ROANNE (AFP) - L'Américain Levi Leipheimer (Gerolsteiner) a posé des jalons en vue de la victoire dans le 57e Critérium du Dauphiné Libéré, comptant pour le ProTour cycliste, après la 3e étape, un contre-la-montre de 47 kilomètres autour de Roanne (centre) disputé mercredi.

Le destin semble désormais irrémédiablement forcé si l'on en croit le mot du seigneur, Lance Armstrong, la ligne d'arrivée passée, sous le soleil, avec un 3e temps. "Non, je ne peux plus l'emporter: Levi Leipheimer est maintenant le grand favori...".

Pourtant, le courtois Leipheimer n'a pas pu s'imposer, laissant l'ancien champion du monde de la spécialité, le Colombien Santiago Botero, transformé depuis son passage chez Phonak, brandir le bouquet pour une seconde d'avance (72/100). A 26 secondes, Armstrong, 3e, a du également
s'avouer vaincu.

Plus rapide en action, Leipheimer a en effet faibli sur la fin d'un exigeant parcours piqueté de la côte de Paimpillod (3e catégorie), à 601 mètres avec un pourcentage à six sur 3,5km, et un vent de face, pour laisser le succès au récent vainqueur du Tour de Romandie.

Santiago Botero (32 ans) s'est ainsi envolé à la moyenne
de 46,915 km/h en confirmant son retour au premier plan, après deux années de pépins de santé, dont une septicémie la saison dernière.

Sans stress

Sous son maillot vert - qu'il s'est bien gardé de porter lors de ses sorties d'entraînement chez lui de peur d'être kidnappé -, le pieu Botero a paru transfiguré. Un régime draconien a porté ses fruits, faisant de l'ex vedette de la Kelme et de T-Mobile, l'un des hommes les plus affûtés du peloton.

"Je me sens meilleur qu'en 2002 où j'avais d'ailleurs devancé Armstrong sur le chrono, confiait-il. Je me trouve plus constant et plus complet que par le passé, spécialement en montagne".

Deuxième du général, à 12 secondes, devant Armstrong, 3e à 30 secondes, Santiago Botero n'envisage pas, non plus, de pouvoir inscrire son nom au palmarès de l'épreuve de Thierry Cazeneuve, dimanche, à Sallanches.

L'Américain Floyd Landis, 4e à 42 secondes, juste devant son compatriote George Hincapie (5e à 1 minute 09), ou le Kazakh Alexandre Vinokourov, 6e à 1 minute 12, seraient-ils, eux aussi, résignés?

La perspective de la 4e étape, Tournon-Le Mont Ventoux (182km), jeudi, incite vraisemblablement les uns et les autres à un surcroît de prudence. Escalader le Ventoux (1909m) constitue toujours un exercice délicat. A preuve, les craintes de Lance Armstrong au départ. "J'y ai déjà connu une désillusion sur ses pentes, observait-il. Mon sentiment sur le Ventoux est mêlé de respect et de peur. Je verrai bien, mais c'est une étape spéciale".

Il ne faut pas compter sur le maillot or et bleu pour contredire le Texan. "Le Ventoux est le mont le plus difficile d'Europe, tranche Levi Leipheimer. Mais, je le grimperai sans stress. Sur ce Dauphiné, j'ai décidé de prendre les étapes au jour le jour. Je n'ai pas pour objectif de vaincre mais, si l'occasion se présente, je la saisirai".