminé troisième, à 38 secondes de Masnada, tandis que le Montréalais Guillaume Boivin s'illustrait avec une 13e place, à 7:17. Boivin, qui évolue pour l'équipe Israel Cycling Academy, est 144e.

Au classement provisoire, Conti (UAE Emirates) précède désormais de 1 min 41 sec Giovanni Carboni, un Italien de 23 ans néophyte du Giro, et de 2 min 09 sec le Français Nans Peters. Roglic, premier des candidats à la victoire finale, a reculé à la 11e place du classement, à 5 min 24 sec.

Le Slovène, dont l'équipe Jumbo tenait à se dispenser de contrôler la course après cinq journées en rose, a chuté en début d'étape, avec d'autres coureurs (Majka, Zakarin). Cuissard droit déchiré sur la fesse droite, il a laissé ses équipiers contrôler l'échappée, longtemps à 5 minutes, avant de lâcher un peu plus la bride dans le final.

 Le point d'orgue de Masnada

Pour le gain de l'étape, Masnada et Conti se sont dégagés dans la seule ascension du jour d'une pente modérée, pour grimper sur le plateau aride du Gargano, à l'entrée des 30 derniers kilomètres. Le duo, qui avait intérêt à collaborer, a précédé d'une poignée de secondes les premiers poursuivants.

A 25 ans, Masnada a enlevé le succès le plus important de sa jeune carrière. Il a mis un point d'orgue à un printemps euphorique qui l'a vu rivaliser dans l'Etna au Tour de Sicile (2e) puis gagner deux étapes du Tour des Alpes, dans le nord de la péninsule.

Le grimpeur italien a signé le premier succès dans le Giro, depuis 2012, pour la formation de Gianni Savio (Androni), l'un des personnages haut en couleurs du cyclisme italien.

Dirigeant d'équipe depuis les années 1980, malgré un budget modeste, Savio a donné leur première chance européenne à nombre de coureurs sud-américains. Entre autres, le Vénézuélien Leonardo Sierra, les Colombiens Nelson "Cacaito" Rodriguez et, plus récemment, Egan Bernal. Une petite équipe ? "Non, c'est la première de toute l'histoire du cyclisme à s'être imposée sur tous les continents", a-t-il souligné au mensuel Vélo Magazine dans le numéro de mai.

Vendredi, le Tour d'Italie entame sa remontée vers le nord dans la 7e étape menant sur 185 kilomètres de Vasto, sur les bords de l'Adriatique, à L'Aquila.

La route grimpe pour rejoindre les hauteurs des Abruzzes, dans une région encore marquée par le tremblement de terre de 2009 qui causa 309 décès. Le final, accidenté, se termine par un dernier kilomètre pentu (7 %) en cœur de ville.