PARIS - Intouchable en montagne et dominant en contre-la-montre, Alberto Contador a remporté avec panache son deuxième Tour de France, dimanche, au terme de la 21e et dernière étape, achevée en apothéose sur les Champs-Elysées par un sixième sprint victorieux du Britannique Mark Cavendish.

La nette domination de l'Espagnol de 26 ans, déjà vainqueur de l'épreuve en 2007, s'est traduite par une avance de plus de quatre minutes sur son dauphin, le filiforme Luxembourgeois Andy Schleck deuxième, vainqueur du maillot blanc du meilleur jeune, ce qui laisse entrevoir un immense avenir pour le leader de la Saxo Bank.

Mais pour Contador, son principal rival a sans aucun doute été Lance Armstrong, son coéquipier dans l'équipe Astana, finalement troisième du classement général.

"Le plus difficile, c'était à l'hôtel, a avoué Contador sur les ondes de France-2, laissant imaginer la lourde atmosphère régnant dans la formation kazakhe lors des trois semaines de course. Je suis très heureux d'avoir gagné ce Tour, qui a été particulièrement difficile".

Armstrong, de retour après trois ans et demi de retraite, n'était pas venu seulement pour promouvoir la lutte contre le cancer, à travers sa fondation Livestrong. Le Texan de 37 ans s'est posé en leader d'Astana, en première semaine de course, et il a fallu une riposte de Contador dans la montée vers Arcalis (Andorre), lors de la première étape de montagne, pour remettre les pendules à l'heure.

L'Espagnol a confirmé ses intentions en survolant les Alpes. Son succès sur les hauteurs de Verbier, consolidé par son impressionnant numéro au contre-la-montre individuel de 40,5 km, à Annecy, a fait céder les dernières résistances.

Contador figure depuis 2008 parmi les cinq coureurs dans l'histoire du cyclisme vainqueurs de la trilogie des grands Tours, ayant aussi accroché à son palmarès la Vuelta et le Giro.

Contador l'a emporté avec 4:11 minutes d'avance sur Andy Schleck, et 5:24 sur Lance Armstrong.

Avec l'Allemand Andreas Kloeden sixième (à 6:42) derrière le Britannique Bradley Wiggins et Frank Schleck, le frère d'Andy, Astana a placé trois coureurs dans les six premiers, confirmant ainsi sa victoire dans le contre-la-montre par équipes de Montpellier.

Armstrong a sportivement reconnu la supériorité de l'Espagnol après lui avoir donné beaucoup de fil à retordre sur la route, et l'avoir souvent ignoré lors de la vie en commun.

"Je pense que sa performance cette année est meilleure que les miennes en 2001, 2004 et 2005", a déclaré l'Américain, vainqueur de la Grande Boucle de 1999 et 2005, mais poursuivi depuis de longues années par de tenaces soupçons de dopage.

Champion du monde sur route en 1993 puis frappé par le cancer en 1996, Armstrong n'exclut pas de pouvoir prendre sa revanche sur Contador.

"Mon niveau sera un peu meilleur l'an prochain, a prévenu Armstrong qui sera alors leader d'une nouvelle équipe américaine parrainée par RadioShack. S'il a le même niveau que cette année, il sera difficile à battre".

Mais il est clair que l'Américain a entamé la plus difficile des courses contre la montre, celle contre le temps qui passe.

"Ces accélérations soudaines, et ces ascensions avec un tempo très élevé, je ne les retrouverai sans doute plus jamais", a reconnu Armstrong questionné samedi soir à son hôtel d'Avignon.

Alors que Contador restait dans le peloton pour éviter la chute, Cavendish (Columbia-High Road) a devancé au sprint sur les Champs-Elysées son coéquipier australien Mark Renshaw et l'Américain Tyler Farrar.

Sixième de l'étape, le Norvégien Thor Hushovd (Cervelo) repart avec le maillot vert du classement par point. L'Italien Franco Pellizotti (Liquigas) a été sacré meilleur grimpeur du Tour. Le meilleur Français Christophe Le Mevel (Française des Jeux) finit 10e à 14:25 minutes de Contador.

L'Espagnol, contraint à une opération du cerveau en 2004 après la découverte d'un cavernome congénital, privé de Tour en 2008 en raison de problèmes de dopage chez Astana, est encore sous contrat un an avec la formation kazakhe.